Les délices de l'éphémère

lepeps

Partir sans se retourner, avant de s'attacher. Une éventualité qui effleure. Bien sur, qui voudrait ressentir ce vide? Ce manque d'air? Cette fausse impression d'inutile? Ce refus de continuer à vivre?

Pourtant ce vide nous rappelle ce que c'est que de vivre. Loin de ces vies prudentes que l'on vit retranchés à l'abri des tranchées. Certes, la prudence nous évite cette douce morsure qui précède un départ. Elle nous prive aussi de cette douleur exquise infligée par ce manque d'éternel. Ce délice de l’éphémère. Ce sourire discret qui illumine une journée. Journée qu'on voudrait voir durer à jamais.

Image de ce soleil qui tente encore d’éviter la noyade dans un rougissement impudique... et pourtant, qui finit par s’éteindre: concert de couleurs qu'il n'offre qu'en partant. Et, toute prévue qu'elle soit, cette fin de parcours n'en finit pas de troubler. Chaque seconde est si riche, sans lendemain. Tellement, qu'elle en devient plus chérissable... Tellement, qu'elle en devient insupportable.

Au diable la prudence! S'attacher, quitte à s'en trouver retourné... Et pourquoi pas, damné.

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