Les meilleurs gnocchis du Monde.

A l'occasion d'un repas familial, un neveu en profite pour présenter sa fiancée à ses proches. C'est une jeune femme italienne pétillante de vie jusqu'à l'exubérance. Après avoir embrassé l'assemblé plusieurs fois de partout, elle déclare : « je vais vous faire des gnocchis comme vous n'en avez encore jamais mangé ! »

Et sur ce, elle débarrasse la table de la cuisine et l'attroupement qui s'y trouvait.

«  Allez, oust ! Il me faut de la place. »

C'est un fait, on a beau habiter une maison immense, il faut toujours que l'on s'agglutine dans la cuisine comme si on allait y préparer le repas, nous-même.

Bon, il faut bien reconnaître que l'italienne ne ménage pas sa peine, en une demie heure de temps, elle a déjà ruiné la cuisine et menace de s'attaquer aux pièces suivantes.

Puis, fier comme Artaban, elle amène, dans un nuage de farine, le plat fumant et le pose cérémonieusement sur la table du salon comme le Saint Graal.

« Mangez vite, pendant que c'est chaud ! Vous allez m'en dire des nouvelles ! Je tiens la recette de feu ma grand-mère. »

Les hôtes et les invités ne se font pas prier, ils ont faim.

Un silence de mastication se fait entendre.

« Alors, c'est bon ? »

Pas de réponse. Il faut dire qu'aucun convive n'a encore réussi à avaler son premier gnocchi. On a beau le mâcher de tous côtés, rien n'y fait, c'est un Pirelli toutes saisons, impossible de l'avaler sans mourir étouffé.

« Alors, c'est bon ? »

Devant l'insistance italienne, le tonton  ose.

«Tes gnocchis, c'est de la merde ! »

Stupeur, chez les convives. Puis le maître de maison se lance à son tour.

« Foutu pour foutu. Demain, on va à la pêche, on appâtera les poissons avec. »

Après, c'est la curée.

« T'es fou, Michel, ils vont nous les renvoyer à la gueule ! »

« Au fait, Elle est morte de quoi, ta grand-mère ? »

***

Plus personne n'entendit jamais parler de l'italienne, seul l'ex fiancé en dit de temps en temps.

« Je crois que ces gnocchis étaient trop cuits ou pas assez, peut-être ? »

« On peut dire que tu l'as échappé belle, fiston ! »