l'équilibriste
franzzzz
Aujourd'hui la Mine est triste :
Son éthique toujours symétrique sur son axe,
maitrisait la métrique, quel animal mimait il ?
quelle couleur ça a un caméléon sur un fil ?
Le vieil équilibriste avait renvoyé son bail au Ciel
D'AUSSI HAUT QU IL SE SOUVIENNE IL OSCILLAIT...
AUSSI ÊTRE à Paris, Munich ou Valenciennes
Qu'importe De partout, de partout il oscillait...
Quand les mains D'LA FOULE d'en bas lançaient
des « Balance ton balancier pour contrebalancer »
LEURS SONS DU CONTREBAS AUSSI OSCILLAIENT
comme issus dans un bal à l'ancienne
AUSSI lourds QUE LENTs, AUSSI LENTs QUE LAIDs
LUI ses bras balants, sciaient l'air
Lui, il regardait en bas lentement,
DE SON PAS Lancinant
cherchant à oublier le balancement
et Le ballottement
Il avait mal EN DEDANS
ne savait pas ce qui lui semblait le plus proche,
L'extrémité d'une corde ou sa distance au sol...
EN BAS, en bas LE CIMENT ET LA FOULE
La foule et les balbutiements
AUTREFOIS La foule c'était son contrepoids
IL LA SENTAIT COMME ON SENT UNE PRESENCE CONTRE SOI
MAIS IL AVAIT VIEILLI ET il avançait mal, si mal
La foule au moins elle LE REMERCIERA
Il fallait bien avancer, Avancer seulement,
Braver Le vent, OUBLIER LA VUE
SEUL AU MONDE. en baver sur le fil comme sur une avant scène
Il avançait, au moins il avait ça
L'avancée si fière sur son fil de fer
ET MÊME si, hier sur une jambe,
Il y faisait l'étoile de mer,
là son oreille interne lui disait,
L'interdisait JUSTE de le refaire
A l'instar de l'instable, il savait compenser,
Il COMPOSAIT PENDANT QU'en bas les cons pensaient
Que le fil allait rompre, qu'il était dans le dur
Et que c'était aujourd'hui qu'on décrocherait le pendu
Plus aussi parfait, et même au crépuscule,
il funiculait, assez haut pour sembler le meilleur
Et cette foule ridicule se disait au mieux
Qu'il gesticulait dans le juste milieu.
Son destin s'accrochait au maintien
et son instinct lui disait qu'il fallait que le filin tienne
alors que ses souvenirs se faufilaient en file indienne
A tout moment son pied se désoriente
Mille fois il s'est vu céder En riant
S'enfilant les remontées sur son fil,
sautillant travaillant sans filet, se faufilant
L'équilibre peaufiné c'était son faux fuyant
Il n'avançait plus statique
Et Les cris devenaient de plus en plus sadiques
Les mains de la foule tenaient Soda coca chips,
Voilà Le public devenu sadomasochiste
Lui n'était plus un Dieu qui marchait sur le ciel
Eux s'attendaient à ce qu'il leur tombe sur la tête
La corde devenue son épreuve de force
Ce n'était plus une question de forme ou d'entorse,
en bas les cœurs cognent dans leur écorce
et les torses de la foule
semblent lui crier « à mort ! »
Alors... alors qu'il n'y a plus d'amour
pour la première fois il a le vertige,
Comme si le corps l'avait avertit
Il lâche et tombe...
voilà
Voilà que le harnais tire
Le voila suspendu dans le vide
reste à Vivre En perdant le fil,
ne plus savoir quoi suivre, qui suivre...
Le fil, la foule, ou la folie...
ainsi l'équilibre intranquille Vascille,
par le vertige d'une foule qui hue,
celle qui déjà appelle un prochain funambule
on est tous ce vieil homme qui se demande encore,
s'il était plus près du sol que du bout de la corde
sans comprendre sans vraiment comprendre ce qu'on a perdu
Le fil, la foule ou la folie...