Les gens de la mer -35-

aile68

Vendredi 03 avril: répétition générale! Demain ils joueront sans filet sous l'oeil super-attentif du prof. Toute la troupe a le trac, se fait des clins d'oeil pour s'encourager. Véronique n'a plus rien dans la tête, comme si elle n'avait jamais appris son texte. Elle maudit son prof d'avoir choisi une pièce aussi difficile, elle maudit le théâtre, se dit qu'elle n'en fera jamais plus. Régis la soutient comme il peut, lui aussi a le trac. Attention, on frappe les coups habituels avant le début de la pièce. Phèdre amoureuse de son beau-fils Hyppolyte, ne voit pour se libérer de cette malédiction que la mort. Le ton est donné, feu! c'est parti.

Tout le monde a les yeux fixés sur le personnage de Phèdre, Véronique remercie le bon Dieu de n'avoir "que" le rôle de sa servante et confidente. Dès que Phèdre commence à parler le texte familier revient à Véronique, elle se sent plus à l'aise et reste pendue à ses lèvres. Quand c'est à elle de parler les mots lui viennent facilement, elle ressent comme un fleuve de paroles qui coule en elle et de sa bouche. Régis joue très bien son rôle d'Hyppolyte, c'est un plaisir en fait de les entendre tous jouer si bien. Le prof les accompagne d'un regard sévère comme d'habitude, les bras croisés comme un entraîneur de foot. Il veille au grain. Il guette la moindre hésitation, le moindre bégaiement, le moindre souffle trop court. Son truc, comme au chant c'est le souffle, crucial, primordiale. En même temps les personnages doivent savoir se mouvoir, avancer d'un pas, lever un bras, pas trop haut, c'est tout un art. Véronique aime son personnage, elle le fait vivre comme si c'était elle-même, comme s' il y allait de sa vie.

(à suivre)

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