Les femmes du salon rouge

Yeza Ahem

D'une femme idéalisée à la femme réalisée...

Le salon rouge, vitrine de la modernité. On y trouve de tout : du grandiloquent, du modeste, du gigantesque, du minuscule, de la peinture, de la sculpture, des hommes, des femmes, des bêtes, nues, accoutrées, en action ou au repos. Les œuvres se superposent, s'encadrent, foisonnent, occupent chaque endroit où l'œil court se reposer pour mieux l'interroger, le distraire, lui plaire ou le repousser. Et dans toute cette variété, un pan entier dédié à la femme. Certes, des femmes, il y en a plein les tableaux, mais souvent modèles assumés plutôt que prises dans leur vie intérieure, réelle et non fantasmée, telles des allégories dénudées peuplant un Eden à jamais dissipé.

Ce mur, bien sûr, n'est pas exempt de ces représentations surannées. Mais elles sont bien vite oubliées lorsque l'on se rapproche. Et alors, on peut passer d'une facette à une autre de la Femme : rêveuse, mère de famille, amante, sérieuse, artiste, en deuil, ailleurs, lasse, frisée, besogneuse, regardant au-delà, songeuse... Visions multiples de l'homme moderne qui brosse ce qu'il perçoit de la femme moderne. Mais dans ce panneau, où semblent s'être regroupées les femmes, elles deviennent aussi les maîtres pour parler d'elles-mêmes. Berthe prend la pose et se peint, modèle et modeleur. Amélie saisit un instant fugace de rêverie ou mélancolie.

Le salon rouge, vitrine de la modernité. Tant de femmes et si peu sont montrées telles qu'elles sont, tant de femmes et si peu peuvent montrer ce qu'elles font.


Licence CC BY-NC-SA

  • Dommage que la photo où on ne reconnaît rien ne soit pas à la hauteur du texte !

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Cp2

    petisaintleu

    • C'est très dur de trouver de bonnes images... Mais j'ai vu ce dessin qui reprend une partie du Salon rouge du musée des Augustins, et particulièrement le mur qui m'intéresse : http://wouzitcompagnie.canalblog.com/archives/2015/04/08/31858572.html

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Yeza 3

      Yeza Ahem

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