Les corbeaux

le-baron

Magister 1
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On dit qu’ils sont l’âme du diable.

Messagers de tous les malheurs de la terre.

Issus de toutes les malédictions, ils sont honnit.


La pluie tombe.

La tristesse se déverse.

Jusqu’au plus profond des tombes.

Symphonie de l’averse.


Croyances imbéciles.

Pouvoir des dociles.

Mémoire de fossiles.

Aucun style.


Leurs âmes sont elles noires ?

Reflet de leurs plumages.

Ou à la beauté des soirs

Ne rendent elles pas hommage ?


Magister 2
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Et s’il était blanc ?

Il serait colombe.

Il serait symbole de liberté.

Il serait symbole de pureté.

Et s’il était blanc ?

Il serait adulé.

Il serait messager.

Celui que les dieux envoient, juste prédicateur, apporteur de joyeux présages.


Et si ce blanc cachait l’hypocrisie de l’animal ?

Si cela n’était que jolis atours afin de tromper l’ennemi ?

Si cela n’était que perfidie portée à son paroxysme ?

Si celui-ci n’était que clameur de mensonges enrobés de fils blancs ?


Badauds qui nous entourez, si vous aviez de lourds secrets à cacher, ne vous feriez vous pas habits d’anges ?

Et vous dont l’âme est pure, la couleur de vos frusques ne vous est elle pas égale ?


Il ne faut point paraître lorsque l’on n’est pas appelés à comparaitre.

Du noir corbeau à la blanche colombe, le juste chemin, les initiés savent reconnaître.



Magister 3
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Et s’il était rouge ?

Sorte d’ara qui bouge

Couleur sang

Plumes au vent.


Et s’il était rouge ?

Sorti du fond d’un bouge

Hors du rang

Fierté à l’avant.


Couleur de feu

Marquée aux fers

Regard heureux

Liberté mes frères


Couleur de braises

Colère aux lèvres

Partout à l’aise

Amours en fièvre


Oui s’il était rouge…

Magister 4
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Corbeaux ils le sont à l’intérieur.

Ils ne vivent que dans la peur.

Traitrise et lâcheté, tel est leur labeur.

Cela n’est pas une question de couleur.


Ils cherchent la reconnaissance.

Mais en manque de puissance

Le mensonge est leur seule chance

Le mirage d’une fin d’errance.


Tristes pantins de faiblesse

Ames sans aucune noblesse.

Guignols tenus en laisse.

Oiseaux en proie à la détresse.


Pour eux aucune pitié.

Un soupçon d’animosité.

Une once d’animalité.

et les voilà radiés

Magister 5
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Ainsi ils sont.

Leurs couleurs changeantes.

Ici, ils sont.

Aujourd’hui entre nos murs.

Les étoiles sommeillent.

Elles ne perçoivent pas le danger.

Ceux-ci sont dans nos lits.

Le lit de nos rivières, ils souillent.

Notre forêt sacré de leurs bottes crottées, ils foulent.

Les étoiles sommeillent.

Ou pire elles se réveillent.

Oui pire, elles les accueillent.

Elles ouvrent leurs bras.

Elles laissent pénétrer l’infamie jusqu’ au plus profond de leurs campements.

Les étoiles sont aveugles.

Il y a si longtemps pourtant.

Si longtemps que les corbeaux sont apparus.

Si longtemps dans leurs magnificences.

Si longtemps, ils n’ont pas compris.

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