L'épanouissement galactique
Aurélien Loste
En 2100, l'humanité atteindra à peine son indépendance énergétique, avec les premières centrales nucléaires à fusion, développées depuis 2007 en Franceurope, par le CNRS et un consortium international.
Sur Mars dans les années 2030, exploitant la Lune, explorée dès le 20 juillet 1969, elle ne sera toujours que dans son voisinage planétaire.
Vénus, explorée à partir de 2052, bien que plus agréable à vivre que Mars, est moins habitée, car son atmosphère de gaz carbonique aux gouttes d'acide sulfurique rend sa terraformation plus lente que celle martienne, déjà bien avancée dans les années 50, où l'air martien devient de plus en plus respirable, grâce aux Moxies américains toujours plus petits et performants, le premier ayant été déposé en même temps que le rover Perseverance et son drone Ingenuity, amarsis début 2021.
En 2100, le prochain objectif sera de protéger Mercure des vents solaires, en commençant la construction de la première sphère de Dyson humaine autour du Soleil, pour exploiter l'énergie de notre première étoile, plus de 58 fois plus grosse que notre première planète, la Terre, si tant est que la vie n'y ait pas été apportée par des météorites, déjà responsables de notre eau terrestre, par la fonte de leur manteau de glace.
Ce projet, proche des planètes artificielles montrées dans Star Wars, en plus gros et efficient, durera plus longtemps que notre étoile, soit plusieurs dizaines de milliards d'années.
Lors des dix prochains milliards d'années, la sphère absorbera de plus en plus efficacement l'énergie solaire, la fusion nucléaire, la libération d'hélium, la magnifiant, pour briller plus que le Soleil, et éclairer la nuit spatiale de plus en plus loin, bien au-delà de notre système solaire, jusqu'aux sondes Voyager dès 2200, et vers le XXVIème siècle pour Proxima du Centaure, notre système stellaire voisin, mourant, à l'éclairage plus faible qu'une nuit de pleine lune.
Car malgré l'éclat des étoiles, l'espace, sans construction humaine, est profondément noir, car vide de toute matière, même si plein au niveau quantique.
Proxima B, une des planètes du système stellaire triple de Proxima Centauri, dévouverte en 2047 par les sondes du projet Breakthrough initié par le premier spécialiste des trous noirs, au XXème siècle, Stephen Hawking, et peuplée d'une race extra-terrestre colorée et primitive vivant à l'état de nature, sans atmosphère, ce que l'humanité ne saura faire qu'à partir du 23ème siècle, avec les Spatiens, les humains nés dans l'espace, sans planète d'origine.
Depuis les années 2010, il y a une concurrence saine, une émulation, entre les humains, modifiés ou pas, et les androïdes, modifiés aussi, de parts humaines, quand elles sont plus efficaces que leurs prothèses, ou tout simplement par choix.
L'espace et les planètes ont d'abord été explorés par des sondes, et rovers sur les surfaces dures; historiquement, Sputnik en 1947, Yuri Gagarine quartorze ans plus tard, Neil Armstrong à la fin des années soixante, comme l'avait annoncé JFK, dans son plus grand discours ("Nous irons sur la Lune, pas parce que c'est facile, mais car c'est difficile"). Le premier alunissage reste d'ailleurs pour toujours le premier et plus grand exploit de l'exploration spatiale humaine, car pour Mars, grâce à Space X, créée en 2002 par Elon Musk, la technologie privée alliée à celle, publique, plus lente, de la NASA, décuple ses capacités : les agences spatiales américaines et européennes, l'ESA, n'envoient des humains sur Mars que depuis les années 40, avec le programme Aurora pour l'ESA, depuis les bases lunaires.
Pour Venus, Space X en partenariat avec Roscosmos, l'agence spatiale russe créée dix ans plus tôt, également présente sur la Lune et Mars, comme la Jaxa nippone et, plus tard, l'agence chinoise, a envoyé des premiers explorateurs américains accompagnés donc d'astronomes russes.
Les nationalités disparaissent, depuis 1776 et la création franco-allemande des États-Unis d'Amérique, puis l'Europe au XXème siècle et ses deux guerres mondiales.
Le dernier affrontement planétaire a été la guerre froide entre les États-Unis et leur allié nippon, et la Chine, sans qu'elle soit mondiale (seulement en mer de Chine orientale, pour les îles Senkaku et Taïwan), l'Europe étant pour une fois restée neutre, bien qu'historiquement alliée aux États-Unis, lors des deux précédentes guerres, et depuis Lafayette au XVIIIème.
Depuis la fin du communisme, avec la mort de Vladimir Putin en 2049 (président de la Russie de 2000 à 2038, pour sa retraite politique, à 86 ans) et celle de Xi Jinping en 2043, dix ans avant son centenaire, le libéralisme a accéléré l'exploitation de la Terre, principalement grâce au financement des robots et centrales à fusion.
L'astronome russe Kardachev a développé une échelle à trois phases, la première étant l'exploitation de notre planète-mère, en produisant 10²⁶Watts; les premières centrales à fusion viables, dans la décennie 2060, sur Terre, ne dépasseront même pas le GWh.
Il faudra la généralisation des superordinateurs quantiques, créés dans les années 50, pour concevoir au XXIIème siècle des centrales atteignant au total, en les regroupant toutes, 10^16W*.
Le seuil des 10²⁰W nécessitera les apports lunaires, martiens, vénusiens et surtout du Soleil (et accessoirement des bases de la petite Mercure, au 22ème siècle aussi). L'exploitation des astéroïdes et planètes gazeuses (et leurs satellites rocheux), entamée dans les années 2000, ne sera rentable qu'avec l'énergie produite par le Soleil, canalisée, servant à alimenter les moteurs spatiaux.
Vers 2160, les 10²⁶ de la phase 2 de Kardachev seront atteints, et pour les 10³⁶W de la phase 3, ce ne sera pas avant les années 2300, quand l'humanité et la robosphère auront exploré la Voie Lactée, notre galaxie d'origine, et commenceront à exploiter les trous noirs; pour celui supermassif au centre de la Voie Lactée, il se passera encore plus de cent cinquante ans avant de pouvoir seulement y entrer et sortir en quelques heures, le traverser ayant moins d'intérêt que d'y bâtir des colonies exploitant l'énergie de sa singularité.
Traverser un trou noir amène dans un autre univers, comme lors du big-bang, il y a 13,7 milliards d'années, l'espace-temps a été projeté d'un trou noir, à travers une fontaine blanche, l'envers des monstres de l'univers, constitué des éléments expulsés par la singularité.
Et ce voyage, très populaire depuis les années 1970, nécessitera la compréhension de l'infini en mathématique, dans les années 2060, les singularités créant les trous noirs autour d'elles ayant des dimensions infinies, incalculables avant la révolution quantique des années 40-50, avec la Singularité (technologique) en 2045, le moment où les machines pourront remplacer l'ensemble de l'humanité avec plus d'efficience.
Dans les années 2020, 60% de la puissance terrestre est produite par des machines, 80% dans les années 2030.
*Au cours des années 2020, la production annuelle mondiale d'électricité est d'un peu plus de 20*10¹⁵Wh, dominée par les États-Unis d'Amérique, l'Europe et la Chine. Sur un instant t d'une seconde, ce n'est plus que 6,3*10¹0W. Encore donc au plus tôt à des décennies du stade 1 de Kardachev.