Les diplômés 4
aile68
Est-ce que je m'embarque dans une belle histoire, ou vais-je faire un flop? Johannes me fait visiter son appartement, excité comme une puce. Il est beaucoup trop grand pour lui, il pourrait inviter les anciens de Bologne s'il voulait. Je parle comme une vétérane, trois ans à lutter contre l'amour, pour laisser mon ami vivre son amour avec Laura. Peine perdue. J'ai réclame ma part du gâteau à présent et je cherche le bon moment et la bonne façon pour lui dire que j'ai des sentiments pour lui. Lui dire maintenant ou attendre? Je le félicite d'habiter un si bel appartement, il m'installe comme une poupée dans un fauteuil gris.
"Ne bouge pas! Je vais te montrer quelque chose qui va te faire plaisir".
Il quitte la pièce, je l'attends patiemment bien que curieuse. Quand il revient chargé d'un grand sac je suis plus que jamais intriguée. Ô surprise! Il contient des peintures de Bologne et de cette journée à la zone balnéaire où nous avons fêté son diplôme et celui de Laura. Il avait fait ça à son retour d'Italie durant une grosse déprime où il ne dormait plus. Il a peint la nuit, le jour, il avait perdu ses repères comme nous tous, il était en totale décalage avec Berlin. Il a fait une expo à l'université de Berlin pour s'en sortir, a écrit des poèmes sur la beauté de Bologne, l'amitié... L'amour certainement mais ceux-là Johannes ne m'en parle pas. Top privé.
Je reste sciée, évite de verser quelques larmes, il a du talent je lui dis, il me répond qu'il a été bien inspiré, qu'il ne serait pas devenu l'homme qu'il est sans nous tous. Nous pourrions lui dire la même chose mais je veux en venir au but... Je prends le parti de parler en mon nom:
"Je peux en dire autant Johannes. Cette année à Bologne m'a transformée et j'ai rencontré l'amour. Je ne l'ai dit à personne.
- Pourquoi? Tu aurais dû! dit naïvement celui que j'aime.
- Quelque chose m'en empêchait...
- Quoi donc?
- L'amitié j'avoue en hésitant.
- Que veux-tu dire? demande Johannes.
- Nous formions une vraie équipe, nous étions soudés, nous nous aimions bien.
- Je ne comprends pas. Où veux-tu en venir?
- Je n'ai jamais rien dit car je ne voulais pas m'interposer je réponds en sentant venir le moment de ma révélation.
- Entre qui et qui?
- Entre toi et Laura dis-je dans un souffle...
- C'est moi que tu aimais? dit Johannes.
J'acquiesce de la tête.
-Oh je suis désolé. Et tu m'aimes encore je suppose. C'est
pour ça que tu es venue. Comme tu dois souffrir!"
Il me facilite la tâche en disant les choses que je n'ai jamais su comment lui dire. Lui et moi nous nous regardons avec de la souffrance dans le regard, nous ne savons comment nous conduire. C'est à lui de parler normalement, chose qu'il s'apprête à faire.
"Je suis restée en contact avec Laura pendant deux ans. Aux dernières nouvelles elle vit à Rome...
- Oui je sais je m'empresse de lui dire.
- Tu as su aussi qu'elle ne m'aimait pas d'amour, mais comme un frère? Il est triste en disant cela.
- Et toi tu l'aimes encore? A présent c'est tout ce qui m'intéresse en fait, j'ai assez souffert.
- Je ne sais plus trop me répond-il en allemand. J'ai refoulé tout ça dans un passé assez flou. Je ne voulais plus en penser.
- Oui, je comprends. Moi j'ai fait le contraire, je n'ai pas arrêté de penser à toi lui dis-je presque en lui reprochant."
(à suivre)
Le jeu croisé des sentiments perce des cœurs comme le fer dans un duel, Mais l’escrime est-il vraiment un jeu ? :o))
· Il y a environ 4 ans ·Hervé Lénervé
Tu as répondu toi-même à la question. :o) Merci pour tes commentaires.
· Il y a environ 4 ans ·aile68