Les Mondes frontières:2012 (COMPLET)

mazdak-vafaei-shalmani

Je m’en rappelle comme si c’était hier, c’était comme si je pouvais toujours me promener librement dans nos rues pavées de pierre sans que ces tours imbéciles ne viennent gratter un ciel qui prend peu à peu la couleur de l’ébène. C’était comme si je n’étais plus obligé de vivre cloisonné dans mon bunker personnel, rafraichie par de l’oxygène artificielle qui donne mal à la tête, et protégé des derniers délinquants, expulsés de la citadelle, qui meurent dans la pollution ambiante pourvu que la commune de Paris puisse vivre en paix. Dans notre citadelle, Paris, au milieu des mondes frontières de Seine-Saint Denis, nous devons avant tout respecter la loi. Paris était la plus belle ville du Monde, aujourd’hui les citadelles de Washington et de New-York, offre un plus beau paysage. Il est difficile de juger de la beauté des bâtiments puisqu’ils se ressemblent à peu de chose près  partout dans le monde entier, qu’ils ont été construit sur le même  modèle, une architecture imaginée pour contenir le plus longtemps possible les excès de la nature, des pluies acides, jusqu’aux éruptions volcaniques spontanées. La beauté n’existe plus, elle a été remplacé par l’utilité, nous aimons ce qui nous aide à survivre…

Je me demande comment nous en sommes arrivés là…Lorsqu’à l’aune du troisième millénaire, l’illettrisme avait disparu, que les économies des pays leaders jusqu’au vingt-cinquième siècle  avaient peine à concurrencer ceux des pays que l’on disait encore sous développés 1000 ans auparavant. Nous avions trouvé des ressources alimentaires intarissables, des plantes, des légumes et des fruits, qui pouvaient se développer sur les terres les plus arides de la planète, une énergie inépuisable, l’énergie solaire qui se cachait dans nos terres. Les pays les moins développés, qui, vendaient jusqu’au vingt deuxième siècle, l’or noir qui coulait dans le tréfonds de leur sol, sont ensuite devenus les plus grands producteurs de sable, qui une fois traité, pouvait retourner l’énergie solaire qu’il avait emmagasiné durant ces siècles. Qui pouvait imaginer un tel retournement de situation ? Contre du pétrole, nous vendions de la nourriture, contre du sable, nous avions rien à vendre, puisque nos produits, cellulo-techniques n’intéressaient pas les croyant ladenistes, une secte, qui en un millénaire a remplacé l’Islam, alors nous leur fournissions des armes. Les trois blocs surarmés, les pays du bloc ultralibéral, utilisant des technologies robotiques et cellulo-technique, les pays du bloc ladeniste, loyaliste ou zawahiriste, et les blocs du nouveau bloc communiste composé d’une partie de l’Europe de l’Est, de la Russie et de la Chine, ont transformé leur guerre économique permanente en un affrontement qui a duré 4 secondes avant l’Apocalypse… avant l’envoie des armes de destruction massive. D’après mes souvenirs, puisque je n’étais qu’un enfant et que l’on ne m’a jamais raconté ce genre d’histoire, les derniers survivants de 3012 vivaient déjà dans ce que l'on appelle aujourd'hui les citadelles, et étaient pour leur part issus des sectes chrétiennes fondamentalistes, ou musulmanes traditionnelle shiites et sunnites,  qui s’était façonnées une réputation autour l’Apocalypse qu’elles attendaient tous les jours depuis 2012, une vieille prophétie Maya. En tout cas, les citadelles étaient déjà construites, et elles ont repris les noms des villes décimés. Ils se trouvent que certaines personnes ont réussi à survivre à l’Apocalypse chez les Communiste mais j’en pas vu un seul.   

Malheureusement, nous étions trop nombreux et il restait très peu de ressource, donc chaque année 200 personnes quittaient la citadelle de force. Pour éviter ce sort peu enviable, nous devions travailler jour et nuit, et surtout croire en Dieu, c’est notre religion qui nous a sauvés après tout. Nous n’avions droit à aucune des technologies qui avaient été inventées après la rencontre de l’homme et du Christ sauf  celles qui pouvaient nous permettre de nous isoler de la planète en furie, ou du monde extérieur avec lequel seul le pape de la cité pouvait interagir, et il ne disait rien. Chaque citadelle avait sa périphérie que l’on appelait familièrement les mondes frontières, la nôtre, avait  pris le nom d’une dangereuse banlieue située à proximité de Paris, à l’époque Jean Paul II, la Seine-Saint Denis. Les clichés ont peut-être traversé les âges !

Cette année, j’ai décidé, de quitter ce monde par moi-même, car je ne crois pas une seule seconde en ce que le pape raconte. Comment des croyants fanatiques auraient-ils pu échapper à l’apocalypse alors qu’ils ne sont même pas capables de nourrir leur population ? Ils en connaissent moins que les mécréants de Seine-Saint Denis, j’en suis sûr, et je veux découvrir ce qui se cache derrière ce ciel couleur pourpre. On dit que le pape regarde toute le monde grâce à l’œil de Dieu alors j’ai fait tout comme, je n’ai pas prié une seule fois cette année si ce n’est pour espérer sa mort, je me suis nourris chez mes parents, je n’ai pas travaillé la terre, et j’ai refusé de me cacher mon visage derrière ce masque,  qui est sensé retenir les instincts les plus primaires de chacun de nos coreligionnaires.

Le grand jour est venu…Le Pape s’est tenu sur une tribune et il a commencé sa liste par mon nom. A peine l’avait-il prononcé que la garde pontificale m’amenait déjà vers la barrière d’argent, un champ magnétique en réalité, et m’expulsait hors de Paris. La dernière chose que j’ai entendu est la voix de ma mère qui suppliait le souverain pontificale de me relâcher, en réalité il nous jugeait pas sur notre travail mais sur notre pureté, et j’ai découvert son terrible secret. Autour de moi, il n’y avait que des cadavres décrépis, le soleil commençait déjà à me brûler la peau, et je n’arrivais plus à respirer… Puis j’ai vu un objet traversé mon ciel, sans s’arrêter, c’était un avion je crois. Puis la dernière chose que j’ai vue, ce sont les autres citadelles qui se tenaient là arrogante à quelques centaines de mètres de moi, et qui ressemblaient en tout point à la mienne. Il n’y avait donc pas qu’un seul Paris mais que des Paris. Je suis tombé, j’ai compris que Dieu n’existait pas lorsque j’ai lâché mon dernier souffle, puis j’ai compris que je ne connaissais de l’histoire de l’humanité que ce que le pape avait bien voulu m’en dire. Je suis mort ignorant mais je savais que j’avais déjà quitté l’enfer, l’enfer de d’un homme, le pape. 

  • OUFF ET REOUFF KEL TEXTE SUBLIME EPOUSTOUFLANT JE SUIS CARREMENT EBLOUIS PAR CETTE FICTION QUI
    M IMPREGNE A FOND " tuer l infame " DISAIT VOLTAIRE ! bavo et merci

    · Il y a plus de 12 ans ·
    26 02 2009 19 35 17 300

    Antonio Ortelli

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