L'enterrement

tadamok

Cette fois-ci, je suis aux premières loges.

Autour de moi, une foule de gens tire une tronche de dix pieds de long. Ce sont des amis, des proches, des parents. Ils se taisent, ils se recueillent. Ils pensent un peu à la mort, un peu à Dieu, un peu à moi, un peu à eux, un peu aux autres. Ils m'accompagnent en cet instant sacré, cet instant de spiritualité et d'introspection. Ils sont venus dire au revoir à ce corps que la vie a quitté.

Je connais bien cette église, encore que manifestement pas assez si l'on en croit les reproches à peine masqués du curé. C'est ici que j'ai fait ma première communion. C'est ici que je me suis marié devant Dieu. C'est ici qu'on a baptisé mes enfants. Cette église a été le lieu privilégié des grandes étapes de ma vie. J'y suis même venu un jour pour me confesser. Pauvre Monique ! Si elle savait ! Je l'ai toujours aimée, de tout mon cœur, de tout mon être, mais ce soir-là, j'ai craqué. J'étais en colère, j'avais les idées noires, une vieille amie m'a remonté le moral, m'a dorloté, j'ai craqué. Je l'ai regretté aussitôt. Pardonne-moi, Monique, je t'en prie !

Le contact du bois froid me fait frissonner. Je repense à ma vie, à tout ce que j'ai fait depuis que je suis né, et surtout depuis mon mariage. Je repense à l'époque à laquelle remontent les rencontres et les naissances qui ont permis à cette église de se remplir aujourd'hui. Que de joie, que de moments heureux ! J'ai eu une vie formidable, et surtout, surtout, une femme merveilleuse.

Ca y est, monsieur le curé a terminé son discours. Les orgues prennent le relai. On emporte le cercueil. Adieu Monique ! Adieu mon amour ! Puisse Dieu t'accueillir en son royaume et te trouver une petite place confortable en attendant que je vienne te rejoindre.

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