Les enquêtes d’Hercule Foireaux (3)

Hervé Lénervé

Hercule Foireaux a été appelé pour retrouver l’agresseur d’une pauvre femme.

-         Alors, madame ! Il était comment votre agresseur ?

-         Il avait le crâne rasé, chauve avec les cheveux gris.

-         D'accord, c'est précis ! Il était âgé, alors ?

-         Je ne suis pas très forte pour donner des âges, mais il s'aidait d'un déambulateur pour marcher.

-         Je vais noter, la soixantaine ou plus et il vous a agressée avec son déambulateur.

-         Oui ! Il m'est littéralement rentré dedans.

-         Je vais noter, viol aggravé de l'agresseur par déambulateur.

-         Non ! C'est une expression, il ne m'a pas violée.

-         Dommage ! Nous aurions eu une trace ADN du déambulateur. Je raye viol. Que vous a-t-il fait au juste ?

-         Il m'a fait peur ! Tient !

-         J'entends bien ! J'entends toujours bien ! Mais à par la peur ?

-         Il n'a pas eu le temps de me prendre mon sac.

-         Ok ! Je note, le voleur de sac au déambulateur a raté le vôtre ?

-         Non ! Il la prit en pleine poire, trois coups je lui ai mis !

-         C'est bien, vous vous êtes défendue. Ensuite, il a détalé comme un lapin de garenne délateur ?

-         Pensez-vous ? Pas du tout, il est tombé la tête sur le trottoir ! Et j'en ai profité pour lui asséner d'autres coups de sac à main, pendant qu'il m'insultait.

-         Bien fait ! Quelles insultes a-t-il professées ?

-         Je n'ai pas très bien compris. Il articulait mal à cause de ses lèvres fendues et quelques dents dehors, puis, je suis une demoiselle, voyez-vous ? Enfin, un truc comme « Filles-du-calvaire, s'il vous plait ! »

-         Très bien, très bien et ensuite il a décampé à toute allure déambulée ?

-         Heu, non ! Il n'a plus rien fait du tout. Si cela se trouve, il y est encore sur place.

-         Attendez, je vais appeler une connaissance policière de votre quartier. Enfin une de mes connaissances, veux-je dire.

Hercule Foireaux passe son coup de fil et son visage s'illumine à l'écoute de son interlocuteur.

-         J'ai la bonne nouvelle de vous annoncer que votre agresseur a été interpelé ce matin par une brigade.

-         Je préfère ça, je n'aurais pas été tranquille de sortir dans les rues, en sachant que ce satyre erre en toute liberté. Les policiers l'ont donc incarcéré.

-         Non ! Ils l'ont amené à la morgue, car il était mort !

-         Mon Dieu, j'espère qu'il s'en sortira quand même !

-         Ce n'est pas prévu.

-         Vous pensez que je pourrais être responsable ?

-         Bien sûr que non ! On ne tue pas une personne avec un sac à main, autrement ils seraient interdits dans les avions. Il a dû mourir d'une morsure de vipère.

-         A Paris ?

-         Ça peut arriver !

-         Certainement, oui ! Je craignais que ce soit à cause de l'enclume que je mets toujours dans mon sac, par précaution.

-         Ne vous inquiétez plus petite madame, l'affaire est résolue et réglée et d'ailleurs puisqu'on parle de règlement, petite madame…

-         Mademoiselle, s'il vous plait !

-         Cela fera deux cents œufs, petite demoiselle.

-         C'est cher !

-         C'est le tarif !

-         D'accord ! Attendez, je vais chercher mon sac à main pour vous régler votre compte.

Hercule Foireaux eut la délicatesse de ne pas attendre. Il faut savoir parfois perdre un peu d'argent pour gagner l'estime des demoiselles.

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