Les fleurs

limposteur

Il vente sur Hanoi. Les gens d’ici aiment les fleurs, les admirent, les prennent en photos, les louent, les achètent, et ce même s’ils n’ont aucune place dans leur maison. Ils en font toujours une pour la couleur et la fraîcheur d’une fleur, pour le charme d’un arbuste. En cette matinée de février, les branches s’agitent, les feuilles frémissent, les tiges se tordent dans l’air frais qui envahi la ville, une nouvelle fois. L’été a rendu sa place à l’hiver. Et nos espoirs à la mélancolie. La nuit a passé et la ville a changé. Et notre sensibilité aussi. Tout est différent. J’ai dans le cœur le poids des nuages et du ciel gris. Même les fleurs deviennent pâles, fatiguées d’être belles dans la morosité. La lassitude est partout. Sur les murs, dans la course moins effrénée des motorbikes, dans le regard des gens. On s’emmitoufle moins pour se protéger du froid que pour se protéger de la tristesse ambiante. Je me demande ce que je recherche en marchant sur ces trottoirs irréguliers jonchés de vies immobiles et rugueuses. Toute cette humanité, la rudesse inscrite sur la peau et dans les yeux, faisant face à une nouvelle génération pleine d’envies à satisfaire, affamée par un manque que ces yeux justement, leur rappellent incessamment. Le manque des uns nourrissant la soif des autres. Et les fleurs toujours. Belles, comme un havre de paix, un lieu de rencontre où tous se rejoignent.

Il vente ce matin sur Hanoi. Parmi les fleurs et les gens, je vais. Il y a comme un parfum de poésie.

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