les deux filles

Sandra Laguilliez

« - C’est comme un vibrateur, c’est ça ? Demanda Virginie

- C’est un appareil à air comprimé qui émet des impulsions. Expliqua Alice.

- D’accord, alors je viens, je pars avec toi. Je ne peux plus vivre sans toi, maintenant. »

            Virginie avait le cœur battant la chamade et se sentait glorieuse. Elle avait peut être, enfin, réussis à convaincre Alice de l’emmener avec elle, sur sa planète, c’était une victoire.

            Alice lui prit la main, c’était bon de sentir sa chaleur, de savoir qu’elles seraient ensembles pour toujours, même si pour cela Virginie devait tout quitter. D’un pas lent, Alice la conduisit dans sa chambre, à l’étage, les escaliers n’en finissaient pas, Virginie aurait voulu courir, mais Alice avait assez de force pour ne pas la laisser faire, alors elle se calma.

            Une fois en haut, Alice ferma la porte à clé, chose parfaitement inutile, puisqu’elles n’étaient que toutes les deux. Virginie s’installa sur le lit, pendant qu’Alice plongea dans son armoire pour en sortir un petit tube de métal à peine plus grand qu’un double décimètre, il y avait deux boutons sur ce tube d’acier, un bleu et un vert, le bout du tube était terminé par ce qui ressemblait à une ampoule de lampe torche. Alice s’arrêta au milieu de la pièce, demanda à Virginie de la rejoindre.

            « - Tu es sure de vouloir partir ? C’est sans retour.

- Tu m’aimeras encore ?

- Evidemment.

- Est-ce que ça fait mal ?

- Tu auras l’impression de dormir. Prête ? »

            Virginie hocha la tête. Alice mit une de ses mains sur l’objet métallique et pris son autre main dans la sienne, puis appuya sur le bouton vert. Une lumière émeraude sortie du tube et les éclaira vivement. Virginie perdit conscience de l’endroit et du temps. Mais tous les souvenirs de ces derniers mois lui revenaient, tous depuis l’arrivée d’Alice dans sa vie.

            « - Je ne sais plus comment faire avec toi ! Soupira sa mère. Tu as décidé de faire toutes les plus mauvaises choses qui soient. On dirait que tu tiens à détruire ta vie.

- C’est faux, je veux être heureuse. Clama la jeune fille.

- Tu n’as que dix-sept ans, tu ne sais rien du bonheur et ce n’est pas à ton âge qu’on l’est.

- C’est au tien, peut être ?

            Elle ne répondit pas, sa mère avait tord, elle pouvait être heureuse à son âge.

- On ne l’est pas en aimant les filles, en tout cas. Cracha la mère, désœuvrée. »

            Virginie ne voulait pas en entendre plus, elle ne voulait plus pleurer, plus la voir, elle s’enfuit en courant, courir, aller le plus loin possible pour être heureuse, disparaître de la maison. Elle n’aimait pas la maison, trop de mauvaises choses s’y étaient passée, elle la haïssait cette maison. Tout est bizarre dans la vie de Virginie, sa constance à être malheureuse, a être détruite par les autres. Elle aurait voulu tout effacer, être heureuse, être aimé, pas d’un garçon, elle n’aimait pas les garçons, ils faisaient trop de mal, alors que les filles étaient douces et sensuelles, belles.

            Elle s’arrêta de courir. Regarda autour d’elle. Les petites maisons avaient disparus, laissant place à de grande maison avec jardins. Elle ne connaissait pas cet endroit, elle n’y était jamais venue auparavant, mais elle n’était pas perdue, c’est juste que les pauvres ne font jamais dans le coin des riches. Devant elle il y avait un jardin, étrange, les fleurs étaient odorantes, elle les sentait même de là où elle était. Les arbres étaient gigantesques et sinueux, comme des corps en souffrances. Virginie avança un peu vers la clôture et observa la maison, grande et belle, un peu sombre.

            Une fille apparut à la fenêtre du haut. Même si elle avait le droit d’être dans cette rue, Virginie savait que c’était mal d’observé chez les gens. Elle observa de nouveau la fenêtre, mais la fille n’y était plus. Virginie n’avait plus vraiment le choix maintenant, il allait falloir qu’elle rentre chez elle, affronter sa mère et son horrible beau-père, elle aurait le droit à une correction « maison », et ça ne l’enchantée guère. La dernière fois, il lui avait fallu deux jours pour se remettre des coups qu’il lui avait donnés. 

            « - Attend ! Hurla une voix, alors qu’elle avait tourné les talons. Attend !

- Je regardais seulement la maison. S’excusa précipitamment la jeune fille.

- Je sais. Comment tu t’appelles ?

- Virginie. Et toi ?

- Alice.

            Elle détailla la Alice en question, une brunette, aux yeux bleus, ses cheveux longs étaient retenus par un bandeau bleu, du même tissu que sa robe courte, elle avait un air mystérieux et plein de malice. Elle était belle et souriante, avec un visage de poupins et des membres ronds.

- Tu habites ici ? Questionna Alice.

            Virginie écarquilla les yeux. Comment pouvait-elle dire ça, ne voyait-elle pas ses pauvres vêtements et son allure ?

- Non, dans le quartier tout en bas. Marmonna Virginie, confuse, mais incapable de mentir.

- Oh ! Gémit l’autre.

            Cela fit rougir Virginie, elle était pauvre et face à cette fille de la haute c’était traumatisant.

- Moi qui pensais qu’on aurait pu prendre le même chemin pour aller au lycée. Ajouta la brune. Je suis nouvelle ici, et je n’ai pas d’ami. Se plaignit la fille. J’avais espéré que toi et moi, on aurait pu…

- Ah ! Mais…

- Tu veux venir à la maison ?

- C’est que je dois rentrer, il va bientôt faire nuit.

- On te ramènera en voiture. Promit-elle. »

            Virginie accepta, au pire les parents d’Alice la jetteraient dehors, mais elle aurait au moins fait quelques pas dans la grande demeure. La maison était splendide, en vieux bois et aux couleurs beiges ou jaunes, c’était beau et sobre. La mère d’Alice était une gentille femme d’une quarantaine d’années, artiste peintre, elle avait un atelier à l’arrière de la maison, elle était ravie qu’Alice se soit fait une amie et jura de ramener Virginie chez elle, quand elle le désirerait.

            Alice l’informa que ce n’était pas ses vrais parents, qu’ils venaient de l’adopter, mais qu’ils n’avaient pas vraiment parlés d’elle aux autres familles du quartier et elle était trop timide pour oser aller les voir.

            « - Mais tu es bien venue me parler à moi ! S’étonna Virginie, alors qu’Alice la faisait entrer dans sa chambre.

- Je pensais que tu savais, puisque tu regardais ma chambre. J’ai cru que mes parents t’avaient prévenu, c’est tout.

- Moi, si j’avais une fille aussi belle que toi, je préviendrais la terre entière. Commenta la jeune fille.

            La chambre était grande, bien entendu, il y avait un lit double, recouvert de bleu, les murs étaient aussi tapissés de cette couleur pastel, il y avait aussi un bureau, une armoire et un home cinéma, des fauteuils confortable et des tapis.

- Toi aussi, tu es belle. Affirma Alice, en s’installant dans un fauteuil.

            Virginie rougit, si seulement elle savait à quel point ce commentaire anodin lui était difficile, pour ne pas paraître embarrassée, elle se retourna, pour se retrouver face à un immense miroir.

            Virginie essaya de lisser ses cheveux mi-long, être blonde n’était pas un avantage pour elle, ils faisaient trop ressortir ses yeux bleus ciel, et son nez trop long, si elle avait été un peu plus grande et sans acné, elle aurait pu passer pour le stéréotype de la blonde à forte poitrine, un peu bête, elle se trouvait un peu trop commune et discrète pourtant.

- J’ai mal au dos. Gémit Alice, en se massant le bas du dos.

- Pourquoi ? Tu as porté quelque chose de lourd ?

- Non, mais j’ai dormi là, toute la nuit. Dit-elle, désignant le fauteuil.

- Mais ton lit ?

- Je n’ai jamais eu un tel lit, à vrai dire, il me fait peur.

- J’aimerais bien avoir un lit comme celui-ci.   

- Tu peux l’essayer si tu veux. 

            Elle n’hésita pas un instant, et se laissa tomber, en riant. Elle fit signe à Alice de la rejoindre. C’était marrant de faire les folles dans un tel lit, mais après quelques instants la brune se figea, assise en tailleur, sur un oreiller.

- Est-ce que tu voudras dormir ici, un jour ?

- Je pense que c’est une mauvaise idée, Alice, on ne se connait pas.

- Justement ! S’opposa la fille. On apprendra à se connaître…Aujourd’hui, tout est gris, dehors, et il fait sombre dans la maison.

- Oui. »

            Après trois heures à discuter d’étranges banalités, Virginie fut raccompagnée chez elle, après avoir dû jurer à Alice qu’elles resteraient amies.

            Sa mère l’attendait de pied ferme, le visage fermé, les poings sur les hanches. Après avoir remercié Mme Laurance et sa fille d’avoir ramené sa fille, elle affirma à sa fille qu’il n’y aurait pas de diner pour elle ce soir là. Virginie avait envie de repartir chez les Laurance, près d’Alice, la gentille et douce Alice et de sa mère tout aussi aimable, qui elles l’auraient fait manger. Son beau-père était là, lui aussi, au courant de tout, naturellement. Il riait aux éclats, choses inattendu. Il assena à sa belle-fille une claque dans le dos. Sa mère en fut choquée.

            « - Au moins, tu te tapes un bourge ! Cria-t-il.

- Je…Commença-t-elle. Je ne suis pas avec Alice.

- Allons, je te dis que ce n’est rien. D’ici quelques mois, tu changeras d’avis.

            Il attrapa le bras de Virginie et l’obligea à s’asseoir sur ses genoux. Comme d’ordinaire, elle baissa la tête, il ne fallait pas qu’elle le regarde dans les yeux, sans quoi il se fâcherait.

 - Descends à la cave et rapporte-nous du vin. Dit-il, pour sa mère. Oui. Chuchota l’homme, à son oreille. Tu changeras d’avis, quand ça te chatouilleras bien là. Rit-il, collant ses doigts entre ses cuisses. »

            Il faisait souvent quelque chose dans le genre, mais il ne l’avait jamais violé, ce n’était pas passé loin, mais il s’était toujours ressaisi à temps, mais dernièrement ses attouchements étaient devenus de plus en plus poussés et il n’avait pas peur que sa mère le surprenne. Et il se demandait pourquoi elle aimait les filles ? Après neuf ans d’attouchements, il ne fallait pas être un génie pour comprendre, et c’était sans compter les fois où il la battait. Cet homme n’était rien d’autre qu’un pervers.

            « - Tu es là ? S’étonna Alice, alors que Virginie venait d’arriver devant chez elle, pour aller au lycée.

- Je te l’avais juré.

- C’est sans regrets ? Je veux dire, tu es contente d’être là, d’être mon amie ?

- Arrête de t’inquiéter Alice, je t’adore, tu es formidable.

- Tu sais ce qu’il nous reste à faire alors ? Tu viens passer le week-end à la maison, je suis sure que tes parents seront d’accord. Maman, tu leur demanderas ? Questionna Alice.

- Bien sur, ma chérie, tout ce que tu veux. »

            Cela suffit à rendre la jeune fille de bonne humeur et sa première journée de cours se passa à merveille, puisqu’elle avait une amie, qu’elle ne quittait guère. Même si cela la mettait mal à l’aise, Virginie était ravie de cette nouvelle amitié, elle surpassait de loin toutes celles qu’elle avait eut.

            Virginie fronça les sourcils. Elles ne se connaissaient que depuis deux petits mois mais c’était trop brusque pour elle, trop tentant, trop dur. Comment pourrait-elle supporter de dormir dans le même lit qu’Alice, de voir sa peau blanche si prés de la sienne, de sentir sa chaleur et de ne pas pouvoir la toucher. Durant ces deux mois de réelle amitié, sa mère c’était toujours opposé à ce qu’elle aille chez Alice, dans un sens c’était un soulagement, mais également une frustration. Elle aimait Alice, du fond de son cœur, même si la jeune fille ne semblait pas avoir remarqué son malaise au contact de leur peau, et Alice était une fille très tactile, elle ne pouvait s’empêcher de lui passer la main dans les cheveux, sur le bras, de lui prendre la main, de l’embrasser un peu trop près de sa bouche, ou même de lui frôler la jambe en cours, ce genre de choses qui était anodine pour Alice, Virginie les vivait comme un enfer. Mais cette semaine là, c’était son beau-père qui avait répondu à l’invitation de Mme Laurance et il avait été heureux d’envoyer sa belle-fille chez eux pour trois jours. Alice jubilait.

            Alice revient de la salle de bain, Virginie était déjà en pyjama, un vieux pyjama de coton rose pale. La blonde frissonna, c’était une blague ! Comment pouvait-elle être habillée de la sorte ? La brunette portait un déshabillée blanc en dentelle fine, le genre de vêtement que porterait plutôt une jeune mariée, le soir de ces noces, mais pas une adolescente de dix-sept ans, partageant son lit avec une amie. Virginie ravala sa salive, essayant de ne pas observer avec trop d’attention le corps parfait de son amie.

            « - Tu peux dormir à gauche, du côté du mur, s’il te plaît. Demanda Alice, alors que Virginie se coucher dans les draps bleus ciel.

- Oui. Fit-elle, estomaquée. Tu dors toujours comme ça ? Risqua-t-elle, une fois qu’elles furent couchée et dans le noir.

- Oui. Ça te choque ? Tu sais avant, je dormais nue, je mettais mon pyjama dans les dortoirs et une fois couchée, je l’enlevais. Mais c’est plus agréable de porter ça. Tu veux toucher ? Proposa Alice, sans gêne.

            Avant qu’elle ne puisse répondre, la main de Virginie fut attirée vers le tissu, Alice ne se contenta pas seulement de poser le bout des doigts sur sa peau, car elle sentait sa peau à travers les dentelles, mais y appliqua toute la paume, qu’elle fit glissée de la brettelle jusqu’au bas du déshabillée. Tout le contrôle que Virginie avait pu avoir fut évaporé, durant les trente secondes qu’il fallut à Alice pour faire descendre sa main le long de son corps.

- Je dois t’avouer quelque chose. Murmura Alice, se tournant vers son amie. Tu me plais. Je pensais que c’était impossible mais je suis attirée par toi, comme à un aimant. Je ne sais pas si tu éprouves la même chose que moi, je sais juste que je ferrais tout pour te rendre heureuse.

- Tu veux dire que tu aimes les filles. Interrogea Virginie, un peu surprise de cette soudaine révélation.

            Alice éclata de rire.

- Si tu savais. Mais tu ne pourrais pas comprendre. Tu as déjà fais l’amour avec une fille ?

- Oui. Confia Virginie. J’ai eu une petite amie. »

            Alice tendit la main pour lui caresser le visage, elle s’avança et l’embrassa, avec douceur, collant son corps chaud contre celui de Virginie. En quelques minutes, la blonde se retrouva nue, alors qu’Alice explorait son corps avec ardeur et douceur, sachant très bien trouver les zones les plus sensibles de son amie. Alice faisait courir sa langue sur tout le corps de Virginie, qui s’en voulait d’être aussi passive et de ne pas lui faire les mêmes choses.

            Alice l’avait prévenu, dans un chuchotis : « j’irais plus loin que n’importe quel homme. » Virginie n’avait pas compris ce dont elle voulait parler. Mais maintenant elle venait de saisir le sens de ces mots. C’était comme si la langue d’Alice la dévorée entièrement, elle avait l’impression de la sentir au plus profond de son corps, comme si des flammes embrasaient son corps et la transporter dans des voluptés jamais atteinte. Virginie en était sure, aucun homme ne pouvait offrir autant de plaisir à une femme, Alice paraissait ne pas s’épuiser, et Virginie dû la supplier d’arrêter.

            « - C’était extraordinaire. Susurra la blonde. Comment fais-tu ? Alice, ne te retourne pas, je veux te voir.

            Alice lui fit face, maintenant que la lumière était rallumée, elle la fuyait, elle évitait son regard, mais pourquoi ? Alice n’avait rien fait de mal, semble-t-il.

- Ce n’est pas difficile à mon âge, de savoir ce qui plaît aux autres.

            Virginie secoua la tête, sans comprendre, elle ne comprenait pas pourquoi Alice utilisait un ton si sérieux, si différent de sa bonne humeur et de sa spontanéité, habituelle.

- Le monde humain est un pays de cauchemars. Murmura la brunette, en s’asseyant sur les genoux. Le soir, je prie pour rentrer chez moi le plus vite possible.

- Mais de quoi parles-tu, Alice ? Interrogea l’autre, en la serrant dans ses bras. De quoi parles-tu ? Tu peux tout me dire.

- Tu me croirais si je te disais que je ne suis pas humaine ? Si je te disais que je viens d’une autre planète ?

- Pardon ? …Non, je ne crois pas aux petits hommes verts, désolée, Alice.

- Regarde.

            Alice tira la langue, elle était tout à fait normal sa langue, enfin jusqu’à ce qu’elle se mette à se dérouler, à devenir plus claire, plus lisse, plus longue et qu’elle s’étire jusqu’à descendre presque au niveau du nombril de sa propriétaire et qu’elle se fende en deux à cinq centimètres de l’extrémité pendante, comme une langue de serpent.

            Virginie plaqua ses mains contre sa bouche pour retenir un cri d’effroi. C’était une blague, une mauvaise farce ? Non, c’était trop réel, et puis ne venait-elle pas de sentir cette langue à l’intérieur de son corps. Elle risqua un mouvement pour la toucher, Alice ne bougea pas, cette chose longue n’était pas molle, elle était dure, lisse comme du marbre et chaud, très chaud.

- Je te crois, Alice.

            Alors la langue retourna dans la bouche de la jeune fille.

- Qu’est ce que tu es ? Tu as tellement l’air…humaine.

- C’est pour ça que l’on m’a envoyé ici, on nous a dit que des êtres nous ressembler beaucoup, j’ai utilisé leur technologie pour venir.

            La tête d’Alice se pencha sur le côté, Virginie n’avait aucune idée de ce qu’elle devait penser de tout cela. Alice était belle, gentille, douce et admirable, mais également étrange, peut être même folle. Mais non, elle ne pouvait pas être folle, pas avec cette langue fourchue qu’elle venait de voir.

            Virginie n’avait aucune envie de comprendre, pas maintenant, c’était trop tôt, oui, plus tard, elle supplierait Alice de tout lui dire, par fragment, pour mieux ingérer cette situation, parce que là c’était trop, trop dure de comprendre et de réfléchir. Elle n’avait qu’une seule envie, prendre Alice dans ses bras et l’embrasser, s’assurer qu’elle ne mentait pas et qu’elle l’aimait.

- Alice, ma chérie. Commença Virginie, passant ses doigts sur le visage lisse de son amie. Je…je n’ai pas envie de savoir ça, maintenant, c’est trop d’informations.

- Mais tu dois savoir, je ne pourrais pas rester prés de toi si tu ne sais pas. En même temps. Reprit-elle, après une longue pause. Ça te poseras des problèmes et les gens ne te croirons pas si tu leurs parles de ce que je suis réellement.

- Tu penses que je ne le savais pas ? S’étonna la jeune fille. Qui pourrait croire que tu as une telle langue. Elle te sert à quoi d’ailleurs ?

- Notre race est fort éloignée de la votre par certains aspects. S’il te plaît, je t’explique ce soir, et après…après tu comprendras mieux et tu pourras partir, je te le promets, je n’aurais pas la force de le répéter une autre fois.

            Virginie se calla dans les bras d’Alice, malgré les réticences de l’autre fille, elle se lova contre son épaule et embrassa son cou, sa peau était trop douce, trop mielleuse pour ne pas être embrassée, pour ne pas être touchée, caressée.

- Je viens de la planète, Vortage. Raconta Alice, tenant une des mains de sa compagne. Nous vous ressemblons, par presque tous les points, nous mangeons la même nourriture que vous, nos animaux sont les mêmes, notre écosystème est le même, notre évolution est cassie au même stade. C’est comme deux planètes jumelles qui auraient subies une seule défaillance. Il est inutile que je te décrive Vortage, les paysages sont les mêmes, les continents aussi, les noms sont différents mais qu’importe la géographie est en tout point identique. Sauf que la différence que nous avons avec vous les humains, à changer pour beaucoup la face de la Terre.

            Alice se tut un moment, réfléchissant à ce qu’elle venait de dire, les mots ne semblaient pas la convaincre. Elle entortilla les cheveux de Virginie en se mordant les lèvres. Hochant la tête plusieurs fois, elle paraissait absorber par son propre monde.

- Nous sommes…Disons que sur notre planète, être hétérosexuel est une tare congénitale.

            Virginie se redressa, plongeant les yeux dans ceux de son amie. Que venait-elle de dire ? Comment une telle chose pouvait elle être possible ? Virginie hocha la tête, non, impossible, elle ne la croyait pas, aucun monde ne pouvait être comme ça, c’était un mensonge, une idiotie. Alice était folle, c’était tout, sa place devait être avec les malades mentaux, pas avec les gens sains d’esprits.

- Je te promets Virginie c’est la vérité, nous sommes homosexuels sur Vortage. C’est pour ça que notre économie repose sur le troc et le libre échange, et que notre écosystème est parfait, tout est pareil mais en mieux, dans certains sens. Nous n’avons, par exemple, jamais eu de mal à accepter les hétérosexuels, même si ce n’est pas logique, pour nous, mais c’est leur choix, leur vie, leur besoin. Même s’il y a eu quelques impaires.

- Raconte-moi ça. Supplia Virginie, qui voulait savoir si l’histoire d’Alice était crédible ou non.  

- C’était il y a deux siècles, pendant notre révolution industrielle. Une folle, nommée, Fargra, Corine Fargra, s’est fait appelé au pouvoir, elle a…elle n’a pas supporté que celle qu’elle aimait décide d’aller vers les hommes, il y a très peu d’hétéro, chez nous, c’est à peine 5 % de la population, est lorsque l’on change de sexualité, c’est très mal vus, parce que cela fait de nous des…

            Alice se mordit la lèvre inférieur, le regard haineux, comme si cela la révolter elle-même. Virginie avait déjà vu cette révulsion dans le regard des gens, lorsqu’elle était sortie avec Katie, on les regardait comme des pestiférées, alors qu’elles ne faisaient rien de mal. Ça devait fonctionner à l’inverse sur la planète d’Alice. Car maintenant, la blonde acceptait, peut être trop facilement, que son amie ne soit pas terrienne.

- Êtres instables. Acheva Alice, après une longue pause de réflexion.

- Et pour les enfants ? Questionna Virginie.

            Après tout, s’il y avait si peu d’hétérosexuel il ne pouvait donc pas y avoir te progénitures digne de ce nom, pas de futur. C’était même étonnant qu’avec 5% ils aient pus survivre jusqu’à présent.

            Pour toutes réponses, la brune ressortis sa langue fourchue et lisse, puis la rentra.

- C’est cela notre moyen de concevoir. Assura-t-elle, avec une once de fierté.

            Virginie plissa les yeux et fronça les sourcils, suspicieuse. C’était absolument ridicule, on ne fait pas les enfants avec sa langue. C’était bon pour les ancêtres, sans aucune éducation sexuel, de croire que les enfants se font en s’embrassant ou ce genre de choses.

- Pour qu’il n’y ait pas de disparité entre les hommes et les femmes, le…on va dire, sperme, vient de notre langue. Je sais que tu ne crois pas que cela soit possible, que ça te semble irréel, mais écoute moi, c’est la vérité. Je suis venue sur Terre pour en apprendre plus sur votre monde, pour savoir si les…Martiens. Dit-elle, en prenant un code typiquement humain. Avait raison sur vous. Et c’est là que je t’ai vu, toi ! Tu étais si belle, je n’ai jamais rencontré une femme telle que toi, dans toute ma vie.

- Mais tu es jeune ! Protesta la blonde, croisant les bras sur sa poitrine.

- J’ai trente quatre ans. Notre révolution solaire est un peu différente de la votre et notre organisme aussi, de par notre nature. En gros six mois ici, corresponde a un an, chez nous. Tu me comprends ?

- Oui, oui. Mais comment vous faites des enfants ?

- Je te l’ai dit, par la langue. Nous avons le même corps que vous, mais c’est un peu différent. Il y a aussi cette histoire d’ovule et de spermatozoïdes, sauf que nous avons les deux, en nous, actionner différemment, selon notre préférence, mais un homme et une femme ne peuvent avoir d’enfants, parce les cellules et les chromosomes sont différents.

- Quoi ! Hurla Viriginie, abasourdie, mais qui voulait hurler pour être sur d’être bien réveillée.

            Alice poussa un profond soupir, et passa la main sur le visage de Virginie pour la détendre.

- Deux femmes ensemble créaient un enfant de sexe féminin ou masculin avec 22 paires de chromosomes, deux hommes créaient un enfant féminin ou masculin avec 21 paires de chromosomes.

- D’accord, je ne comprends pas trop bien, mais d’accord, les hommes et les femmes ne peuvent pas avoir d’enfants, les chromosomes sont différents, ok. Mais comment un homme accouche alors ? Les enfants viennent bien du même endroit, non ?

- Oui du même endroit, sauf qu’ils ont aussi des ovules…

- Tu veux dire qu’ils sont à la fois male et femelle ? Risqua Virginie dégoutée par cette image.

- Non, du tout, leur pénis fait office des deux. Il se dilate, comme pour les femmes.

- Mais comment ils font ?

- Les langues masculines sont plus petites, mais plus longues. Enfin, c’est ce que j’ai appris à l’école, je n’en ai jamais vu. Que crois-tu ? Nous sommes pudiques, vous ne vous baladez pas souvent avec vos attributs à l’air. Pouffa Alice, comme si cette situation était comique.

            Cela détendit Virginie qui rit de même, c’est vrai que vu comme ça, c’était logique, mais ce n’était rien d’autre que des langues. Elle-même tirait souvent la langue.

- Mais quand tu m’embrasses, ta langue est normale. Protesta Virginie.

- Bien sur, tu crois que j’ai la place de laisser ça. Dit-elle, en montrant sa langue, tout à fait humaine. Là-dedans, sans qu’elle soit normal ? C’est comme un pénis, ça…Je ne vais pas te faire un dessin. Je conçois que pour toi, l’amour entre filles est plus facile à concevoir que celui entre garçons, parce que tu es humaine et tu n’as pas du dépasser le stade du phallus, mais…

- Tu as fait l’amour avec moi. Murmura Virginie, surprise. Et tu as…tu as…

            Elle ne savait comment désigner cette chose. Elle n’arrivait même pas à le penser, à le concevoir, comment lui expliquer à elle.

- Tu as…fais ça…Tu…

- Virginie ? S’inquiéta Alice, alors que son amie fondait en larmes dans ses bras. Ma chérie, ne pleure pas…Dis moi ce qui te dérange.

- Ce qui me dérange ! S’énerva la fille, en se libérant de l’étreinte chaleureuse de son amie. Tu aurais dû me dire ça avant ! Avant qu’on le fasse ! Est-ce que…Est-ce que tu as pensé à ce qui pourrait se passer ?

- Oh ! Oui, tu as peur d’être enceinte. Oh ! Mais non, ne t’en fais pas, il me semble que nos espèces sont assez différentes pour que cela n’arrive pas. Rit Alice.

- Il te semble ? Tu n’en es pas sur ?

- Allons, nous n’avons pas le même nombre de chromosomes. D’accord, la prochaine fois, je ferais attention à ma semence. Promit-elle. S’il n’y a que ça pour te détendre. Tu boudes ?  Pouffa Alice, en la serrant contre sa poitrine.

            Avec ce qui se voulait être du dédain, Virginie se leva du lit et fit quelques pas, pour échapper à sa petite amie. C’était loin d’être gentil, mais elle percevait dans les réactions d’Alice qu’elle savait que ce n’était pas vrai, qu’elle ne boudait pas. Alice la tiens enlacée durant un long moment, ni l’une ni l’autre, n’avait envie de parler, de gâcher ce moment merveilleux.

            Après quelques semaines, cela ne choqué plus personne de les voir, toutes les deux, main dans la main, c’était devenu normal. Les gens ne pensaient pas qu’elles puissent avoir des relations plus poussées. Elles étaient amies, Alice était une sorte de concentrée d’énergie que les gens appréciaient. Virginie n’était que son faire valoir. La nouvelle était censée avoir vécu toute sa vie dans un foyer de la DDASS, alors il paraissait normal qu’elle tienne une autre fille par la main, pour se rapprocher des gens, pour se sentir aimer, l’homosexualité ne rentrait pas en compte, naturellement.

            Lorsqu’elles étaient seules, Virginie suppliait Alice de lui parler de sa planète, de sa vie là-bas. Le plus souvent Alice lui disait que c’était exactement comme sur Terre, sauf que les gens étaient plus gentils, dans un sens, mais que certains avaient des caractères mauvais, comme sur Terre, que rien n’était vraiment différent, même les modes étaient presque les mêmes, sauf qu’il était plus courant de voir des hommes en jupes, en robe et portaient des couleurs féminines, de mêmes que les femmes portaient des vêtements d’hommes, toutes ses choses que les terriens ne supportent pas de voir.

            « - Pourquoi es-tu cobaye alors ?

            Alice écarquilla les yeux, elle ne semblait pas comprendre cette question, cela allait de soi pour elle. Il n’y avait jamais eu de question à se poser, elle était là parce qu’elle en avait envie.

- Ils nous ont dit que cela pouvait être dangereux, mais que j’avais l’âge et l’allure d’être des vôtres, que je pourrais me faire passer pour une lycéenne. Il n’y avait qu’une personne pour faire ce voyage, on a fait des tests de sélection, sur des tas de choses, avec des analyses médicales et le reste, bref c’était long et énervant. Conclu Alice. Et j’ai été choisie, j’avais la motivation et pas d’amoureuse, donc j’étais libre de partir, pour le bien de la communauté. Pour mon monde, je suis un des êtres les plus intelligents, on m’a dit que je saurais me fondre dans la masse. »

            Virginie ne posa pas plus de question, d’une part parce qu’elle n’en avait pas, d’autre part parce qu’Alice l’embrassa, plaqua ses deux mains chaudes des deux côtés de son visage. C’était presque irréel. Les baisers d’Alice étaient doux et tendre, il ne devait pas y avoir sur Terre de choses plus délicieuses. Virginie en était sure maintenant, Alice était la femme de sa vie, jamais elle ne pourrait vivre sans elle. Alice resterait avec elle pour le restant de sa vie, c’était bon de le savoir, jamais elle ne serait séparée de son bonheur.

            Il était passé vingt deux heures, lorsqu’elle était en compagnie d’Alice, Virginie ne voyait jamais le temps passer. Sa mère allait surement lui passer un savon, mais ça valait le coup. Il n’y avait pas de lumière dans la maison miteuse. Ses parents devaient déjà être endormis, il lui suffirait de ne pas faire de bruit et elle ne subirait aucune crise avant le lendemain matin. Avec mille précautions, elle ouvrit la porte d’entrée. Entra sur la pointe des pieds, espérant ne rien raccrocher au passage. Mais quelque chose qui ne devait se trouver là, roula sous ses pieds manquant de la faire trébucher, il y eut un bruit de verre casser. Virginie cessa de respirer, tendant l’oreille, espérant n’avoir réveillé personne, espérant que ce n’était pas ce qu’elle pensait, que sa mère était là, et qu’il n’était pas ivre.

            Une des lampes du salon s’alluma. Virginie ferma les yeux, espérant que ce ne soit qu’un cauchemar.

            « - Viens ici, espère de brouteuse ! Clama une voix enraillé.

            Il était ivre. Quoi qu’il arrive ça allait être violent. Malgré sa volonté de fuir, de courir jusqu’à en perdre haleine, d’aller se réfugier dans les bras accueillant d’Alice, Virginie avança vers le salon, craintive. Il était assis dans un fauteuil et lui faisait face, une bouteille de gin dans les mains. Un frison la parcourra.

- Elle lèche bien, j’espère. Ricana-t-il, avant de boire à même le goulot. Si une fille peut de faire grimper au plafond, c’est que tu dois pas être bien difficile. Beugla-t-il.

            Elle resta calme, malgré son angoisse et la boule qu’elle avait dans l’estomac qui lui disait de fuir au plus vite. La cruauté de cet homme, elle en avait déjà fait le tour. Au pire, il lui mettrait son sexe dans la bouche, en lui ordonnant de lui faire une fellation, mais ça elle connaissait, il le faisait toujours, elle en avait horreur, mais maintenant elle c’était habituée alors elle ne pleurait plus, le faisait en espérant qu’il ne mettrait pas trop de temps à éjaculer. Ou alors, il retirerait sa ceinture et lui en flanquerait quelques coups dans le dos, le plus dur serait de convaincre Alice qu’elle était tombée dans les escaliers.

            Il la regardait, d’un air mauvais, jamais il n’avait eu ce regard meurtrier, elle respira trop bruyamment, il sentait sa peur, et il jubilait. Il afficha un large sourire moqueur, qu’elle avait envie d’éteindre à coups de poings, mais elle était bien trop frêle pour s’attaquer à lui.

- Tu sais ce qu’il me ferait plaisir ? Interrogea l’homme, d’une voix douceâtre.

            Virginie soupira, et s’avança, lentement, oui, elle s’avait et elle aurait préféré les coups de ceintures, à quelques pas de lui, elle se mit à genoux. Il rit, d’un rire mauvais. Se leva d’un geste de colère, d’une main ferme attrapa le col de son gilet et la jeta contre le vieux canapé. Que voulait-il ? Pourquoi ? Qu’allait-il faire ?

- Allez déshabille-toi. »

            Elle se figea, les cris restèrent coincés dans sa gorge. « Non, pas ça. » Pensait-elle. C’était ignoble, la pire des choses. Elle aurait mieux fait de partir, de fuir, les Laurance l’auraient accueilli à bras ouverts.

            Elle se sentit humiliée, trahie par un membre de sa propre famille, par un homme qui aurait dû la défendre, la soutenir, l’aimer. Rien au monde ne pouvait être pire. Il éprouvait un plaisir malsain à la voir pleurer, en silence, résolue à supporter son sort. «  Pourquoi moi, et pas une autre ? » Se demanda Virginie, salie. C’était égoïste, elle en avait pleinement conscience, mais n’importe qu’elle autre fille au monde devait le mériter plus qu’elle, du moins c’est ce qu’elle essayait de se convaincre. Elle n’aimait pas les hommes, elle ne les aimait pas, alors pourquoi lui infliger pareil souffrance ? Pareil abomination ne devrait pas exister.

            Une fois qu’il eut terminé, il se releva, remit son pantalon, lui tapota la tête et partit se coucher, comme s’il n’y avait rien de plus naturel. Elle en resta interdite, comment pouvait ? «  Une douche, une douche. » Ne cessait-elle de se réclamer. Mais pas maintenant, pas ici, dans cet endroit de torture. Il fallait qu’elle parte, loin, très loin, qu’elle se lave de tout ça. Les larmes la rendaient plus sale encore, dans l’obscurité, elle chercha ses vêtements à tâtons, s’habilla en essayant de se toucher le moins possible, ce corps, son corps, elle le haïssait, tout en elle était haïssable, détestable, sale.

            Elle avançait dans le noir, jusqu’à la sortie, une fois dehors, elle se mit à courir, partir, s’éloigner de lui, mais également d’elle-même. Alice saurait, Alice l’aiderait, elle l’aimait. Tout en courant le plus vite possible, elle se mit à penser à cette douche dont elle rêvait tant, cette douche qui effacerait les tourments, qui la laverait de tout, elle la voyait au vitriol, à l’acide sulfurique, un truc qui n’aurait pas seulement fait disparaitre la peau, la chair, mais aussi l’âme et l’esprit, qui aurait anéanti le sentiment de culpabilité.

            D’un geste fébrile, elle appuya sur l’interphone, laissant son doigt sur le bouton rond. Elle les réveillerait, mais elle était seule, elle avait peur, elle n’avait nul autre endroit où aller. Ses larmes ne s’étaient pas taries. Elle en avait encore à revendre. Ce fut Monsieur Laurance qui descendit, en pyjama, robe de chambre et pantoufle, il était gentil, avec ces cheveux gris et ses grands yeux. Madame Laurance et Alice était déjà dans le hall lorsqu’elle arrive chez elle. Avec désespoir, Virginie s’écroula dans les bras d’Alice. Il n’y avait qu’elle qui pouvait la toucher, elle seule ne lui ferait aucun mal.

            Mme Laurance et Alice l’emmenèrent à l’étage, après ce qui aurait pu être une rapide explication, on supplia Virginie de rester pour la nuit. Elle se sentait gênée, assura qu’elle pouvait renter, qu’elle ne voulait pas déranger, mais Alice la maintient fermement dans ses bras. Elle n’irait nulle part.

            La douche qu’elle espérait tant, elle ne fut pas seule à la prendre. Alice l’accompagna, ses mains douces la lavèrent, avec grâce et tendresse. Elle n’avait pas avoir honte, lui si, il était coupable, condamnable, et sur sa planète, une telle atrocité, si rare qu’elle pouvait se compter sur les doigts de la main, se valait couronner de la peine capitale, l’ablation de toutes les parties génitales, avec en prime l’emprisonnement à vie, dans l’une des cinq prisons de la Vortage.

            Il fut convenu, que Virginie ne porterait pas plainte, car sa mère le chassa de la maison, mais elle le lui reprocha vivement. C’était douloureux, mais Alice l’aidait à oublier, sa gentillesse n’était pas humaine, mais elle était réelle. Elle jura l’aimer des centaines de fois, et elle devient encore plus proche de Virginie, elle essaya même de devancer toutes ses attentes. C’était agréable pour Virginie ne se sentir ainsi aimer et désirer. Alice était de plus en plus merveilleuse.

            Virginie ne se demandait pas quelle pouvait être sa mission sur Terre, elle n’en avait absolument rien à faire. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’Alice était adorable, qu’elle passait son temps avec elle et qu’elle ne faisait rien d’extraordinaire, c’était comme si elles étaient collées l’une à l’autre, la brune assurait que c’était un vrai bonheur, que rien n’était plus important pour elle que le bonheur de sa petite amie.

            Après six mois de parfait bonheur, Virginie était certaine qu’Alice ne la quitterait jamais, qu’elles resteraient ensemble pour toujours, du moins jusqu’à ce que Virginie meurt, mais un soir alors que rien ne laisser présager une telle annonce, Alice serra Virginie dans ses bras et la plaqua contre elle.

            « - Il faut que je te parle. Dit-elle, gravement. Je ne devrais pas avoir à te dire ça, après tout ce que tu as vécu, c’est cruel, mais je n’ai pas le choix. Crois-moi, si j’avais pu, les choses se seraient passées autrement. J’espère que tu me pardonneras, parce que je n’ai pas le choix, moi aussi j’en souffre.

- Alice. Objecta Virginie, incrédule.

- Pardon, ma chérie. Si tu savais combien ça me fais mal.

- Alice, qu’est ce que tu veux me dire ?

- Je dois repartir chez moi. Avoua la brune, les yeux fuyants. Je n’ai pas le choix. Ils disent que ma place n’est pas ici, que je dois rentrer, que j’ai bien trop attendu, que je n’aurais pas dû.

            Elle pleurait, c’était bien la première fois qu’Alice pleurait.

- Tu ne te sens pas bien, ici ? Questionna, naïvement, Virginie.

- Oh ! Mais comment peux-tu penser une chose pareille ? Ma Virginie, mon adorable Virginie.

            Elle lui releva la tête, les mains de chaque côté du visage, cette fois, ce fut au tour de la blonde d’esquiver le regard de l’autre.

- Avant toi, j’ignorais ce qu’était le véritable amour.

- Tu n’es pas la seule. Je t’en pris ne pars pas, je t’aime, je veux que tu restes avec moi. Je ne pourrais pas vivre sans toi. Maintenant, c’est trop tard, je t’ai, je te garde, tu es a moi.

- Oh ! Que j’aimerais, mais c’est impossible, je ne suis pas chez moi ici. J’aime être ici, mais ma terre me manque, ma planète me manque, les gens, ma famille, mes amis. Tu devais bien savoir que je ne resterais pas toujours.

- Non. Non, je croyais que tu m’aimais et que tu resterais, que tu m’aimais assez pour rester ici, avec moi. Tu m’as mentis.

- Non, Virginie, je ne t’ai pas menti. Jamais je n’ai dit que je resterais.  

- Tu n’aurais pas dû me faire croire que tu resterais. Je t’aime, cela ne veut-il rien dire pour toi ?

- Bien sur que si. Objecta Alice, levant les yeux au ciel. Mais l’amour…ce n’est pas parce que…Je peux t’aimer même sans rester sur cette planète.

            Alice serra Virginie dans ses bras, plus fort qu’elle ne l’aurait cru capable.

- Je t’aime, je t’aime, mais je ne peux pas rester ici, je n’en ai pas le droit.

- Quand pars-tu ? Questionna Virginie, essuyant les larmes qui roulaient sur ses joues.

- Mercredi de la semaine prochaine.

- Cela nous laisse dix jours. Compta Virginie. Et si je venais avec toi ?

- Non, ta vie est ici. »

            Virginie n’insista pas, ce jour là du moins. Mais les suivants, elle harcela Alice, la supplia de l’emmener. La brune refusa à chaque fois, jusqu’à ce fameux mercredi, où Virginie l’implora, menaçant de se tuer si elle la laisser. Alors Alice lui expliqua qu’elle ne pourrait jamais revenir sur Terre. Cela n’avait aucune importance pour la blonde, elle aimait bien trop Alice pour ne pas la suivre.

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