L'élixir
Jérôme Ritzenthaler
Dans mes veines, un torrent d'ambroisie,
Pour apaiser les tourments de mon âme en furie ;
Quête d'un monde où l'aube se dévoile,
Au trépas de ma bouteille, ma seule étoile.
Quel univers surgira de l'horizon têtu ?
Après avoir vidé ce flacon absolu,
Vers un monde nouveau, à jamais inconnu,
Où mon âme errante trouvera son dû.
Mes prunelles, béantes arcades,
Où chaque pensée s'abîme en cascades ;
Je quitte ce vaisseau, ma matrice natale,
Plongeant, yeux clos, vers la lumière astrale.
Au matin, dans l'absurde égarement,
Cendres roulées dans un papier dément ;
Je descends aux gouffres des alcools incandescents,
Dans le lit des rêves aux contours mouvants.
Ce tableau, symphonie de spleen et d'éclat,
Où le temps s'embrouille dans l'ivresse qui bat,
Trace le sentier d'un poète exilé,
Quêtant l'extase dans l'oubli étoilé.