Leçon de drague pour timides
Jean Claude Blanc
Leçon de drague pour timide
La drague, c'est un rituel, qui demande du doigté
Plupart des hommes ignorent, comment la pratiquer
Bander tes muscles tatoués, crâneur invétéré
C'est pas comme ça, mon gars, qu'on tente les filles zélées
Fouillant sur internet, suis resté médusé
On nous offre la recette, pour plaire aux pépées
Bien sûr les plus calées, qu'en ont dans le cerveau
Dès lors, petit bonhomme, faut mettre la barre très haut
Moi-même malabar, brandissant mon savoir
J'ai appris ma leçon, pour pas les décevoir
Ces minettes qui me charment, attendent de moi, ma part
D'affection, de tendresse, et de courtoisie rare
Comment séduire une femme, plutôt une Madame
Tirée à 4 épingles, se trémoussant, se pâme
Pas une de ces morues, qui sur le cul s'acharnent
Une belle demoiselle, aux yeux mouillés de larmes
D'abord la vouvoyer pour pas l'effaroucher
Attendre d'elle un sourire, pour votre crédulité
Féliciter son style, modeste, pour sa beauté
Même l'encourager, encore mieux se saper
Surtout pas trop parler, tout délivrer d'un coup
Evoquer simplement, vos épreuves, vos à coups
Du genre, je résiste, même si j'en ai bavé
Féminine sensible, vite fait de deviner
Ce qui ravage le cœur, le fond de vos pensées
Laisser venir la belle, en plaignant ses déboires
Buvard de ses paroles, une sorte de miroir
Parcourir de vos yeux, pourtour de son visage
La regarder en face, en philosophe sage
A elle de découvrir, vos qualités cachées
Feignant la modestie, pour votre triste passé
Mais ne faut pas flancher, surtout pas pleurnicher
Montrer que vous êtes d'attaque, braver l'adversité
Jamais être pressé, de lui conter fleurette
Pas foncer bille en tête, comme une simple conquête
La sirène ci-devant, savez, elle n'est pas bête
A elle les premiers pas, pour une douce amourette
Au premier rendez-vous, se montrer réservé
Feindre la timidité, du mec un peu coincé
Pas pousser à l'extrême, bouder ses attributs
Sinon sauvage gazelle, vous en met plein la vue
L'inviter boire un coup, dans un pub tranquille
L'air de rien au passage, échanger vos adresses
Internet, portable, avec goût et finesse
Jouer l'artiste bobo, sauveur déjà intime
Surtout ne pas céder, aux rites convenus
Garder par-devers vous, vos propres points de vue
Mais ne pas s'entêter, d'imposer vos idées
Faire semblant de piger, qu'elle sait aussi vamper
Le temps ne compte pas, pour faire du sentiment
Séduire une sirène exige de l'habileté
Pas à pas, patiemment, comme par enchantement
A force de se connaitre, s'impose la vérité
Jouer les intellos, pas très recommandé
Mystérieusement confier, ses passions pour l'abstrait
En fait l'ensorceler, par votre génie inné
Quel mérite pour vous, de la considérer
Toujours laisser de côté, les actualités
Météo et football, et les séries télé
Passeriez pour un blaireau, franchouillard abonné
Aux commérages mortels, aux boules et au tiercé
Le rire est primordial, pour plaire aux bonnes amies
Rajouter du piment, un zeste d'ironie
Se moquer de soi-même, utile pour l'ingénier
Elle vous admirera, pour votre libre pensée
Tenue vestimentaire, ne jamais trop en faire
Jean, basket, col roulé, le péquin ordinaire
Vos trésors sont cachés, elle le sait la bougresse
N'est pas intéressée, par ce qui a sur vos fesses
Au fil du temps, lentement, livrer, votre conscience
Votre amour pour les gosses, flatter l'intelligence
Elle-même la distinguer, comme épouse idéale
Que vous cherchiez en vain, pourtant mec génial
Suivez votre chemin, sans jamais bifurquer
Ne pas la faire douter, sinon vous êtes ruinés
Les humaines ménagères, aiment la stabilité
Elles l'ont acquise gamine, futures mères au foyer
Leçon de drague subtile, pour jeune homme sérieux
Pas donné à tout le monde, de faire de l'esprit
Les femmes aiment les durs, apparences trompeuses
De s'envoyer en l'air, une seule nuit suffit
Préfèrent les rêveurs, les fines malicieuses
Timides, empruntés, vous serez des seigneurs JC Blanc mars 2015 (clin d'œil à Houellebecq)