L'éPLOPé - Mr Patate

monster-inside

Au sommet des grands arbres bleus, une légère brise estivale s’immisçait entre les feuilles argentées. Miroitant au rythme du chuchotement du vent, elles projetaient au sol des ombres animales sur la couenne rugueuse de Mr Patate, lascivement éparpillé ça et là, au hasard des accidents du terrain.

 

Petit Monstre, un peu plus loin, s’était accaparé toutes les vertèbres dans l’intention première de jouer aux osselets, mais avait finalement opté pour la confection d’un collier. Elle ne devrait plus tarder à rentrer, et il tenait à lui offrir cette parure à son arrivée.

 

Mr Patate, lui, avait perdu toute notion du temps, bercé tant par le clapotement des secondes qui s’égrainent que par les grognements de ce petit être étrange qu’il commençait tout juste à comprendre. Que Petit Monstre aime démembrer, disséquer, explorer, trafiquouiller etc, ça, il pouvait le concevoir : il n’avait pas oublié qu’il avait été petit garçon lui aussi ! Non, ce qui lui était plus difficile à accepter, c’était ses accès de colère, partis de rien la plupart du temps, pour en arriver à  des capharnaüms émotionnels terrifiants. Perdu dans ces considérations métaphysiques, narines au vent et pissenlit dans les tympans, il ne l’entendit pas s’approcher.

 

La démarche assurée, presque conquérante, Elle revenait des courses avec un précieux butin : de son sac dépassaient encore un certain nombre de mains, et quelques mèches de cheveux blonds. Elle déposa le tout à l’entrée du jardin, avisa le coin où s’étendait littéralement son amant, et sans même prendre le temps d’arranger sa crinière en bataille, avança vers lui d’un pas de velours.

 

Elle posa délicatement ses mains sur les deux globes oculaires qui se prélassaient de part et d’autres de la tête de sa Patate-flétrie-chérie, retira d’un coup de dent les pissenlits d’un tympan, et murmura dans un souffle : « Je suis rentrée… » 

 

En un sursaut à peine, Mr Patate se recomposa selon un schéma anatomique presque correct (en dépit du collier de vertèbres) ! Seule ombre au tableau : ses yeux, restés captifs dans les mains de sa bien-aimée, absents et aveuglés. Mais qu’importe ! Il avait entendu : Elle était là.

Son visage tanné se déforma jusqu’à former un vrai sourire, avec tout l’attirail : pommettes en ballons de rugby et rides au coin des orbites. Planté comme un piquet, at

Au sommet des grands arbres bleus, une légère brise estivale s’immisçait entre les feuilles argentées. Miroitant au rythme du chuchotement du vent, elles projetaient au sol des ombres animales sur la couenne rugueuse de Mr Patate, lascivement éparpillé ça et là, au hasard des accidents du terrain.

Petit Monstre, un peu plus loin, s’était accaparé toutes les vertèbres dans l’intention première de jouer aux osselets, mais avait finalement opté pour la confection d’un collier. Elle ne devrait plus tarder à rentrer, et il tenait à lui offrir cette parure à son arrivée.

Mr Patate, lui, avait perdu toute notion du temps, bercé tant par le clapotement des secondes qui s’égrainent que par les grognements de ce petit être étrange qu’il commençait tout juste à comprendre. Que Petit Monstre aime démembrer, disséquer, explorer, trafiquouiller etc, ça, il pouvait le concevoir : il n’avait pas oublié qu’il avait été petit garçon lui aussi ! Non, ce qui lui était plus difficile à accepter, c’était ses accès de colère, partis de rien la plupart du temps, pour en arriver à  des capharnaüms émotionnels terrifiants. Perdu dans ces considérations métaphysiques, narines au vent et pissenlit dans les tympans, il ne l’entendit pas s’approcher.

La démarche assurée, presque conquérante, Elle revenait des courses avec un précieux butin : de son sac dépassaient encore un certain nombre de mains, et quelques mèches de cheveux blonds. Elle déposa le tout à l’entrée du jardin, avisa le coin où s’étendait littéralement son amant, et sans même prendre le temps d’arranger sa crinière en bataille, avança vers lui d’un pas de velours.

Elle posa délicatement ses mains sur les deux globes oculaires qui se prélassaient de part et d’autres de la tête de sa Patate-flétrie-chérie, retira d’un coup de dent les pissenlits d’un tympan, et murmura dans un souffle : « Je suis rentrée… » 

En un sursaut à peine, Mr Patate se recomposa selon un schéma anatomique presque correct (en dépit du collier de vertèbres) ! Seule ombre au tableau : ses yeux, restés captifs dans les mains de sa bien-aimée, absents et aveuglés. Mais qu’importe ! Il avait entendu : Elle était là.

Son visage tanné se déforma jusqu’à former un vrai sourire, avec tout l’attirail : pommettes en ballons de rugby et rides au coin des orbites. Planté comme un piquet, attentif au moindre craquement d’os par delà les  braillements surexcités de Petit Monstre, il attendait.

Elle approcha son visage tout doucement, jusqu’à ce que le bout de leurs nez se touchent,, et chuchota encore : « ne bouge pas… »

Reculant de quelques pas, elle visa comme aux fléchettes et, un œil après l’autre, lui rendit la vue.

*Plop ! Plop !*

tentif au moindre craquement d’os par delà les  braillements surexcités de Petit Monstre, il attendait.

 

Elle approcha son visage tout doucement, jusqu’à ce que le bout de leurs nez se touchent,, et chuchota encore : « ne bouge pas… »

Reculant de quelques pas, elle visa comme aux fléchettes et, un œil après l’autre, lui rendit la vue.

 

*Plop ! Plop !*

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