LES AMANTES SOLITAIRES

suemai

Ils me disent tous, comme tu me dirais, oublie tout et va de l'avant. Ironiquement, tu étais l'avant et moi l'arrière, un arrière tremblant, frissonnant, un arrière que seul peut comprendre la brise d'un silence amère, celui d'avant. Je me sens lasse de cette absence de toi. N'en ais-je pas le droit de te punir de tes fautes et de me flageller à vie des miennes... de croire, qu'au-delà des mots, se retrouvera ce ruisseau et qu'à tout jamais s'étalera un renouveau.

La bête, la damnée, je lui donnerai ce qu'elle demande pour qu'une seule, qu'une seule larme de toi n'atteigne mon roseau. Tu deviendrais reine et pur joyau, et moi, l'entier de tes vassaux. Que pourrais-je t'offrir qui ne trahisse ta beauté. Que pourrais-je tendre pour couvrir ton cœur de mes cendres.

Reine de feu, des eaux, des sommets et des pentes, des enfers, même ceux de Dantes, de la croix, celle, que du pied, pour toi, je piétinerai, Ne sens-tu pas la douleur des immortelles, n'entends-tu pas le gémissement de l'hirondelle. Ce cénacle deviendra mon réceptacle, à moins qu'une goutte de ton lac ne s'engouffre, tout au loin, dans...  j'attaque celles qui osent te respirer, je tue qui osent te demander, qu'une goutte d'eau, qu'un simple instant de repos.

Sans pitié, je deviens. Sans toi ne reste rien, que l'aurore du pauvre, celle de la lueur du fauve. Ce lac se formera se dédoublera, jusqu'à ce que scintille le murmure du baladin, le doux refrain du noble serin. Je fuis cette ombre qui me cache un grain de ta peau. Qu'on m'arrache la mienne, la fraction du frisson de ce que je vaux.

Puis, d'un autre temps, d'un autre lieu, d'un autre moment, d'un autre vœu, brûlera ce feu, dévorant… notre pas de deux.

Demeurera à jamais, inscrit dans la pierre, ce lent calvaire, de dévoreuses de prières, cette impuissante lumière, celle qui fit se taire… le doux chant des amantes solitaires.

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