Les jours de rides
aile68
Les jours de rides, les jours de feu, contempler la beauté du ciel, jamais il n'a été plus grand que ce matin-là où tu es parti. Fiction ou réalité, cliché ou attentat à la pudeur, je vais, je viens, la fleur au vent, fanée, chiffonnée, le soir vient, plus lisse que jamais, est-ce de la poésie si les canards n'ont plus d'ailes ou bien un manque d'imagination, je m'efforce de me tapir dans mon grenier, mon refuge, peur de la maladie et des premiers signes de la vieillesse, aller voir mon amie A restée jeune d'esprit et de corps, pas d'histoires avec elle, que de la compréhension, de la bienveillance, je lui aurais bien ramené un galet de la mer, je peux toujours lui en peindre un, elle aimera. La nature est à la mode comme le vert depuis deux ans, j'ai un pantalon qui traîne sur un fauteuil, pas repassé, pas plié, j'écris comme je parle, sans réfléchir, sans contrainte, la meilleure façon de nager c'est dans sa tête. On fait le vide, on respire, on évacue les idées en trop, celles qui débordent comme le lait sur le feu, non, je n'écrirais pas en faisant des fautes d'orthographe ni de syntaxe, je me rappelle les rédactions du collège, mes pattes de mouche, mes petites feuilles à carreaux. On était loin des écrans d'ordinateur après lesquels je n'ai jamais couru, je devais avoir quelque chose de différent à l'époque déjà...
La différence d'aimer, la différence de m'intéresser à ce garçon venu du sud Atlantique, ça ne veut peut-être rien dire ce phrases mais je sais ce que ça veut dire, ça voulait dire que j'étais déjà très attirée par ce qui vient de très loin, de terres lointaines et amicales. Comme Maxime le Forestier je rêve d'une grande maison peuplée de cheveux longs et peuplée de fous, "elle sera dernière à rester debout". Qui chantait "j'ai rêvé New York"?
Le tram passe en bas de chez moi, interminable, inlassable, faire un tour juste pour les enfants émerveillés, jusqu'au terminus, jusqu'au bout de leurs rêves. Les faire grandir dans un dessin à colorier, grand et beau paysage d'automne avec une petite fille qui tient un panier de champignons, un écureuil dans un arbre qui la regarde, quelques fleurs, quelques fourrés aux baies rouges. Numéroter les choses, numéroter les sentiments pour mieux les comprendre, les appréhender, les anticiper, ça veut dire qu'on ne veut pas refaire les mêmes erreurs. Le laisser partir, me défaire de son lien, dire non, je peux pas et puis me regarder dans le miroir tacheté de noir. J'ai failli tomber dans un nouveau piège mais heureusement il n'est rien arrivé, rien.