Leçon n° 132 ...

Louise Moia

Pour le concours TRANSFUGE

Le réverbère du coin de la rue dégoulinait sur la nuit une drôle de clarté orange et la brume froide posant un filtre anormal sur les choses, je me sentais ailleurs.

Les pavés encore humide de pluie reflétaient les échos de lumières. Je n'avais pas vraiment peur. Pas encore. J'avançais sur le trottoir, les claquements secs de mes talons aiguilles réglés sur les battements de mon cœur me rassuraient toujours, comme une boite à musique rassure les enfants.

Dans cette ville froide d'Europe de l'Est que je ne connaissais pas, je me perdais encore souvent. Pourtant, j'étais là depuis bientôt 6 mois, en stage, en formation, en étude, comment dire, … La ville enserrée par le fleuve, et distraite de multiple ponts, se jouait toujours de moi, m'aspirait dans des dédales où je m'oubliais sans cesse, naufragée volontaire de la pierre.

-" Vous êtes en retard"

La tirette s'était ouverte d'un coup sec et métallique. Je ne pouvais voir que les yeux de la voix derrière une petite grille.

-" Excusez-moi"

Je baissais les yeux comme une petite fille prise en faute. La femme ouvrit la porte et me fie un sourire plat. Elle était grande, bien plus que moi. Elle portait de longues bottes de cuir noir, et les immenses talons à plateau transparent donnaient l'impression qu'elle lévitait au dessus du sol. Sa robe très courte était en cuir, découpé au niveau des mamelons et du pubis qu'elle laissait intégralement nu et lisse. La petite fente en était comme découpée au couteau. Je la regardais. Je sentais mon bas ventre se crisper un peu. J'avais l'impression de sentir le sang qui venait gonfler mon clitoris.

Elle s'effaça à peine pour me laisser passer. Dès, que je lui eu tourné le dos, elle me donna une tape vive sur les fesses.

-" Allez ma P'tite. Déshabille-toi maintenant". On t'attendait.

La pièce sombre dans laquelle elle me poussa était pleine de miroirs. Il n'y avait pas de musique, juste les crépitements des bougies, par moment. Je laissais alors tomber mes vêtements au sol un à un. J'avais un peu froid. Je sentais mes seins se durcir. Sur un fauteuil de velours prune. Il y avait une guêpière de vinyle parcouru d'anneau.

Je compris tout de suite son ordre muet et enfilai le "vêtement".

-" Viens ici je vais t'aider… Mais quelle godiche tu fais…Viens ici … Retourne toi …"

Elle serra d'un coup le corset. Le souffle me manquât. Je sentais mes seins comprimés qui rosissaient sous la pression.

-" Allez assied toi maintenant". Je m'exécutais.

-" Lève ta jambe… Vite " . Elle fit glisser le long de ma jambe et de ma cuisse un bas résille. Ses ongles étaient immenses. Elle me griffa un peu en mettant le bas. Je serrais les dents tandis que le sang perlait un peu sur ma cuisse blanche.

La guêpière m'enserrait le sexe également ça me faisait un peu mal. Je regrettais un peu ce percing idiot qu'on m'avait demandé de faire sur mon clitoris. Il n'était pas complètement cicatrisé et les lanières de la guêpière écartelaient un peu les chairs.

Je m'avançais enfin dans le couloir lentement, les chaussures qu'elle m'avait fait mettre était au moins deux pointures en dessous de la mienne. Chaque pas me faisait mal et me donnait l'envie de me baisser pour les ôter. Mais je tenais le coup, je raidissais mes jambes.  

Le long du couloir, il y avait des hommes alignés les uns à coté des autres. Le couloir était si long que je n'en voyais pas le bout. Parfois, il ne faisait que regarder, parfois ils touchaient. Je ne voyais plus leur visage, elle m'avait mis un masque. J'étais comme un chien d'aveugle à l'envers.  Parfois, il me frôlait la cuisse, la fesse parfois, le bas du dos… La femme m'avait mis un collier un peu du genre de ceux qu'on met au chien récalcitrant. Quand, elle trouvait que j'allais trop vite dans le couloir,  elle tirait violemment sur ma laisse. C'est elle, qui choisissait ceux qui pouvaient s'attarder sur mon corps, ou pas… D'un coup sec, je sentais ma gorge s'étrangler et puis presque tout de suite, je sentais une main chaude qui s'insinuait le long de ma fesse, dans mon anus, la main parfois remontait un peu et un autre doigt se glissait dans mon vagin et essayait de l'écarter.

Parfois, je sentais d'autre chose, ailleurs, parfois je ne savais même plus ce que je sentais. J'étais livrée à mes sens que je ne comprenais même plus.

Au bout d'un moment, je sentais bien mon sexe échauffé. En fait, je ne sentais plus que cela. J'avais de plus en plus besoin qu'on me prenne, j'avais envie de me sentir posséder. Je suis sur qu'elle le sentait mais elle faisait durer encore. Après tout, c'est vrai que j'étais là pour apprendre à me connaître et à me maitriser. Je sentais que ma bouche s'ouvrait toute seule j'avais envie de sentir ma bouche prise également, complètement. Mais, elle attendait encore. Elle ne voulait qu'entraver mon désir pour mieux l'aiguiser. Je me demandais comment je serais capable de résister encore aux appels de mon corps combien de temps je pourrais encore attendre avant de me jeter à quatre pattes devant n'importe lequel d'entre eux pour implorer de me faire enfiler jusqu'au fond du ventre.

J'avais exploré beaucoup de chose de chose jusqu'à présent, mais cette entrave à mes désirs m'excitait comme jamais. Il avait eu raison de m'envoyer là. Il savait ce qui était bon pour moi.

Et puis, d'un coup mon calvaire cessa enfin, elle m'attrapa les cheveux avec violence et m'obligea à me mettre à quatre pattes.

Elle m'arracha mon masque et me dit :

-" Regarde"

Il y avait là une longue file d'au moins 15 hommes, certains avec de petits sexes, d'autre étaient énormes. Tous se tenaient le pénis en le caressant doucement et patiemment pour qu'il reste bien dur. Et je savais qu'ils allaient tous me prendre, que j'allais sentir en moi le sexe de chacun, l'un après l'autre, ou en même temps. Je n'avais jamais imaginé que mes phantasmes puissent à ce point rejoindre la réalité. Que tous ces hommes fussent là pour moi en cet instant précis me comblait, me remplissait de fierté… Je n'étais plus une femme. J’étais la FEMME. Je me sentais comme le réservoir de l'immensité de tous les désirs. C'est alors que sans que je puisse la maitiser, je sentis la jouissance se propager dans tout mon corps dans une onde  mouvante, sans bouger et avant même de sentir la chaleur du moindre pénis dans mon ventre. ça dura plus longtemps que ça n'avait jamais duré et mon sexe crépita encore après pendant encore de longue minute.  

Quand je rentrais enfin à la maison après avoir retraversé la ville mouillée en sens inverse, il me regarda. Il vit que mon visage avait changé et qu'il s'y était gravé la profondeur du désir ultime. Il était satisfait. Je savais que j'avais encore beaucoup de chose à apprendre mais je savais que pour aujourd'hui au moins, il était satisfait de moi. Je serais surement récompensée.  

  

   

          

  

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