Les âmes s'affolent

lodine

Prose

Le monde bouge, les idées se dévoilent dans leurs totalitarismes (le "jeunisse", le dynamisme à tout crin, l'image 24h sur 24, sans fond, sans saveur critique) . "Mein Kampf" va être libéré de ses chaînes 70 ans après... Je n'arrive pas à écrire ce soir, ma pensée s'embrouille. Stephan Zweig est mort d'avoir trop aimé son pays miné par le mal absolu. L'amour avait été vaincu. Celui de sa femme n'a pas suffi, c'est dire. Lui qui aimait tant l'amour.

Peut-on vouloir mourir d'un trop plein d'incertitudes, de peurs, d'angoisses, de ce sentiment qui vous étreint, au début de certaines nuits sans lune, quand il n'y a plus aucun espoir?

Dieu n'est-il pas sensé apporter amour, clarté, lueur? Je le questionne souvent. 

Pour ne pas sombrer, il faut absolument regarder ici-bas. La musique, la Nature. La première absout, purifie. La seconde oblige à regarder, à sentir.

Ces deux éléments essentiels demeureront toujours une lute contre l'oubli, contre la sauvagerie des hommes. L'homme doit choisir entre "se poser ou combattre", disait un chef d'orchestre célèbre. Pierre Boulez, qui vient de rejoindre la Grande Maison, que dirait-il de ce siècle encore neuf, qui accumule les tares du XIXe et du XXe?   

Hormis ces deux éléments " naturels ", il reste la douceur de la joue d'un enfant adoré, la main d'une femme que l'on serre à en craquer les phalanges, les yeux d'un homme qui vous dit adieu en retournant vers son destin, en Syrie.  Ces moments, si tendres, si sublimes -soient-ils, peuvent-ils faire oublier la folie du monde?  Je me le demande parfois: ils sont si fugaces.... 


Les âmes s'affolent, car elles ne savent plus écouter le silence d'une verte campagne, ni les souvenirs d'anciens trop  vite " has been". Les jeunes hommes et les femmes de ce drôle de siècle sont connectés en permanence. Leurs racines se perdent dans le bitume des villes, l'assujettissement à la possession du dernier Iphone.

La gouvernance d'Obama privilégie la ville aux éleveurs du Far West.  En Chine, des industriels bâtissent une statue colossale de Mao, dans une province autrefois rurale, pour montrer au monde l'un de ses objectifs suprêmes: assujettir la nature à ses terrifiants desseins.

Le totalitarisme des pensées étroites contre celui des idées démesurées. L'équilibre n'existe pas.  

Les résistants, les résistances sont éparpillées. Enfermés dans des think thank qui parlent bien. Des actions concrètes de bonne volonté nécessitent des énergies extraordinaires. Elles perdent leur sens car elles ne sont plus suivies par la masse. 

Les hommes et les femmes s'indignent, c'est la mode. Mais il est vrai que se retrousser les manches, c'est un autre combat. 

Le FN, les Daechs et Cie s'emparent du laxisme ambiant, cette mollesse qui noie les bonnes volontés pour attaquer. 

Le totalitarisme surfe sur l'absence de réaction. Pourquoi ne pas aller participer au combat? Il est comme un pied de nez à ce fatalisme mou qui broie du gris. Les jeunes se tournent vers le drapeau noir de la mort, obéissent aveuglément à un totalitarisme qui ne sera jamais vaincu par un état d'urgence permanent. Ni, accessoirement, par la déchéance de la bi-nationalité. 

A vrai dire, face à ces barbares, quelle force opposer?

La lâcheté occidentale est reine. Les hommes dans la force de l'âge (la quarantaine, cinquantaine) ont tant d'autres chattes à fouetter. Ils trompent leurs femmes en se disant amoureux d'une autre (tout en la plantant une fois qu'ils ont fini de faire joujou). Le poly-amour fait des émules dans toutes les couches de la société. Les femmes acceptent la chose car une fois leur désir assouvi, elles ont du temps pour elles-mêmes et leurs enfants. L'absence de morale n'est pas nouvelle. Je ne la blâme pas, tant que personne ne souffre.

Aux jeunes hommes issus de milieux culturels très disparates, voulant étaler leur virilité pour la faire respecter à leurs aînés, à leurs mères trop vite soumises, que reste-t-il?  Parfois un seul choix s'impose à eux: celui de prendre les armes. Surtout quand il a été guidé par des manipulateurs de la pire espèce préférant envoyer les jeunes se faire exploser à leur place.

Il faut bien mal aimer son pays pour s'y auto-détruire en acceptant des ordres venus d'un ailleurs. Quel gâchis.

Il leur a manqué, sans aucun doute, la pratique de ces deux éléments essentiels cités plus haut. L'amour, la tendresse n'ont pas suffi à Zweig.

Le droit d'exister aux yeux d'une société non coupable de lâcheté, de caca dans les yeux, c'est tout ce que ces jeunes veulent. 

La lâcheté sera-t-elle vaincue par le courage? 

Il le vaudrait mieux. Les totalitarismes sont chaos. Ils ne sont pas loin, si on n'en prend pas la mesure à temps. 




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