Leçon de vie

Fanny Finet

quand la vérité sort de la bouche des enfants...

« Il faut que tu apprennes tes peurs. » Carla, cinq ans, m'apprend la vie. Jour après jour, j'assiste à une naissance, ou plutôt à une renaissance. Cette enfant, dont je rêverais d'être la mère, me pointe du doigt les surprises et les incohérences de l'existence. C'est vrai, ma chérie, je n'ai pas fait exprès de casser ce bol. Ce sont des choses qui arrivent. « C'est pas grave ». Tu as raison, Carla. Merci. Mais ça, je ne lui dit jamais, « merci », je souris simplement. Je préserve son innocence. Ne pas lui dire que la vie n'est pas aussi simple qu'elle l'imagine. C'est la différence majeure entre l'enfance et l'âge adulte. Dure réalité. C'est comme cet homme que j'ai aimé longtemps, trop longtemps en fait. Le temps passe, on l'oublie parfois. Vivre le moment présent. Ça, il ne l'avait pas compris. J'ai perdu mon temps à le mettre sur la piste. Carla, cinq ans, panse mes plaies. C'est dur d'être seule. Se réapproprier un lieu, seule. Manger, seule. Vivre, seule. 25 ans et j'ai peur de la vie. Infidélité, rupture, pardon pernicieux. Recommencement. Résurrection. Renaissance, enfin. Et cette enfant, Carla, cinq ans, que je promène dans le parc. Les passants imaginent qu'elle est ma fille. Doux mensonge. Je laisse planer le doute. Je pense à cet avenir, impalpable, qui sera le mien, forcément, un jour. Je l'espère. « Pourquoi tu souris ? » « Pour rien ma puce. Allez, on y va à ce toboggan ? »

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