L’émigré.
Claude Cotard
J'ai débarqué un matin, ici.
Arrivé ici avec mes valises.
Tous mes biens, avec elle.
Pour elle, changer de vie.
Logement, travail, tout allait bien.
Tendresse, respect, famille.
Mais le temps était là, froid.
Mais je n'étais pas chez moi.
Puis la petite a grandi, grandi.
Puis la mère a regardé ailleurs.
Alors je suis parti, recommencer.
Puis la petite à son tour, mariée.
Aujourd'hui je regarde à ma fenêtre.
Demain, demain je repartirai, là-bas.
Chez moi, j'y retournerai, bientôt.
Je le sais, chez moi, sur ma terre.
Un matin il sera l'heure, le jour.
Depuis quelques temps déjà.
Et je sais, je sais que c'est là-bas.
Que je retournerai vieillir, bientôt.
Qu'est ce qui me retient ici ?
Pour qui, pourquoi ? Personne.
Les copains, les copines, et puis ?
Ma vie est là-bas, chez moi, en France.
Avec toi, si tu le veux, commencer.
Un renouveau, une nouvelle vie.
Ta main dans la mienne, amoureuse.
Avec ou sans toi, ne sachant où tu es.
Je repartirai.