Les nœuds miroirs

louzaki

Je me sens tordue ce soir.

La tête droite, les pieds aussi.

Juste ces tours complètement inutiles, là, au milieu, où mon ventre devrait être.

Pourtant, rien à faire, quand j'y pose mes yeux, quand il passe sa main, mon ventre est droit, rien ne semble bizarre.

Mais dedans, ça bouge. Ça fait du bruit, je le sens. Ça grogne, ça bouge des trucs.

Comme dans les murs des maisons pas tout à fait hantées encore. Celle qui attendent d'être sûr avant de montrer leurs fantômes et leurs placards tout noir.



C'est peut-être qu'il me faut. Un placard qui fait peur. Une bonne dose de trouille. Celle qui retourne les entrailles. Qui entraîne l'angoisse dans les rêves la nuit. Qui est derrière nous même quand on y pense pas. Celle qu'on oublie. Qui se fait oublier pour revenir doucement une journée pleine de soleil. Qui se cache derrière tous les prétextes les plus bidons du monde sans se faire bien voir. Celle qui donne envie de hurler sur la personne qu'on aime, juste parce qu'elle est là. Celle qui nous fait dire que tout est moche, que tout le monde est con, qu'on va arrêter de faire des efforts. Parce qu'on a peur d'un truc. On sait pas trop de quoi mais c'est là.


Plus ou moins lointain, on en sait rien. Mais on sait que plus le temps passe, plus elle se rapproche cette trouille. De vachement plus impalpable qu'une attaque directe, qu'une épreuve à surmonter.



Je me sens tordue ce soir. Pas que ce soir d'ailleurs, mais d'habitude, ça se dissimule sous mes fringues, sous mes envies et ma volonté. Parfois, ça déborde un peu. Je me laisse rattraper par cette saloperie. Et putain, qu'est ce que je suis fâchée.


De ne pas pouvoir l'attraper par la veste et la coller contre un mur, lui dire tout le mal qu'elle me fait, lui faire regretter toute la douleur et toute les larmes. Je suis fâchée de ne pas pouvoir lui faire comprendre que non elle n'est pas la bienvenue ici, qu'elle m'encombre, qu'elle m'emmerde, qu'elle est insupportable.


Je suis fâchée. Mais en même temps, j'ai juste peur que ce truc que je choppe par la veste et que je violente un peu, beaucoup, à la folie, ce soit moi.


  • "Mais dedans, ça bouge. Ça fait du bruit, je le sens. Ça grogne, ça bouge des trucs.

    Comme dans les murs des maisons pas tout à fait hantées encore. Celle qui attendent d'être sûr avant de montrer leurs fantômes et leurs placards tout noir."

    bah vi

    · Il y a environ 7 ans ·
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    Hi Wen

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