Les amoureux sur les bancs publics.

Hervé Lénervé

Une histoire d’Amour.

Pan ! Pan ! Pan !

Le rideau se lève sur un décor de parc de quartier, un couple est assis sur un banc. L'homme est vieux, moche et gros, mal fagoté. La femme est jeune fraîche et belle, bien fagotée.

Maurice : Ma femme est morte !

Marie : Ça fait vingt ans, Maurice.

Maurice : Déjà ! C'est comme si c'était hier.

Marie : Eh, oui, le temps passe, mon vieux !

Maurice : (Soupire) Quand on aime, on a toujours vingt ans.

Marie : De toute façon, elle voulait te quitter, non ?

Maurice : Oui ! Pour une autre femme.

Marie : Tu ne peux pas dire une autre, puisque t'es un homme.

Maurice : Alors, pour un autre homme, mais en femme.

Marie : Non ! Tu peux juste dire : elle voulait me quitter pour une femme.

Maurice : Peu importe, elle est morte.

Marie : Elle s'est suicidée en prenant des cachets, c'est ça !

Maurice : Non ! Elle s'est suicidée en ne prenant plus ses cachets.

Marie : Elle avait un traitement ?

Maurice : Oui ! Pour le cœur.

Marie : Et elle en est morte ?

Maurice : Oui ! A la longue. C'est sûr, faut être patient, c'est plus long.

Marie : Elle t'avait dit qu'elle arrêtait son traitement ?

Maurice : Non ! Elle ne le savait pas.

Marie : Mais comment cela ?

Maurice : J'avais remplacé ses médocs par des sucrettes.

Marie : Merde ! T'es un monstre !

Maurice : C'était mieux ainsi, pour elle. Elle n'aurait pas été heureuse avec une autre femme.

Marie : Tu n'en sais strictement rien !

Maurice : Peut-être, mais moi, je n'aurais pas été heureux de la savoir avec une autre femme.

Marie : Tu tournes en rond, mon vieux.

Maurice : Tu préfèrerais que je tourne en carré. Je l'ai tuée par Amour.

Marie : Dans ce cas, c'est différent. Je retire « monstre ».

Maurice : Merci !

Marie : De rien !

Maurice : Embrasse-moi !

Marie : Je t'aime tant, mon vieux !

Marie embrasse sur la bouche édentée le vieux Maurice et le rideau tombe sur le premier acte !

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