Les démons de la mémoire 8 et fin

Violette Ruer

8

          Tonio Perlicchi convoqua dans son bureau son inspectrice Rachel Martini : J’aimerais que vous me donniez votre opinion sur votre belle-sœur Mylène, et sur vos neveux. La jeune femme parut surprise, cependant comme elle n’avait aucune empathie envers Mylène depuis qu’elle savait qu’elle trompait son frère, elle voulut bien dire ce qu’elle savait du couple. Sa belle-sœur était l’archétype de la femme blessée dans son enfance par un père coléreux et violent. D’un tempérament soumis, elle avait soudain changée, son attention particulièrement tournée vers son apparence. D’abord gaie comme un pinson, traînant notamment dans les instituts esthétiques, puis dans un état dépressif, elle en voulait alors à la terre entière. Tout lui semblait intolérable et elle souhaitait mourir.



          Tonio entrevoyait une ouverture : sa déprime datait-elle d’un mois  parce que son amant avait rompu avec elle ? Rachel l’ignorait, elle ne connaissait le nom de l’amant que depuis le début de l’affaire, son frère ne lui avait pas donné cette information. Et les enfants ? Eric, quinze ans, de nature introvertie, élève appliqué avait des résultats médiocres ces derniers temps, jusqu’à devoir redoubler ; Nicolas, douze ans, à l’inverse, enfant hyperactif, toujours en train de ruminer comme un bovin sauvage, était une force de la nature, célèbre pour ses bagarres au collège, mériterait une rigueur plus appuyée dans le domaine de l’éducation. Tonio Perlicchi se gratta la tête : Nous allons convoquer tout ce petit monde ! Rachel sortit de la pièce en demandant comment s’appelait la femme qui avait sauvé son frère. Pourquoi cette question ? Juste pour la remercier… murmura la jeune femme. Michèle Norman. Rachel s’arrêta net… Que lui arrivait-il ? Mais… elle connaissait cette femme ! Tonio sauta de son siège ! D’où ? Comment ? C’était une amie de sa belle-sœur… Les derniers doutes du commissaire s’effacèrent immédiatement, voilà le lien ! Ce dernier détail était un morceau de choix ! Il donna aussitôt des ordres à ses inspecteurs  pour que les deux femmes soient ramenées au poste de gré ou de force !


        Une heure plus tard ces dames, menottées, gesticulaient en hurlant que c’était une honte de les traiter ainsi ! Tonio n’était pas au bout de ses surprises ! Michèle Norman était également la personne qui avait failli emboutir sa voiture devant l’hôtel de police ! Eric, le fils Martini, encadré par deux agents, leur donnaient de grands coups de pieds dans les mollets. Pourquoi avoir amené l’adolescent ? Ils les menaçaient avec un poignard !


          Après des heures d’interrogatoire, enfin la vérité tomba : Tout d’abord les papiers de Régis falsifiés, œuvre d’Eric pour brouiller les pistes.  Il avait déjà organisé sa vie en fonction de la séparation de ses parents et en voulait à son père d’avoir tout fait capoter en prévenant la femme de Didier Wagner. Michèle Norman avait suivi Régis Martini  en compagnie de Mylène et d’Eric qui savaient que Régis finirait pas s’arrêter sur une aire de repos comme il le faisait quand ils partaient en vacances. Michèle n’avait donc pas sauvé Régis mais participé à l’agression. Puis retour chez Didier Wagner.


          Ce dernier n’avait pas menti au commissaire, il voulait vraiment reprendre une vie normale avec sa femme en rompant avec Mylène qui devenait de jour en jour plus hystérique et jalouse. Les deux femmes et Eric se sont rendus dans la maison où Didier fut attaqué par surprise par trois personnes masquées, attaché dans la cave et brutalement frappé. Malheureusement Charlène Wagner rentra chez elle plus tôt que prévu. Elle hurla mais en quelques secondes fut ligotée à la poutre centrale du salon avec le câble provenant du bateau que son mari venait d’acheter. Ils devaient partir faire un petit séjour au bord de la mer pour se retrouver et sauver leur ménage.


          Soudain elle reconnut Mylène, se qui décupla la rage de celle-ci. Elle prit le poignard d’Eric et trancha la gorge à la malheureuse. Un vrai carnage ! Le commissaire était écoeuré, que de vies perdues pour une histoire sordide ! Il hurla : Otez-les de ma vue et prévenez le Parquet ! Comme il l’avait pressenti à l’hôpital : Didier Wagner et Régis Martini étaient innocents, du moins pour le meurtre car moralement, qu’en penser ?


FIN

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