Les bricolos du dimanche

Jean Claude Blanc

ouverture des magasins le dimanche, et le repos,les loisirs, les enfants dans tout ça; déjà que la société part en sucette...

                            Les bricolos du dimanche

 

Les bricolos du dimanche

Restent pas les mains sur les hanches

Faut qu’ils retroussent leurs manches

Ils ont du pain sur la planche

Passent leur week-end au jardin

Se moquent bien du jour saint

Car sont ouverts, magasins

Est enchanteur, roi Merlin

N’ont pas assez de la semaine

De trimer à en perdre haleine

Mais dégainent, les Mousquetaires

Pour leurs précieux actionnaires

C’est la crise, faut la surmonter

T’es prié de plus dépenser

Si t’es fauché comme les blés

Fais l’effort, pour consommer

Pas tordre le cul, pour chier droit

T’as beau gueuler, c’est la loi

Ça te fait rire aux éclats

Tu l’as contournes, t’en fais pas

N’est pas toujours à la fête

Petite minette à la caisse

Car en ce jour de paresse

Tout ce qui compte, c’est la recette

Même si elle va pas à l’office

Ce sont ses gamins, qu’en pâtissent

Un jour sur sept, on lui plaint

Passe sa vie, au turbin

Apprentis, rafistoleurs

Leur manque souvent, un boulon

Pour dépanner, c’est l’occasion

Libre-service, à toute heure

Faut dire leurs femmes en ont marre

De les voir se tourner les pouces

Les besogneux, tombent dans le traquenard

Rejoignent la foule au carrefour…

On est toujours à la course

Plus on en gagne, plus on débourse

Les grandes surfaces, ont tout compris

Songent même ouvrir la nuit

Le boursicot, pourtant rempli

S’étire pas à l’infini

Si tes fauché, sans un roupie

On te file gratis, carte de crédit

Même la loi, l’a interdit

Les jours fériés, sauf exception

Sont consacrés à nos hobbies

Mais si on bosse, comment fait-on…

Mais les patrons sont des génies

Quel beau prétexte, les étudiants

Pour le boulot, sont pas fainéants

Se faire des tunes, en sont ravis

Métamorphose, mais pas la crise

D’une société esclavagiste

Sur les empires, on n‘a plus prise

Des avantages, ils en profitent

L’informatique, pas un cadeau

Technique moderne, qui a ses vices

T’offre un portable, chef de service

24/24, t’es au bureau

Galeries marchandes, sont des musées

Que l’on visite, pour digérer

Même si tu n’as rien à acheter

T’y trouves toujours, des idées

Remise de prix, articles en solde

Qu’est-ce qu’on ferait pas, pour faire du chiffre

Les employés, sont des guignols

Des consortiums, les boniches

Les branquignoles du dimanche

N’ont pas assez des vacances

Pour ravaler, leurs bicoques

De leur famille, ils s’en moquent

Que fait l’Etat, dit, socialiste

Qui plaident la solidarité

Comme d’habitude savent que penser

Suivent les traces des indécis

Nous, on n’est pas plus raisonnables

L’égalité, c’est une fable

Chacun défend ses intérêts

Mais notre chance, peut tourner

Au diable, repos dominical

Tous usagers, et travailleurs

Changent de rôle, les acteurs

Finalement, pas un régal

On est sondé, nouvelle trouvaille

Qu’est-ce qu’on en pense, de cette bataille

Consommateurs ou balayeurs

Alternent avis, selon l’humeur

Pour y voir clair, c’est difficile

Car nous prend pour des débiles

C’est l’argent roi, qui nous gouverne

On nous raconte des balivernes

On a perdu tous nos repères

On vante la nation millénaire

Sans adopter toutes les manières

Le citoyen, lui, est amer

Peux pas bosser, dimanche, car j’ai mes courses à faire

Peux pas faire mes emplettes, dimanche, suis de service

Avouez, c’est marrant, d’inverser les galères

C’est ainsi qu’aux valeurs, on porte préjudice

Ce monde est fou à lier, je ne suis pas déçu

Se déroule point par point, ce que j’avais prévu

Serpent se mord la queue, se dévore tout cru

La vertu du travail, on l’a perdue de vue

On a si peu de temps, pour la vie, savourer

Profiter de nos gosses, afin de les instruire

On n’a que le dimanche, faut pas nous le chiper

Car c’est dès à présent, que se bâtit l’avenir

S’il vous plait Président, à vous de réagir

Baises ta gonzesse, va à la pêche

Chasses la grive, ou joue aux boules

De toute façon, t’es dans la dèche

Oublies boulot, qui rend maboule

Ne voudrait pas exagérer

On est frustrés d’activités

Les bricolos, le font exprès

Passent leur dimanche à musarder

Qui c’est qui paie, les pots cassés

Pauvre employé, bien obligé

Pour renflouer, son porte-monnaie

C’est sur sa pomme, qu’on peut compter

JC Blanc                 septembre 2013

 

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