Léo te taire
Alice Gauguin
Les journées étaient longues. Bon vent mal gré, Léo s'habituait à sa routine hospitalière. Les réveils à 8 heures, les repas en commun, les rendez-vous psychiatriques. Léo s'était ouvert progressivement à ses autres congénères. Certain lui étaient sympathiques mais réellement malades. Tout ce désespoir ambiant commencé à peser sur les épaules de Léo. Son seul échappatoire, les poèmes qu'il écrivait. Léo se sentait étrange. Plus d'envie de se lever, plus d'envie de se doucher, l'appétit qui commençait à manquer, les insomnies et surtout le repli sur soi, la solitude. Parler avec les autres, malgré son ouverture, restait très compliqué. Par son internement de force, il n'avait droit à aucune visite. Anesthésié de sentiments, il ne pensait même plus à sa belle Laurie. Il avait des rendez-vous quasiment quotidien avec le psychiatre et il lui semblait même commencer à l'apprécier. Comme s'il voyait en lui un « sauveur ».
Se rendant compte de cela, Léo prit peur. Et si la dépression s'était aventuré en lui à cause des circonstances ? Il avait fini par céder et à prendre ses « pilules du bonheur », mais il se sentait de plus en plus mal.
Ainsi, il finit par se confier à son psychiatre :
- Je ne me sens plus bien. Je suis comme étouffé. Le poignard dans le cœur, la gorge noué et la nausée. Je ne dors plus la nuit, je dors trop en journée.
- Je pense que vous commencez le processus de ne plus nier votre maladie. Cela est un bon point, on ne peut aider que ceux qui le demandent. Continuez les médicaments, continuons nos échanges. Allez vers les autres, ne vous repliez pas. Vous allez aller mieux...
Mais Léo se sentait réellement très mal. Et s'il était tombé réellement en dépression ? Si son environnement avait changé sa cartographie mentale ?