Les marcheurs d'ombre
damian
Sur les sombres chemins où me mènent mes pensées
tant de fragments d'aether flottent tels des fantômes.
Débris de souvenirs, sans substances ni arômes
petits cailloux de songe que laissent les égarés.
De ces éclats épars naissent des illusions,
dangereuses, attirantes, conçues pour étourdir,
emprisonnant celui qui cède à leurs plaisir,
nourrissant ses fantasmes jusqu'à sa destruction.
De ceux qu'elles séduisent, elles ne laissent que l'enveloppe,
carcasses consumées dont l'âme s'est enfuie,
créatures faites de vide, spectres hurlant dans la nuit,
en tout ce qu'elles touchent l'infection se développe.
Pour mon plus grand malheur, nos routes se sont croisées
et l'une de ces ombres à effleuré mon coeur.
Nul doute qu'elle eut pu sonner ma dernière heure
si une main tendue ne m'avait attirée.
Dans les contrés sinistres où ne règne que l'ombre
mon salut est venu d'un autre esprit en peine.
Depuis nous avançons le long des tristes plaines
nous épaulant l'un l'autre dans ce monde de pénombre.
Tous deux avons connu les terres du cauchemar,
senti les brumes des limbes et leur morsure glacée.
Une part de nous même nous y avons laissé
en paiement du passage vers d'autres territoires.
Cette étincelle de vie qu'ont saisi les ténèbres
laisse d'étranges marques en nos âmes meurtries.
C'est là toute l'origine du lien qui nous unis,
compagnons de voyages, amis aux voies funèbres.