Les gros mots

pardessuslajambe

Ils mûrissent à l'ombre de mes paroles.
En attendant que la surprise, la colère ou la peur, les délivrent de la bienséance.
Puis ils fleurissent soudain mes phrases, alors ponctuées de mots trop gros pour ma bouche....
C'est le bal de la contre-politesse.

"Merde" porte son costume trois-pièces des grands jours.
Et "Putain" s'essaye au vouvoiement.
Leur entrée, en couple et au bras l'un de l'autre, n'en est pas moins fracassante.
[Ils forment pourtant un beau couple. Mariage d'amour autant que de raison.
Ils se sont aimés au premier regard, et ne sont pas de ceux qui ont attendu le deuxième soir pour coucher ensemble].

Les deux lurons sont aussitôt démasqués.

Je leur cours après, mais ils finissent toujours pas m'échapper.
On ne rattrape pas un juron.
Au mieux on l'intercepte à la volée.
Au pire on l'excuse, on le justifie, on rougit.

Ou alors on assume.
Quand on est, comme moi, une terre d'asile pour verbes débauchés et allocutions mal embouchées.

On les chouchoute, on les cajole pour qu'ils se tiennent tranquilles.
On leur rappelle que si les plus jolis mots sont souvent chuchotés, eux ont le privilège d'être criés, scandés. Qu'ils sont l'envers de la grâce et le bâton de vieillesse de la classe.
On leur assure qu'on les aime autant que les grands discours. Qu'ils ne sont pas moins nécessaires.

Ils sont juste moins élégants, plus rugueux. Moins beaux.

Les gros mots


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