Les démons de la mémoire 3

Violette Ruer

           Tonio Perlicchi n’était pas rentré de la nuit. Il appela sa femme Victoria pour s’en excuser, il lui avait pourtant promis qu’il se mettrait quelques jours en congé mais cette nouvelle affaire avait coupé son élan. Dame Perlicchi lui cassa les oreilles avec ses protestations!


           Régis Wagner était-il vraiment amnésique ? Tonio fixait la photo sur la carte d’identité trouvée dans la voiture, quelque chose le gênait… Il ne parvenait pas à savoir ce qui clochait… Pendant quelques instants il se pencha à nouveau sur la photo, compléta un dossier puis, las, décida de rentrer chez lui. Une heure ou deux sur le canapé de son salon lui remettraient peut être les idées en place.


          Le jour baissant, il crut avoir dormi plusieurs heures, non, ce n’était qu’un obscurcissement du ciel en raison d’un orage imminent. Victoria lui servit un grand café puis l’avertit qu’elle allait au presbytère de Sainte -Thérèse pour parler avec le curé de la cérémonie de baptême de Fleur, la fille de son amie Claudine, dont elle sera la marraine. Allait-elle sortir par ce temps ? Bien sûr, le rendez-vous était fixé depuis longtemps et elle ne savait quand elle pourrait en avoir un autre. Inutile d’implorer le ciel ou n’importe qui d’autre, quand Victoria prenait une décision, personne ne pouvait la faire changer d’avis.


          Le téléphone résonna. Tonio décrocha et se fit entendre la voix du mari de Claudine, l’inspecteur de service :


          - Commissaire venez vite à l’hôpital Bon - Secours ! C’est au sujet de l’affaire Régis…


          - Pourquoi ce centre hospitalier à Metz, n’était-il pas à Nancy ? Il a été transporté dans la nuit !  Qu’ont donc fait les agents qui devaient  mettre sous bonne garde Régis Wagner et ceux qui patrouillaient devant l’hôpital ?


          - Précisément commissaire… Les circonstances ont fait que… Enfin, le nom de l’individu n’est pas Wagner…


          Cette affaire commençait bien ! La goélette n’allait pas voguer sur des ondes tranquilles !  Au téléphone cela ne pouvait que devenir un dialogue de sourds alors il enfila son imper et marmonna : Allons-y pour la première manche ! Comme quoi la profession nous réserve toujours des surprises !

A suivre

Signaler ce texte