LES MOTS DOUTE

Pierre Pérès Allouche

Ah, divine comédie que celle des hommes de notre temps ! Mais pourquoi : « divine » ? C’est une expression, me direz-vous. Je lui préfère : « terrestre comédie ». Il n’y a que sur terre que la comédie soit humaine.

Ailleurs ? Dieu seul le sait... A quel jeu jouons-nous ? Je fais parfois semblant. Je fais parfois l’acteur. Je joue mon scénario avec le seul talent que la vie m’a offert. Peut-être qu’échapper à la médiocrité aura été le seul but de ma drôle de comédie.

Je n’ai jamais su, ou plutôt, je n’ai jamais cherché à savoir l’inutilité des choses ; j’ai avancé, c’est tout. J’ai franchi des barrières sans me soucier du nombre. J’ai balayé des larmes, dépoussiéré mon cœur, assaini mon âme, sans me soucier des rêves.

J’ai jeté mon passé dans les poubelles de l’oubli, mais j’ai toujours oublié de vider les poubelles.

L’incontournable solution

A ces questions que je me pose ;

De savoir d’où je viens,

A comprendre où je vais,

Sans pourvoir m’expliquer

Ce que je suis vraiment.

Prendre d’assaut quelque bastion

Entre les murs duquel repose

Ce dont je me souviens :

Les jours bons ou mauvais,

L’enfant inappliqué,

L’adolescent tourment.

Dans la tendresse d’un flash-back,

Retour aux sentiers de l’errance,

Les cris et les erreurs.

La mère qui s’enfuit

Du quotidien, banal

Dans sa diversité.

Vivre la peur d’un méchant bac

Qui laisse un goût d’exubérance,

D’un soixante-huit voleur

Ou d’un foyer détruit

Dans le doute infernal

De la médiocrité.

Partir en brisant devant soi

L’écho des pleurs et de l’enfance ;

Pour, dans l’amour, bâtir

L’oubli du désespoir.

Partir vers le futur

D’une femme à l’enfant.

Et, dans ma chair, graver l’émoi

De réveiller l’adolescence

Que j’ai laissée dormir

Entre les blancs et noirs

Des pierres de ce mur

Que j’abats triomphant.

Recueil Les Mots Coeur Editions Laïus 2006

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