LES LAMES DE VERRE DE JUDITH

Gabriel Abel

Série du pardon

 Nous avons tant marché
La frontière est à dix mètres
Te voilà enfin libérée
J'accueille ce nouvel être
Vers moi courir
Réapprendre à sourire
Je crois que j'ai mal
Il me semble
Tout est pâle
Je crois que je tremble
Quel était ce bruit ?
M'a-t'on tiré dessus ?
Je crois entendre des cris
Pourquoi si près du but ?
Je suis à terre
Il me semble bien
Des lames de verre
En un éclat soudain
Ont transpercé mes yeux, mon front
Du sang coule tout du long
Machine à souffrir
Qui au dernier pas
M'a pris l'avenir
Que j'entendais tout bas
Mais je l'entendais
Faible mais si vrai
Maintenant tout est sourd
Il n'y a plus de cris
Qu'un apaisement lourd
Tout s'achève donc ici
Je n'ai plus de visage
Et je n'ai plus d'âge
C'était il y a bien longtemps
J'ai pardonné dorénavant
Mon nom était Judith
Je suis morte dans la fuite

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