Les amoureux.

Dorothée Pierry

Une si belle histoire d'amour.

Demain, c'est le jour des amoureux. Et puisqu'on doit parler d'amour, il faut que je vous parle d'eux.

Je ne connais pourtant pas toute l'histoire. Je n'ai pas eu besoin de cela pour les aimer, ces amoureux. Je n'étais pas née lors de leur rencontre, je ne les ai même jamais connus séparément. Mais je les ai vus s'aimer depuis que je suis en âge de voir ces choses-là. Je les ai vus collés l'un à l'autre, toujours un peu plus proches, comme si le fil des années se rétrécissait peu à peu pour les laisser s'aimer encore un peu plus.

Je n'étais pas dans leur quotidien. J'imagine les disputes, les insomnies, les lassitudes. Bien sûr. Mais il est des couples dont on devine l'éternelle complicité, sans vouloir s'intéresser au reste.

Il faut que je vous parle d'eux. De cette jolie femme au carré blond toujours impeccable, au sourire malicieux. De cet homme au charme british, un peu là, un peu ailleurs, sur son île à lui. Il faut que je vous parle d'elle quand elle rit d'une voix grave, de lui qui lui donne sa légèreté. De leurs quatre enfants qui glissent sur la vie comme leur histoire a glissé sur nous, avec tant d'élégance.

Il faut que vous connaissiez ces amoureux. Puisque c'est le jour de l'amour, je veux vous parler d'eux, pour que vous sachiez que cela existe. Je l'ai vu. Et grâce à eux, j'y ai cru moi aussi. Je suis entrée dans leur danse comme on s'asseyait tous à leur table : avec tant d'appétit. En les aimant, j'ai voulu aimer comme eux. Leur amour, c'était notre maison familiale à tous. Il sentait bon les fleurs d'automne et le jardin d'été. Autour de leur mariage, il y avait les rires d'amis nombreux venus partager un peu de leur terre féconde. Il y avait la vie.

Depuis toute petite, j'ai guetté leurs mains emboîtées, leurs regards aimantés, leur sérénité à eux. Je les ai vus construire leurs cabanes d'amour au milieu des foules, de baptêmes en mariages, seuls au milieu des autres.

Jeudi dernier, pour la première fois, je l'ai vu lui sans elle. Sans cabane, sans caresse, revenu un peu sur notre île à nous. Après des mois de maladie, Laure s'est éteinte dans leur maison d'amour, où mon oncle Alain l'a portée jusqu'à ses derniers instants.

Jeudi, j'ai vu les yeux d'Alain. J'ai écouté ses derniers mots d'amour pour son amoureuse… « Ma Laure, elle était belle notre histoire… ». Alors je veux que vous sachiez. L'amour existe. Et les cœurs de ces amoureux-là battront pour toujours.

Elle était si belle, leur histoire…

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