Les derniers trains au départ

Allain Louisfert

Un gigantesque astéroïde va frapper la Terre dans quelques heures, un homme qui a perdu sa mère de vue veut la revoir. L'humanité est promise à une fin certaine, les "Alliens" vont-ils intervenir ?

                                  Allain Louisfert


              Les derniers trains au départ, ou le plus gros astéroïde jamais connu va frapper la Terre


                                              Roman

                                       Avant-propos

Œuvre de fiction, toute ressemblance, etc.


                          Les derniers trains au départ


        La SNCF communique la liste des derniers trains :

Départ Paris Montparnasse : IDTGV Bordeaux 18H28

Départ de Paris Gare de Lyon : TGV 6627 17h53 LYON-PCHE 13(Hall 2) TGV LYRIA 9277 17h57 LAUSANNE H(Hall 1) TER 891021 18h00 LAROCHE-M. K(Hall 1) IDTGV 2921 18h07 PERPIGNAN (Hall 1) TGV 6217 18h07 PERPIGNAN

  Cette date du 5 octobre 2013 sera-t-elle retenue ? Par simple esprit de routine et aussi pour ne pas ajouter à la panique, la SNCF affiche les horaires des trains au départ et à l'arrivée partout en France, presque comme si RIEN n'était ! Néanmoins on ne fera pas partir les trains dont l'heure d'arrivée serait postérieure à 23h 35 (notez bien cette heure : c'est celle de LA catastrophe « présumée »), pas plus que les avions et autres moyens de transport. Qu'en sera-t-il du métro, du RER, des bus, des taxis ? Comment pourrait-on retenir cette date puisque l'humanité va périr aujourd'hui. Vous voulez dire que la fin du monde c'est pour maintenant ? Donc ce livre ne verra jamais le jour ? A quoi bon vous fatiguer !

L'avion d'Air France en provenance de Paris a failli rater son atterrissage à Singapour (il y a une heure). Un avion russe, contre toutes les règles, lui a grillé la priorité, pourrait-on dire, en s'intercalant entre lui et le précédent en approche… Dans le monde entier la folle nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre. Néanmoins plus de la moitié de la population du globe n'en sait rien, une autre partie préfère ne pas savoir, les politiques n'ont encore rien dit dans notre pays. Aux USA non plus.


                   Je me suis toujours senti le meilleur !


Né le jour de Saint Parfait (je le fais souvent remarquer), je me suis toujours senti au-dessus de la mêlée. Le dernier de la famille, mon frère et ma sœur ont, dès ma naissance, senti qu'en tant que « petit dernier » je serais le chouchou de ma maman, ce qui ne manqua pas de se produire ! J'en abusai souvent, j'en fis ce que je voulais de ma mère, elle était toujours consentante, il est vrai que lorsque j'étais un petit enfant j'étais gentil avec elle, je peux dire que je l'aimais, c'était réciproque, nous étions « fusionnels » comme on dit maintenant. Puis au fil du temps, après l'adolescence, nos sentiments respectifs évoluèrent, ma mère n'appréciant plus systématiquement mes « débordements » et moi son intransigeance sur le plan moral. Nous cessâmes toute fréquentation (eh oui !) Je refusai tous ses appels téléphoniques.

Maintenant je suis mal.

Je n'ai plus que quelques heures pour revoir ma chère maman… Elle habite la région parisienne (banlieue sud de Paris), moi Bordeaux, je ne pouvais quitter ma compagne et mes enfants aussi je la suppliai de prendre le TGV de 18H28 qui arrive à Bordeaux vers 21H30. Nous n'aurions pas deux heures à passer ensemble. Le déchirement !

- C'est un canular, ne croyez pas à ces bêtises ! lui dit le chauffeur de taxi qui conduisit ma mère vers Montparnasse (elle me rapporta ces paroles depuis son smartphone)

- Vous avez tort de ne pas y croire ajouta-t-elle. Les chaînes « en boucle » BFM et autres ne parlent que de cela depuis ce matin. Sur le plan officiel : rien. Les observatoires ont-ils reçu l'ordre (ou le conseil) de ne rien dire ? Et ceci au plan mondial ? Cela ne s'est - semble-t-il – jamais produit à une telle échelle sur Terre. La terrible nouvelle commence à avoir des effets dévastateurs sur les populations, on ne compte plus depuis ce matin les gestes désespérés de par le monde. Le plus gigantesque des astéroïdes connus s'apprête à pulvériser notre planète dans les prochaines heures. On parle de plus de dix kilomètres sur quatre, sur deux, il s'approche à plus de dix kilomètres par seconde. Dans l'état actuel de nos connaissances et de nos possibilités, il est absolument impossible de faire varier d'un iota la trajectoire de ce corps céleste ! Le président des Etats-Unis doit (enfin) s'exprimer d'un moment à l'autre. BFM lance une alerte info (sous-titre permanent) : « l'image qui apparaît par intermittence sur votre écran (quelque soit le programme que vous regardez) qui montre une longue série de soucoupes volantes presque bord à bord ne fait pas partie du programme que vous regardez, cette image n'apparaît que sur les téléviseurs reliés à une parabole. » Effectivement, les téléviseurs fonctionnant sur le réseau Internet et la TNT ne sont pas concernés… Voici comment on peut expliquer cela : les téléviseurs qui reçoivent les programmes depuis le satellite Astra (géostationnaire comme tous les satellites retransmettant les programmes de TV) situé à 36000 Km de la Terre affichent « malgré eux » cette image. Dans le TGV vers Bordeaux, il y a ceux qui pensent à un énorme canular, les autres se divisent en :

- C'est la fin de l'humanité donc la fin du monde annoncée.

- Peut-être que nous serons beaucoup à en « réchapper », la Terre en a vu d'autres !

Les comportements « humains » que l'on rencontre dans ces circonstances tels que toilettes du train toujours occupées (allez savoir pourquoi !) Des discussions sans fin, portable collé à l'oreille pour un grand nombre, les yeux rouges, mais curieusement pas de scènes de paniques… A Bordeaux St Jean, j'ai quelques difficultés à la reconnaître, elle a vieilli ma chère mère, nous tombons dans les bras l'un de l'autre et nous serrons très fort. Je la conduis chez moi, elle n'est jamais venue ici. Puis Obama vint à parler, il nous exhorte à la prière, quelle que soit notre religion, évidemment ça ne peut pas faire de tort. Il s'étend sur l'espoir que ce monstre venu du fond de l'univers ne fera que frôler notre planète (entre temps les astronomes se sont exprimés et ne sont pas optimistes). Le président français a préféré se taire. Pour les « soucoupes », là je pense à un canular, maman est sceptique, ma compagne vient de nous rejoindre (elle sort de l'avion, elle travaille dans une « grande compagnie », comme moi, en tant qu'hôtesse de l'air), elle, y « croit ».

Ce soir, depuis une éternité, nous sommes réunis, maman, ma compagne Sylvie, mes filles Carla et Émilie (9 et 7 ans et demi).

- Tu te souviens quand tu me disais de ne pas sortir de voiture quand j'allais te chercher à la sortie du lycée à St Germain ?

- Oui, à cette époque je n'étais pas bien grand et comme je n'arrêtais pas de dire à mes camarades que mes parents étaient grands… (mon complexe d'infériorité s'est transformé en complexe de supériorité depuis).

Maintenant pratiquement toutes les chaînes de TV montrent le même bandeau sous l'image de leur programme « l'image qui apparaît par intermittence sur votre écran (quelque soit le programme que vous regardez) qui montre une longue série de soucoupes volantes, etc. Ici nous avons la TV Internet, on ne voit pas cette image en direct mais on la montre en image fixe, j'ai peine à croire à cette rumeur qui enfle mais après tout, pourquoi ne pas s'accrocher à l'invraisemblable quand il ne reste plus que cela… Un de mes amis m'appelle et me dit : « que penses-tu de ce qui nous arrive ? D'abord cette énorme masse qui fonce vers nous, maintenant nous pouvons voir à la TV ces engins d'un autre monde (il a la télé par satellite), je ne crois plus à un canular, par intermittence j'aperçois des sortes de rayons verts braqués vers la même direction. Ces machines nous envoient peut-être un message par l'intermédiaire d'Astra, pas de son mais des sortes de caractères (comme des hiéroglyphes) apparaissent à l'écran, ils semblent danser, des signes un peu comme des chiffres, à certains endroits, ahurissant ! Tu rates. » (Ces engins sont-ils vraiment d'ailleurs ? Peu importe, à l'heure qu'il est. La rumeur dit qu' « ils» sont en train d'essayer de dévier la trajectoire de l'astéroïde « géocroiseur » ! Donc, il n'y a plus de canular, le premier possible : l'astéroïde, le second : les OVNI, maintenant les sceptiques commencent à « croire » à cette possibilité d'une aide des E.T., quant aux convaincus ils n'ont plus de doutes). Les petites posent sans cesse des questions :

- Maman qu'est-ce qui se passe ?

- Les enfants, si je le savais vraiment ! Il y a une grande menace pour notre Terre et pour nous bien sûr.

- Tu crois qu'on peut mourir ? Pourquoi « ils » n'en ont pas parlé avant ? Puis elles se mettent à pleurer en s'embrassant, elles communiquent leur chagrin à tout le monde.

- Mamie Lyly, pourquoi on ne te voyait plus, dis ?

- C'est papa qui ne voulait pas, maintenant je crois qu'il regrette d'avoir perdu tout ce temps sans voir sa mère et de nous avoir privés l'un de l'autre ! Je me fâche un peu :

- tu penses que c'est le moment de parler de cela aux gamines ? Tiens, regarde un peu ce que dit la TV. « A 22H25 on nous annonce en dernière minute que le président de la république s'est entretenu avec le ministre de la défense, ce dernier s'avoue complètement incompétent en la matière, néanmoins on nous laisse entendre que le président et lui ont parlé d'un sujet qui a été depuis toujours tourné en dérision par la majeure partie de la population, classe politique comprise, à savoir la possibilité qu'une civilisation extra-terrestre ou plusieurs nous rende visite, nous observe, tente de nous contacter ». (…on croit rêver, je rêve ? moi le rationaliste qui n'ai jamais cru aux histoires d'Ovni et assimilés, entendre cela me laisse coi). Sur une autre chaîne en boucle : « En Australie, des passants tombent au sol après avoir perdu l'équilibre, jusqu'à présent un tel phénomène ne s'était jamais présenté. Les kangourous ont un comportement très bizarre, certains deviennent agressifs sans raison apparente. Et vous, qu'avez-vous remarqué d'inhabituel ? Connectez-vous sur notre site pour nous le préciser. »

Maintenant ce qui se produit est proprement ahurissant : En ce moment précis tous les téléspectateurs du monde voient cette image surréaliste d'un engin venu d'ailleurs qui se trouve devant le Capitole à Washington, ensuite en gros plan, descendant d'une « passerelle » Barack Obama aidé d'un « être » !

[Un rappel : « Bataille » de L.A. 25 février 1942, la bataille de L.A. (Los Angeles, rappelons que nous sommes en pleine 2ème guerre mondiale et les Etats-Unis se préparaient activement à une invasion de la part du Japon) Bataille de LA / copié collé La soirée du 24 février fut ordinaire, quelques exercices suivis de silence avant 22 heures. Je suis allé me coucher et j'ai lu un peu à la lumière de la lampe électrique que je cachais sous mon oreiller, puis je me suis endormi. Vers 3h15, je m'éveillai au bruit de ce que je cru être un orage distant, puis je pensais qu'un exercice avait repris malgré l'heure tardive mais il y avait quelque chose dans la vitesse et l'intensité du bombardement qui ne collait pas avec ce que nous entendions tous les soirs. Ma chambre faisait face au sud si bien que je voyais l'océan de biais, cependant le coin de ciel que je pouvais voir était empli de lumières aveuglantes de projecteurs ainsi que d'éclairs lumineux d'explosions. Grâce à tous les exercices sur des cibles dont j'avais été témoin, j'étais tout à fait à l'aise pour reconnaître quelque chose de différent. Les faisceaux des projecteurs et les explosions avaient toujours eu lieu assez loin au dessus de l'océan et pour la plupart, invisible depuis ma fenêtre quand j'étais dans mon lit. Cette fois-ci, tout semblait beaucoup plus proche. J'entendis mes parents parler dans le couloir et je sortis. Mon père avait l'air inquiet et disait que ça n'avait aucun sens. Il était gardien de surveillance de raid aériens et avait essayé de joindre le quartier général de la défense civile mais il n'obtenait pas de réponse. …/… Il est vite revenu, plus inquiet que jamais et dit à ma mère de m'emmener ainsi que mes trois grands-parents qui vivaient avec nous, en bas dans l'abri qu'il avait commencé à construire l'après-midi du 7 décembre… La bataille de Los Angeles est un « classique » de l'ufologie : les tirs depuis le sol n'avaient aucun effet sur les « appareils » pris dans les faisceaux des projecteurs.]

L'être avait une forme humaine, était de petite taille, vêtu d'une combinaison verte, il semblait que sa tête était disproportionnée car plutôt grosse, un crâne en « pain de sucre », quant aux yeux bridés ils étaient immenses, presque pas de nez, une bouche à peine perceptible, bref le parfait petit homme vert des romans de SF. C'est lors de l'interview qui suivit que le président des Etats Unis indiqua la raison de sa faiblesse constatée pendant la descente : il dit qu'après avoir été en état d'apesanteur pendant au moins une heure alors qu'il retrouvait brusquement la gravité terrestre lui avait « coupé les jambes » et s'était ajouté au traumatisme subi pendant le contact rapproché. Le temps nous est compté maintenant mais nous nous prenons à espérer malgré tout car après avoir vu Obama en cette compagnie encore inimaginable il y a moins d'une heure pour pratiquement chacun de nous - ceux qui « croient » aux OVNIS comme ceux qui n'y croient (croyaient ?) pas – nous rend l'espoir. Pourquoi le récit d'Adrienne Bolland me revint-il en mémoire à ce moment précis ? (est-ce de la transmission de pensée ?, nous allons y revenir tout de suite). Quand j'étais plus jeune mon père me « bassinait » avec « ses » histoires liées à l'Histoire de l'aviation alors que je n'y étais pas très sensible car plutôt tourné vers l'avenir. Je suis pilote de ligne dans « une grande compagnie » comme il est d'usage de dire, il m'arrive, quelquefois, lorsque je survole les Andes en 777 – « triple 7 » comme nous disons pour le plus gros biréacteur du monde, le Boeing 777 - de repenser à cette aviatrice si téméraire qui a vaincu les hauts sommets de la Cordillère aux commandes de son Caudron G3 sous motorisé entre Mendoza –Argentine – et Santiago du Chili.

Voici l'essentiel de l'interview d'Obama par CNN :

- Monsieur le président, vous comprendrez que nous sommes avides de vos réponses !

- Je vous comprends, quand je pense que je faisais partie des sceptiques quant à la possibilité de rencontrer une forme d'humanité, disons « avancée » car c'est ce que je déduis de la rencontre que je viens de subir : il s'agirait peut-être bien de représentants de notre humanité mais à un stade infiniment plus développé, comme vous pouvez l'imaginer, que celui auquel nous nous trouvons, je ne sais si je me fais bien comprendre… Bien sûr, je ne doute pas un instant que certains penseront à un subterfuge, à un montage, à un trucage aussi je ne peux que les encourager à faire l'effort nécessaire pour admettre cette réalité. - Vous voulez dire que nous n'avons pas affaire à une espèce venant d'outre espace ? Si je peux m'exprimer ainsi.

- Exactement ! Et c'est plus complexe qu'il n'y paraît mais pour simplifier, je dirais qu'eux sont « dans leur temps à eux » le plus souvent et nous dans le nôtre. Il semblerait, d'après ce que j'ai pu comprendre car la difficulté de communiquer est de tous les instants, qu'ils aient des « bases » terrestres depuis toute éternité, ce qui ne les empêche pas d'aller et venir dans un univers « proche » (si je puis dire) et aussi, bien plus lointain. Ici je repense à l'aventure d'une aviatrice française des débuts de l'aviation (la transmission de pensée ?) : une voyante ignorante des choses de l'air lui avait prédit ceci, alors qu'elle n'avait jamais visité cette région montagneuse : « à un moment vous serez dans le fond d'une vallée qui tourne à droite. Il y aura un lac. Vous le reconnaîtrez: il a la forme et la couleur d'une huître, vous ne pouvez pas vous tromper. Vous aurez envie de tourner à droite. Il ne faut pas. Les montagnes sont plus hautes que vous ne pouvez monter et il y a des forces maléfiques de ce côté.» Eh bien, par télépathie «ils » ont réussi à me transmettre ces informations: ils possèderaient une base importante dans la région de ce lac, dans les Andes… et là j'avoue que je manque de recul (il me faudra, si le temps m'en est donné, m'entourer de spécialistes de la relativité car Einstein –jusqu'à présent- n'était pas ma tasse de thé ! -sourire-. Tenez-vous bien : eux seuls peuvent manipuler l' « espace-temps » comme l'on dit en S.F. et d'après ce que j'ai pu comprendre, ils ne s'en privent pas ! ».

Ceci pourrait contribuer à un début d'explication de l'incroyable histoire arrivée à un avion de transport de fret appartenant à une compagnie allemande, qui transportait du matériel « high-tech » dans les années 80; celui-ci survolait les Andes quand il avait disparu subitement des écrans radar sans qu'aucune trace n'en soit jamais retrouvée. S'était-il –malgré lui- retrouvé dans un univers parallèle, dans le futur ? Des humains le sauront-ils un jour ? Maintenant qu'il ne reste qu'à peine une heure, que pouvons nous faire ? C'est la question que le monde entier se pose. Évidemment l'on ne peut s'empêcher de se laisser gagner par un certain optimisme : après avoir entendu les propos d'Obama, si, dans le futur, les Alliens (appelons-les comme cela ou bien E.T. mais sont-ils vraiment des extra-terrestres ? En fait peu importe pour le moment) peuvent se trouver sur la Terre c'est que la destruction de celle-ci n'aura pas eu lieu ou en tout cas qu'elle aura été limitée… - Croisons les doigts, dit ma mère, qui ne parait plus trop croire à la catastrophe finale annoncée.

- Au moins tout cela aura permis de vous retrouver ajoute Sylvie, qui n'est pourtant pas pour rien dans notre éloignement.

- Pourront-« ils » faire quelque chose ? ajoutai-je, bien que je ne suis toujours pas, hélas, convaincu de « leur » réalité. - Ah bien sûr toi le rationaliste ! Bon sang ! Que fais-tu de l'observation d'un de chez nous, qui a fait état de l'observation, lors d'un vol Nice Londres, d'un énorme engin de plusieurs centaines de mètres de longueur, survolant la région parisienne, c'est Jean-Charles D., la copilote Valérie D. l'a aperçu aussi ainsi que les radars ! mais quand on ne veut pas croire ! Les échanges continuèrent plus longtemps qu'on ne l'avait voulu, chacun défendant sa position. Il n'était pas question de laisser passer l'heure !

- Je ne comprends PAS ce qu'il se passe dit maman, je suis certaine d'avoir vu l'heure affichée en bas de « la télé » il y a quelques minutes : c'était 23H27, je me suis même dit : « c'est pour tout de suite ».

- Oui, et alors ?

- Il ne s'est RIEN passé, cria ma compagne ! Regarde l'heure ! (un bref coup d'œil à ma montre : 23H40), OUF ! on s'en est « sorti » ! C'est à peine croyable, j'exulte… Merci les E.T. ! (Il faudra que je mette ma montre à l'heure mais aussi ma façon de penser). Je sais que j'aurai du mal à accepter cette évidence : la Terre renferme encore bien des secrets, une autre civilisation que la nôtre, même en considérant que celle que nous allons commencer à découvrir en est issue (mais comment en être sûr ?) partage avec nous notre planète. Tout d'abord, comme les habitants de la Terre entière je suppose, nous nous congratulons et nous embrassons en pleurant de joie lorsque nous réalisons ce qu'il vient de se produire : nous avons échappé à une catastrophe effroyable. Maintenant à quelles suites doit-on s'attendre ? Si nos bienfaiteurs pensent comme nous, nous devons nous attendre à devoir donner des « compensations », peut-être que ceux-ci sont complètement étrangers à cette façon de penser et c'est tant mieux pour notre humanité ! Obama se félicite de la tournure qu'ont pris les évènements et n'est pas le dernier à admettre que la manipulation de l'espace-temps n'est pas encore notre domaine. Quant aux dirigeants français, à part le président et le premier ministre qui se sont exprimés dans la joie, ils attendent une heure plus adaptée pour en dire davantage. La nuit qui suivit, je ne dormis pas bien, une sorte de malaise me tint éveillé car je me dis que plus rien ne serait comme avant (avant c'était quand l'existence de nos « frères » appartenant à une humanité différente n'était pas officiellement reconnue).

Mon prochain vol m'emmènerait à Kuala Lumpur (13H50 sans escale), c'était après-demain que je devais rejoindre Roissy d'où je partais le plus souvent. A raison de deux vols long-courrier et demi par mois je ne me sentais pas surchargé mais la fatigue était plutôt liée au stress engendré par cette fonction. Le vol suivant me conduirait au Chili ! Par Buenos-Aires. Était-ce cela la raison de mon insomnie ? Maman rentra chez elle, nous nous promîmes de donner des nouvelles chaque semaine, dans le cas où je me trouverais à l'étranger je ne pourrais répondre à un appel ni appeler sauf urgence.


                                     Le prix à payer ?


Je suis OPL (copilote) sur 777, comme je l'ai déjà dit. Sur la première partie du vol nous menant vers Buenos-Aires, j'étais avec l'autre copilote : PEF (pilote en fonction) ; le, plutôt la, commandant de bord (CDB ou « captain » dans notre jargon) étant en repos ainsi qu'un autre « copi » comme cela se passe souvent sur les très longs vols, c'est ce qu'on appelle équipage renforcé . La CDB avait été PEF lors de la phase de décollage. La dernière partie du vol verrait aux commandes la CDB et le troisième copi et nous irions nous reposer, ouf ! Vous me suivez ?

Le vol vers Santiago continuerait avec la CDB et moi-même comme copilote, les deux autres copilotes restant à Buenos-Aires où notre vol AF394 est attendu à 7H50 locale (12H50 heure de Paris), nous avons un quart d'heure de retard, rien d'anormal. Santiago est prévu une heure quarante cinq minutes après le décollage de Buenos-Aires, environ une heure pour traverser les Andes, c'est peu. Inutile d'ajouter que cette partie du vol en laisse plus d'un le souffle coupé tellement les paysages grandioses de montagnes parsemées de lacs, de rares petites villes au bord de plateaux sont d'une intense beauté. Le miroitement des eaux des fleuves et rivières augmente encore notre ravissement, même les plus blasés succombent.

                                                    *

A un moment (plus qu'un moment ?) seul dans la cabine, la captain s'étant absentée, j'aperçus Mendoza et là je ne pus m'empêcher d'y penser : c'est de cette ville que notre héroïne partit le 1er avril 1921 pour sa traversée légendaire aux commandes de son Caudron G3 .


                                                    *

D'abord le froid omniprésent qui me glaçait tout le corps, j'avais beau m'être protégée avec du papier journal enfoncé dans mes vêtements, je ne pensais qu'à cela : avais-je encore des mains ? Je ne savais pas ce que je faisais là ! Il me fallut bien dix minutes pour comprendre ma situation… Qui étais-je ? Je commençais à me rappeler comme dans un brouillard ma nuit à Mendoza, j'étais là pour traverser les Andes, je n'avais aucune idée de la date, ça se passait mal dans mon cerveau ! J'avais envie de pleurer tellement je souffrais, soudain mon identité me revint : j'étais Adrienne Bolland, une femme de caractère qui n'avait pas pleuré depuis longtemps. En dessous, je ne reconnaissais rien (j'avais pourtant dû préparer mon vol !) comment avais-je pu oublier mes cartes ? Il ne me restait que le soleil pour m'orienter, si peu ! Ensuite, mon moteur de 80 CV, c'est faible, il faut faire avec, la montagne qui se rapproche, heureusement je ne vole pas vite, je tire sur le manche, commence à monter, je surveille le compte-tours, il ne faut pas l'emballer, et la pression d'huile ? Et la température culasse ? J'essaie de garder le cap à l'ouest, mon moteur souffre, de l'endroit où je suis je me rends compte que « ça ne passera pas », je vire de 180 ° pour m'éloigner de la montagne avant de recommencer la montée de plus loin, j'en profite pour diminuer les gaz afin de laisser le moteur « souffler » un peu un moment en restant en palier… Je fais une nouvelle tentative, je me remets cap plein ouest en commençant à monter en même temps, je crois que je passerai, le vent souffle de l'est (vers la montagne) et devrait créer une ascendance (j'en ai bien besoin) mais ATTENTION de l'autre côté : les « dégueulantes » : les « rabattants » qui là ne m'aideront pas. Je me souviens des prévisions de la voyante et du lac en forme d'huître et bien que ne croyant pas beaucoup à ces choses-là, au dernier moment je reconnais le lac et suivant son conseil je tourne à gauche ! Je ne vous raconte pas toutes les péripéties avant et après mon arrivée à Santiago du Chili, je cite ici un court extrait de mon « journal » : « Je volais depuis près de trois heures. J'avais beau avoir pour neuf heures d'essence, je n'en menais pas large. Tout à coup, sur ma droite, j'aperçois des cours d'eau qui coulaient dans l'autre sens. Et tout de suite après, la plaine, avec une grande ville presque droit devant moi. Santiago ? Ce n'était pas certain, mais des villes de cette importance, il me semblait qu'il ne devait pas y en avoir des quantités au Chili. Le temps de me poser la question et j'étais dessus. On m'avait dit que l'aérodrome était à 7 kilomètres de la ville. Je fais un virage à gauche et j'aperçois, sur le terrain, des points qui brillaient sous le soleil. En m'approchant, j'ai compris: on m'attendait avec la musique militaire... Avec mes doigts raides , j'ai eu l'impression que je n'arriverais jamais à me poser sans casse. Mais tout s'est passé on ne peut mieux. On avait étendu sur le terrain trois drapeaux: celui d'Argentine (d'où je venais), celui du Chili et le drapeau français. J'ai touché, hélice calée, au beau milieu de nos couleurs. Je ne l'avais pas fait exprès, mais tout le monde a crié au miracle: «Quelle précision !»

Ce jour-là le vol Air France n'arriva pas à Santiago ! « On » nous dit que nous sommes arrivés DEUX FOIS à Buenos-Aires (mais nous n'en avons aucunement conscience) : la première fois à 8H05 locale (15 minutes de retard), jusque là pas de problème, je m'en souviens très bien. Et la seconde fois à 16 heures (heure locale) ?! Cette dernière escale n'existe tout simplement pas dans ma tête d'autant plus que je suis débarqué souffrant de graves brûlures aux mains. Après l'escale argentine (maintenant je précise : la première), nous avons pris la direction du Chili. La CDB est PEF, au début aucun incident à signaler, La « captain » quitte son poste pour un bref moment, ce n'est que vers Mendoza (c'est ce que l'enquête déterminera avec mon aide) que tout commence à s'embrouiller ! Au risque de me répéter, à Mendoza mes pensées vont vers notre célèbre aviatrice…c'est à partir d'ici que l'avion disparaît des écrans radar du Chili, le transpondeur de notre appareil immatriculé F-GSPA ne montre plus notre position entre l'Argentine et ce pays mais au-dessus de l'Atlantique à des heures de l'atterrissage à Buenos-Aires ! Les secours déclenchés au Chili ainsi qu'en Argentine le seront avec beaucoup de retard et ne donneront rien. L'équipage n'a pas été très loquace car incapable d'expliquer quoi que ce soit, moi pas davantage que les autres, néanmoins je suis le seul membre du vol AF394 qui intéressa plus particulièrement les enquêteurs car je présentais des signes d'hypothermie avancée (je ne vous parle pas de mes mains !) lors de la seconde arrivée en Argentine où je fus, bien sûr, hospitalisé, je fus ainsi le dernier de l'équipage de ce vol AF394 à revenir en France.

A Buenos-Aires le vol vers le Chili sera « cancellé » (annulé) car il n'y aura pas d'équipage de rechange ; il sera proposé aux passagers pour Santiago d'être logés à l'hôtel jusqu'au vol du lendemain… Les autres membres n'ont pas tardé à être rapatriés en France, en pax (passager), on imagine sans mal ! Je suis un héros malgré moi, le monde entier a entendu parler de cet « incident ». Mes proches, y compris ma mère, étaient ravis de recevoir mon appel depuis Buenos-Aires ce jour de début novembre 2013 mais inutile de dire que leur trouble fut énorme, le mot est faible, quant à moi je suis suivi par des psychologues évidemment (même davantage que mes collègues !) comme tout l'équipage concerné par cette « petite manipulation » sur l' « espace-temps », appelons cela ainsi. Jamais aucun des autres membres d'équipage ni aucun des passagers du vol AF394 n'aura été en mesure de fournir une explication sur l'expérience qu'ils vécurent ce jour de la Toussaint 2013, je suis certain que beaucoup ont préféré oublié, quant à moi mon expérience fut double si j'ose dire : dans le laps de temps (8 heures) que chacun a vécu, j'ai expérimenté, ma chair en porte encore les traces, avec un recul de quatre-vingt treize ans, les souffrances d'une célèbre aviatrice des temps héroïques, nous devons une fière chandelle à nos prédécesseurs, sans qui nous ne pourrions pas voler dans le confort que nous connaissons.

Nous, les membres d'équipage, aussi bien PNC (personnel navigant commercial) que PNT (personnel navigant technique) avons repris nos fonctions, pour moi ce fut un peu plus long car je dus passer par des séances de rééducation pour mes doigts et de nombreux entretiens avec les « psys ». Ma licence de pilote fut suspendue pour six mois. L'avion F-GSPA a été examiné sous « toutes les coutures » et a repris du service sur toutes les lignes long-courrier de notre grande compagnie. J'aurais pu avoir moins de chance car le fait d'avoir vécu quelques heures en 1921 aurait pu me vieillir considérablement !


                                 Arrêtez de jouer avec nous !


Bien sûr des recherches vont être entamées par l'ONU, la CIA ; l'OTAN va participer, Google Earth est mis à contribution ainsi que le gouvernement chilien pour essayer de trouver une indication vers le « lac en forme et couleur d'une huître » mais il y a beaucoup d'autres endroits qui peuvent attirer notre attention. Les langues se délient : on parle de l'Antarctique, de l'Himalaya où des mouvements d'engins « bizarres » sont rapportés, d' « appareils » de la taille d'un porte-avion qui émergent des flots et bondissent vers l'espace sous les yeux d'officiers de la Marine Nationale « médusés » ! Peut-on penser que l'humanité est entrée dans une nouvelle ère ? Pour la majorité des personnes interrogées c'est à n'en pas douter. Néanmoins la prise de conscience demandera du temps. Nous avons affaire à une nouvelle gageure : entrer en contact d'une façon constructive avec les Alliens (sont-ils si étrangers que cela ?) Ont-ils envie que nous entrions en contact ?

                                                      *

Vol Airfrance de Buenos-Aires à Paris, le 3 mai 2014

Mesdames et Messieurs, ici votre commandant, Adrienne Bolland et tout l'équipage vous souhaitent un agréable voyage sur ce vol AF393 à destination de Paris-Charles de Gaulle, notre temps de vol sera d'environ 13 heures, décollage dans moins de deux minutes.

A. L   Saint Didier sur Doulon 2014

Signaler ce texte