Les Futiles

eymeric

Je respire tous les jours mais je ne me souviens que d'une seule inspiration

Elle a les jambes croisées, assise en tailleur elle roule son blunt. De temps en temps, elle lève les yeux entre deux coups de langue à son collage et elle rit. Puis, le nuage de fumée prend forme et ses pensées s'évaporent. Elle me les livre alors :

" Tu sais, elle expire la fumée, faut que tu t'interroges : je suis métisse, j'ai les cheveux de feu, je m'habille bien, je suis plutôt cultivée, en somme je suis ce que tu as toujours voulu mais tu ne veux pas."

Sauf qu'elle ne comprend rien. C'est beaucoup plus compliqué que cela. Elle comprend pas que d'elle, que des autres, que de mes PQ : je me torche avec, je m'en fous, car ma vie sentimentale est merdique. Elles sont bien loin d'éclairer ma lanterne, je feins la chose mais je n'ai pas une seule lueur d'espoir. Je les mets en sueur puis c'est tout.

Parce qu'avant elles, il y a eu elle. Je t'ai rencontrée toi et j'avais l'impression d'être à l'abri du mauvais temps, de l'orage. J'ai eu le coup de foudre pour ton air attendrissant, celui qui met la tête dans les nuages à ceux qui sont dépressifs. Fini l'océan de soucis, ça s'apparentait plus qu'à un étang maintenant. Et étant donné que je suis né tant de fois à tes côtés, je pourrais bien accepter de mourir une fois. Sauf que je n'y arrive pas. Tu étais trop vaste, trop grande, tu m'avais l'air inatteignable comme l'arc en ciel dans mon monde gris. Puis je t'ai côtoyée, et plus que d'arriver au pied de l'arc en ciel, j'ai mis l'arc en ciel à mes pieds. Mais j'ai paniqué, j'ai eu chaud, et à force de jouer avec le feu : Fiou ... Tu t'es évaporée.

Du coup, aujourd'hui au clair de lune, je me contente de me faire passer pour étoile aux yeux de ces filles ... Sauf que si je suis une étoile, je suis filante tant je suis de passage. Elles ont beau faire le voeux que je reste, et moi aussi au fond, le reste de moi ne veut pas. Et ce sentiment remonte automatiquement à la surface, comme si mon corps subissait la poussée d'Archimède. Je suis qu'une archi merde, je dois me faire une fausse image de l'amour. Ou alors, je digère mal la fausse couche du coup je suis larmoyant. J'ai rangé dans l'armoire l'arme m'ayant conduit à tout ça, c'est à dire ma volonté.

Parce que jadis j'y croyais, j'étais un Jedï de l'amour. Enfin c'est ce que je pensais mais devant l'adversité j'ai même pas eu le courage d'un padawan. Et on peut leur faire mais pas à oim, je refuse de me complaire dans une relation lamda. Je préfère encore trainer mon vague à l'âme près des robes échancrées des sirènes échouées sur mon île déserte de remords.

Du coup, dés qu'il y a un crush dans l'air, il y a de la kush dans l'air, puis on se couche, on s'envoie en l'air jusqu'à ce qu'on remette les pieds sur Terre.

Puis une fois atterri, je suis atterré par moi-même. Ce genre d'aventures sont devenues des mènes dans ma vie depuis que j'ai perdu la mienne. Je n'arrive plus à rester seul, je pense que je mérite qu'on me connaisse. Je les qualifie de connasses mais elles n'ont rien fait et au fond j'espère toujours que la prochaine soit la bonne. Mais la prochaine est bonne et c'est tout. C'est tout moi ça : je veux un truc comme je voudrais le graal, puis quand je l'ai, je le jette comme je jette une capote usagée. Mais à mon âge, j'ai plus envie de mettre une fausse cape de faux super héros. Je n'ai pas envie d'être le jumeau du clone de tous ces mecs. Je vaux mieux que ça, mais je me suis égaré. Je vois où est ma place mais j'ai du mal à me garer. En fait, je me sers de toutes ces filles comme un garrot, "mais gare aux hémorragies, qu'elles ne deviennent pas des plaies impansables", je me répète souvent. Mais pour le moment, j'imagine dans mon impasse l'impensable pour cette passable de passage qui m'inspirera une nouvelle fable. Parce que la morale de cette histoire c'est que dès que vient le manque : je me manque lamentablement à chaque fois.

Les futiles : ne m'en voulez pas. Pour beaucoup d'autres, vous serez des utiles. Mais cette lettre F qui change tout ressemble étrangement à la potence à laquelle notre relation est condamnée. Un conseil, ou plutôt une faveur : empêchez-moi d'être le bourreau dont vous vous plaindrez au bureau. Fuyez moi, car moi, j'en suis incapable

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