Les épines

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Une à une, elle me retirait les épines et je criais de tous mes yeux. Force amie, elle me faisait comprendre qu’elle serait toujours là. Une à une, et la douleur, et mon silence. L’agitation autour, comme à l’accoutumée. Le bruit des pas et moi qui restais là. Le bruit des pas innombrables, qui résonnent et vous font oublier ceux qui manquent. Elle a fini par abandonner. Quelques épines sont restées, les plus profondes. J’ai marché avec les autres ; arraché ma confiance à chaque fois, défié ma liberté. Sans aller très loin, sans me rendre compte que j’étais loin, je l'ai vu lui hésitant sur le bord du chemin. J’ai vu ses épines, remarquables, alors que les miennes étaient enfouies. Il jouait avec, sans peine on aurait dit. Des pas ensuite partagés, au soleil. Nous confondions nos peines. Une à une, il me retirait les épines et moi je criais en silence, pour ne pas qu’il parte. Mais le bruit soudain de ses pas qui s’éloignent et les épines ennemies qu’on garde encore en chemin. En chemin, parce que j’ai marché encore. Que faire d’autre ? Marcher en évitant au mieux la douleur.

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