Les démons de la mémoire 5

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          La neige était à nouveau de la partie  ainsi que l’étendue habituelle des dégâts de tôle froissée, conséquence des téméraires inconscients de la vitesse et les conducteurs malhabiles sur la chaussée glissante. Pourtant en Lorraine ils devraient avoir l’habitude ! Le commissaire arrivait sur le parking de l’hôtel de police quand sa voiture fut percutée par un autre véhicule.

          Il retint sa respiration avant de sortir de sa petite Peugeot 207 pour reprendre son souffle et son calme. La conductrice s’excusa du désagrément : il n’y a ni froissement de tôle ni mort d’homme, donc pas besoin de faire un constat, vous ne croyez-pas ? Tonio la regarda en souriant et continua : Si entrer en collision avec un commissaire de police n’est pas important alors… De nature calme précédemment, consciente qu’elle risquait un océan de problèmes, elle se confondit en excuse : Je… je suis assurée… Nous pouvons faire le constat…

          Tonio Perlicchi s’amusait du trouble de la jeune femme puis il la rassura : Pas la peine de démarrer comme une fusée dans vos explications, vous avez raison, il n’y a pas d’infraction, juste un mauvais tour du temps. Pas de constat, affaire conclue ! Elle se dit que peut-être, malgré tout, elle était née sous une bonne étoile et n’insista pas. Elle lui donna une carte de visite avant de démarrer, carte qu’il mit dans sa poche sans la lire.

          La journée commençait sur les chapeaux de roues ! Il lui fallait à présent se pencher sérieusement sur l’affaire Wagner/Martini. Démêler l’écheveau serait ardu ! Pour commencer il convoqua Mylène Martini pour tirer au clair la séparation et le départ de son mari. L’atmosphère n’allait pas être celle des grandes steppes mais confinée comme dans une yourte. Espérons qu’elle ne sera pas claustrophobe et répondra à toutes les questions car il allait la presser comme un citron !

          Elle avoua avoir un amant… Son mari était au courant… Et comment s’appelait ce monsieur ? Didier…Didier comment ? Il fallait lui extirper chaque mot… Euh… Didier… Wagner… Quoi ? Avec ce cri, toutes les planètes du cosmos risquaient de s’entrechoquer dans la galaxie ! Wagner !, pourquoi ne l’avait-elle pas dit tout de suite ? Elle avait eu peur… surtout quand elle s’était aperçue que son mari était identifié sous ce nom. Didier Wagner habitait-il 24 avenue de Nancy ? Non, plus depuis un an, juste sa femme… Le rapport d’autopsie arrivé sur l’instant révélait que Francette Wagner était la victime…. Mylène Martini poussa un cri : Non ! Ce n’était pas possible ? Et elle s’écroula sur sa chaise en pleurant.

          Didier Wagner avait donc besoin de sa liberté pour convoler avec elle. Serait-il capable d’un tel geste ? Non ! Pas lui… Qui alors ?  Son mari par jalousie ? Elle refusait à présent de répondre et s’enfermait dans un mutisme infini. D’un geste qui n’avait rien de majestueux, le commissaire tapa des poings sur la table. Puisqu’elle refusait de coopérer, il se voyait dans l’obligation de la mettre en garde à vue…

          Tonio Perlicchi s’apprêtait à quitter l’hôtel de police, Victoria l’attendait pour une soirée d’anniversaire. Son humeur n’était cependant pas à l’euphorie….. et encore moins quand le téléphone sonna : Commissaire… Nous avons retrouvés Didier Wagner ligoté dans sa cave…. Râpée la soirée en famille !