L'éphémère.

Christophe Hulé

L'éphémère peut durer un certain temps, pour se référer à Fernand Raynaud, il parlait du fût du canon.

Mais tous les sujets se valent bien.

Toutes ces lucioles d'un soir, ou de plusieurs, et même de celles avec qui on a bâtit des projets.

Quelques soirs, quelques mois, quelques années, certains d'entre nous ont même eu droit à quelques décennies.

Je passe sur les miraculés, qui sont allés jusqu'au dernier soupir, même si ceux-là sont l'exception aujourd'hui.

Hier ne compte pas, car il y avait les maisons closes..

« Papillons du soir, espoir », pour citer le grand Louis Chédid.

Du ver au papillon, du papillon aux vers.

Les nouvelles lucioles passent.

Le regard est à sens unique quand on a fait son temps.

La sagesse veut qu'on accepte ce fait.

Sur la plage habillé(e), fauteuil et parasol.

On se revoit petit, parcours cycliste ou château de sable.

Plus grand, près de cette déesse.

On ne peut que se revoir.

Les jeux sont faits, rien ne va plus, roulette ou roue de la fortune.

On se console un peu, car le jeu touche grands et petits.

Même si l'échelle donnée reste suspecte.

N'en déplaise aux utopistes de tout acabit, on n'a pas changé l'unité de mesure.

La consolation de l'avoir vécu, on trouve toujours plus petit que soi.

Même si ça ne change pas grand-chose.

Comme le blason des hidalgos déchus, référence à un poète espagnol, évoqué au collège, dont j'ai oublié le nom, mais que quelques savants pourraient nous rappeler, avec l'arrogance d'usage : « comment, vous avez oublié le nom de ce sublime, et patati ... ».

Comme les feuilles d'automne sous le préau, l'encrier et la blouse, le poêle et l'estrade, j'en passe évidemment, pour laisser à ceux de plus de vingt ans le loisir de continuer la liste.

On sautait de rocher en rocher, avec les chaussures en plastique, les mêmes que l'on chaussait pour pécher la crevette ou le bouquet.

Je ne vais pas m'étendre à nouveau sur tous ces souvenirs, dont je pourrais multiplier à l'infini les variations.

Nous étions, j'étais …

Il paraît que les gamins d'aujourd'hui vivent le même rêve.

Je suis prêt à les croire, et je l'espère en fait.

Mais enfin ...

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