les alphabets du monde

cheetah

les différents systèmes d'écriture à travers le monde

je voudrais tirer mon chapeau à ceux qui ont compilé les informations relatives aux différents alphabets du monde et les ont rassemblé sur la carte dont le lien figure ci-dessus. pour nous rappeler à la lecture de ces palettes de couleurs et ces textes étranges que tout le monde n’écrit pas comme nous et que nous serions bien incapables de nous repérer dans les rues d’oulan-bator ou pekin si nos hôtes n’avaient pas si généreusement planté ci et là des panneaux imprimés en caractères latins.

sur notre planète à ce jour en effet, plus de trente alphabets se partagent le terrain. il est évident que l’alphabet latin domine mais sûrement pas en nombre de personnes le pratiquant quotidiennement. on pourrait même dire qu’esthétiquement notre bon vieil alphabet manque de caractère (cf.alphabet chinois), de rondeurs (cf. alphabet sinhala - sri lanka), de verticalité (cf. alphabet mongol). j’imagine que chacun a ses avantages et ses défauts. certains ont l’air tout droit sortis de l’esprit de tolkien ou george lucas (cf. alphabets bugi et arménien pour n’en citer que quelques-uns). des points par-ci, des courbes par-là, certains s’écrivent de droite à gauche, d’autres de gauche à droite, d’autres encore de haut en bas. qui sait, peut-être qu’au fin fond de l’amazonie, un peuple ou une tribu a conservé une culture écrite qui nous est restée inconnue, inscrite sur des planches de bois noir, en diagonale et de bas en haut - le monde est ainsi fait, de bric et de broc, de noir et de blanc et toutes les teintes entre les deux. imaginez un monde où tous noteraient leurs courses en caractères chinois (par exemple) sur des petits calepins. plus aucune touche de dépaysement à l’atterrissage à Shangai en voyant tous ces panneaux si lisiblement libellés devant nos yeux blasés. car selon moi l’incompréhension fait autant partie du voyage que la communication.

prenons un exemple concret. et partons en asie par la même occasin. vous posez les pieds dans un village perdu du laos, un peu hors des sentiers battus, pas un panneau en anglais en vue, la guest-house indiquée dans le guide est tout simplement introuvable et il se trouve que google maps sur votre blackberry ne fonctionne pas ici bizarrement. une bonne demi-heure de palabres avec un gamin du village plus tard, les yeux s’éclairent et les esprits se réveillent: à force de gesticuler dans tous les sens, de mimer le dormeur du val ou tintin au congo au village maintenant rassemblé au grand complet devant vous, vous avez fini par vous faire comprendre: la dame devant, au premier rang (oui celle avec la casquette coca-cola sur la tête et le bébé attaché dans le dos par un tissu aussi coloré qu’un perroquet amazonien de vincennes), vous propose de venir dormir chez elle en attendant de voir où peut bien se trouver cette fichue auberge.

quelle déception si cette même scène s’était déroulée disons dans un village thaïlandais proche de bangkok, allons-y pour la banlieue d’ayuthaya. tout le monde ou presque parlant anglais, vous auriez certes cherché vos mots de temps en temps (en bon jacques cousteau amateur de saucisson) mais vous vous seriez vite fait comprendre et dirigé en tuk-tuk vers l’établissement tant convoité. la barrière de la langue n’est-elle pas plutôt un magnifique filtre de communication, d’émerveillement et de découverte de l’autre? bon j’avoue que si vous êtes en voyage d’affaires en ouzbekistan et que vous ne parlez niouzbek, ni tadjik, ni russe, ni kazakh, ni tatar, ni karakalpak, et bien vous êtes sacrément dans le pétrin.

enfin tout ça pour dire (faut me le dire d’ailleurs si j’abuse d’enfin) que toutes ces manières de poser noir sur blanc ce que l’on pense, tous ces alphabets, qu’ils soient à 11 phonèmes (cf. alphabet rotaka de papouasie) ou plus de 56 000 caractères (l’alphabet chinois selon le grand dictionnaire de la langue chinoise), nous ramènent à un trait essentiel et propre à l’être humain: transmettre de manière perenne des informations d’une personne à une autre, voire à la génération suivante, ou à une masse de population (chose rendue possible grâce à l’imprimerie, merci johannes). communication et compréhension. le plaisir de saisir un livre, de le sentir, d’en ressentir les subtilités et d’y déceler intrigues et coquilles, références littéraires ou populaires. tout un fatras de traditions et de savoirs qui s’ils n’avaient été qu’oralement transmis depuis tant de temps, ça aurait fini comme un jeu de téléphone arabe: en charabia incompréhensible et tout bonnement inutile.

je vous laisse donc à vos latinismes (pour la plupart d’entre vous). 

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