Les diplômés 7

aile68

Je me réveille par un frais matin de mars. Un coup d'oeil dans le calendrier m'indique que c'est bientôt Pâques. Envie de voir mes parents, ça fait presque un an que je ne les ai vus. Je suis une fille indigne. Toutes mes bonnes résolutions de la veille se sont dissipées dans un rêve qui a failli tourner en cauchemar. Je sais ce que je veux faire: je veux entrer dans la vie active, monter ma sandwicherie. Je vais faire beaucoup d'argent pour ça, bosser, bosser dans de grosses entreprises grâce à mon doctorat d'économie, et dans cinq ans je me lance dans ma propre boîte. Papa va me proposer de travailler avec lui, pourquoi pas? Qu'on me traite de fille à papa ne me dérange pas, j'ai déjà travaillé pour lui. Je ne parlerai de mon projet à personne, je me suis tu pour Johannes et Laura, je pourrai bien me taire encore une fois.

J'avale un bon petit déjeuner en prenant mon temps, décide de ranger mon petit meublé, je me retrouve dehors à l'heure du lunch, mais je n'ai pas faim. J'erre dans les rues de Londres, à Piccadilly circus, je fais un coucou à ma collègue qui vend des sandwichs, il fait bon d'être en vacances. J'ai quelques amis dans la capitale de l'Angleterre, d'anciens numéros de téléphone en fait, qui sait si je trouverai la bonne personne au bout du fil? La Tamise s'écoule vers le sud dans toute sa longueur, elle débouchera sur la mer du Nord. Je regarde l'aire de loisirs avec envie, et si je montais sur la grande roue? Trente minutes de bonheur avec des panoramas à perte de vue! ça vaut le coup malgré la longue file d'attente. Autour de moi, beaucoup de touristes japonais, gais et très souriants avec leurs appareils photos qui crépitent de bonheur. Ils me font sourire, une femme s'en aperçoit, veut me photographier, je la laisse faire, c'est les vacances. Elle montrera sa photo aux siens, là-bas au Japon tandis que je continuerai à vivre ma vie, la tête pleine de désirs et de moments bons comme celui-ci.

Fin

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