Les femmes des Champs Elysées

saharienne

Elles se succèdent excédées les femmes enchainées déchainées de ma mémoire, l'argent à leur poignet comme un souvenir persistant brille dans le noir de mes oublis, leurs épais bracelets luisent à mes yeux avec le même balancement ostentatoire des poussiéreux ostensoirs d'un temps révolu. Si un jour tout s'effondre on me retrouvera parmi les décombres le nez haut, mais le nez seulement. Les bijoux de la boutique Cartier scintillent orgueilleux à l'angle de l'avenue de Champs Elysées que je descend à demi morte, les Mouettes dans le ciel de la ville de Paris poussent des cris de victoire et l'Arc de Triomphe souligne la perspective rectiligne de ce monceau de cadavre de femmes inconnues alignées qui, les pieds cerclés d'or et de cuir reposent l'âme en paix. L'apocalypse sera la levée du voile des veuves. Bois donc cette gorgée d'absinthe à la santé de ces femmes ceinte des bijoux et des ceinture que l'on offre aux putes que l'on respecte le plus purement du monde. Si j'ai tort c'est que je suis sur la bonne voie, mais ne me dis pas de revenir en arrière, je plane à vingt mille bornes du système solaire, je ne t'entends déjà plus, même la voix dans ma tête elle s'est tue. Je crois que je suis perdue et la raison qui me servait de boussole s'éclipse avec la Lune pour me laisser si seule face à tout ça... Est ce qu'on paie toute sa vie une erreur faite une seule fois ? Est ce que ce sera toujours la même merde ? Est ce qu'il existe une solution ? Est ce que quelqu'un m'écoute quand je cris ? Quand je suis si seule et que dans mes délires je m'imagine que je cris ? Je ne me rappelle plus du son de ma propre voix. Personne ne perçoit les signaux d'alarme de la fumée de ma cigarette. J'écoute la respiration d'Open City et ça me sidère cette puissance ça me sidère sa force et son beat que j'écoute béate a la meurtrière de ma tour si haute que ça me sidère la hauteur et l'ampleur d'Open City et le vrombissement des machines leurs cris d'agonies et d'impuissance dans la nuit les voitures qui fuient la nuit se croyant libre mais moi je vois bien depuis ma meurtrière depuis ma tour là haut si haute qu'elles prennent toutes la même bretelle d'autoroute. Elles se succèdent excédées les femmes enchainées déchainées de ma mémoire, elles passent devant moi, sans me voir, et aucun de mes cris ne les arrête plus dans leur chemin rectiligne jusqu'à l'abattoir d'Open City.

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