Les Contes de la Citrouille : la Sorcière de Salem - 3/10

Catherine Marie France Lavandier

Une lueur apparait dans le bois où les sorciers venus du globe se réunissent ; un air macabre s'entend au loin . Une corne de brume annonce l'arrivée des élus ....

Archibald se balance tel un hibou sur ses deux pieds . Qui l'eut cru ? un Rayon pénètre ses cheveux blonds , dorés au Clair de Lune . Il a le pouvoir de prendre des formes étranges ; un éléphant , une truie , ou un crapaud . Sa cousine l'appelle le Prince crapaud , en souvenir d'une vieille légende qui était contée autrefois dans les familles , souveraines de l'étang des mille et une histoires de contes , de fées , de reines , de princesses .

Il se souvien assis dans un coin de la pièce , sombre ténébreuse , éclairée de chandelles parfumées à l'anis confectionnées par soeur Floriane qui doit mettre prochainement mettre au monde un fils . " Que j'aime déjà !" dit-il . Il soupire en tournant les pages de son vieux grimoire qui narre les histoires que tous les enfants connaissent par coeur . " Un fils avant l'automne " dit-il en se souvenant de ces moments délicieux où enfant , il jouait avec sa cousine qu'il aime tendrement depuis si longtemps ." Il aura les yeux de sa mère : verts . Et mon caractère . Une nourrice est nécessaire ; je vais la chercher . Le terme est proche . Je préfère qu'elle soit aidée : l'accouchement sera pénible pour elle . Joan nous aidera ; elle a déjà deux enfants , nés sans problème . "

Un doute sur la paternité des jumeaux ; il se souvient d'un moment personnel , avec Joan , au moment de son mariage ; puis d'un rapprochement intime qui les avait comblé tous les deux de félicités , de joies intenses . Lui ne connait pas l'amour sans elle ; depuis qu'il est jeune , son amour n'a cessé de grandir , de remplir son coeur immense , donnant de la force à toutes ses sentiments , à toutes ses paroles . Elle n'a pas pu résister devant un tel élan de passion , amoureuse , qui la comble ; femme , mère , elle en jouit , pleinement , et prudemment pour ne pas remettre en cause l'homme qu'ell aime . Un homme puissant , riche , considéré par toute la communauté .

" Alors commencons ! " dit-il en secret , en ouvrant sa bouche délicieuse , vorace , gourmande . Il déshabilla tendrement mon corps  ; puis enlacés , il me tourmente , me ravit , me soustrait au bonheur qui le comble , qui me laisse seule un instant . " N'avons-nous pas assez fait ce soir " me dit-il épuisé à mes cotés . " Je suis fatigué et toi ? "

- " Je n'ai jamais été aussi bien ; je crois que j'attends un autre enfant . De toi ! "

- " Décidemment , cela fera la deuxième bonne nouvelle de la soirée . Après ton père , tu me fais des faveurs considérables . Tu m'aimes ? "

- " Rien que toi et toujours toi ! "

- " Dans ce cas , marions-nous ! Tu connais l'histoire de la princesse qui reve de son prince crapaud , non ? Nous la connaissons tous les deux . Elle finit comme tu aimes et moi aussi . Un mariage , des enfants , d'autant que les jumeaux sont aussi mes enfants . J'ai testé John deux fois : il m'a répondu comme je l'aurai fait moi-meme , plus jeune ! "

- " Tu sais . Je suis soulagée que tu l'aies compris . John et Helen sont tes enfants ; je l'ai su un jour de pleine de lune . Il n'y a que toi pour avoir un don pareil . Mon père le sait aussi . Je t'aime ! " lui dis- je en l'embrassant tendrement . Des moments aussi intimes se vivent intensément , et passionnement . Je l'aime depuis des années mais personne ne pouvait comprendre ce que je ressentais pour lui . Nos amis le savent ; mais mon père m'a toujours conseillé de me taire à ce sujet .

Il m'enlace tendrement pour me raconter , une fois encore , une histoire de deux etres qui s'aiment intensement depuis si longtemps que l'univers seul doit le savoir . A travers le temps , les ages et l'immensité des étoiles , ils se sont réunis pour toujours , dans deux corps magnifiques , vivants , exceptionnels .

 - " Un jour tu seras ma femme et nous vivrons heureux , sans personne pour nous interdire quoi que ce soit " me dit il dans un élan que lui seul connait pour me faire pleurer , m'émouvoir au point de tout oublier .

Quelle aventure si je n'avais pas pu compter sur lui . Il est là , patient : je suis à ses cotés . Pour toujours . Deux sorciers animés par la magie , des cieux ; celle qui nous guide au plaisir , divin , éternel , l'absoute de tous nos pechés .

- " Alors que me dis-tu ? " me dit mon amant empressé de toutes les ardeurs charnelles ; plein de désirs , la fusion de nos deux corps éblouis par le spectacle de nos parfums d'extase ; une sensualité nouvelle , sans considération pour le banal ou l'à-peu-près  pour un corps déclinant , d'un autre age ,  vivant . Je revis les amours de mon père , de ma mère , sous lui , hurlant de douleurs la première fois ; ceux de mes ancetres , murés , cachés dans le bois , s'aimant pour la première fois , sans attache aucune . Seul le plaisir devait s'entendre , se complaire dans les forets , embraser la nuit dévorante ,  envieuse de tous les instants ; sans autre but que d'envahir ce corps étranger au sien , répugnant , complaisant , maitre du domaine des sens et des plaisirs .

Je m'émerveille de ce tourbillon , lumineux , sableux qui m'a fait traverser plaines humides , montagnes enneigées , mers tumultueuses , océans brumeux et qui me rend si fragile sur la plage des amants dans les lointaines contrées inaccessibles aux hommes sans foi .

 "Il était une fois " raconte sans doute mon conte merveilleusement féerique aux cotés de l'homme que j'aime .

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