Les nouveaux locataires

Caroline Audouin

Dans cette galaxie-là, neufs planètes gravitaient autour de la même étoile. Il y en avait des froides, des chaudes, des petites, des immenses : pas deux ne se ressemblaient. L'une d'elle était toute bleue. Elle était recouverte pour 95% d'eau. Un observateur aurait pu être comblé par les orages, les tempêtes, les cyclones qui avaient animé cette sphère il y a deux millions d'années. Ces intempéries accompagnées par des catastrophes moins naturelles avaient effacé une forme de vie animale qui entraîna dans sa chute les vies alentour. Actuellement, cette planète toute bleue était habitée par une multitude d'amibes, d'animaux aquatiques à la composition cellulaire réduite à l'essentiel. Leur corps se composait d'une tête et d'une petite queue, apte à les déplacer dans les plus profonds abîmes de leur habitat. Ces amibes étaient apparus il y a à peine 1 million d ‘années. Ils avaient prospéré malgré le froid qui régna les 400 000 premières années. Leurs cellules se multipliaient sans pour autant se séparer, comme ils savaient maintenant le faire. Leurs enveloppes résisteraient aux divers U.V. qu'envoyait le Soleil à travers l'univers jusqu'à la planète bleue, sans frein ni obstacle. Leur développement a été ralenti par le reste de substances toxiques qui a survécu aux anciens locataires.

Lentement, ils progresseraient, ils occuperont les vestiges et les ruines de cités qu'une autre race avait construites bien avant eux. Ils avaient pris place là où d'autres avaient construit leur lendemain. Ils n'avaient pas vu qu'un jour manquerait à leur avenir. Puis un mois, une année, l'éternité. Les amibes n'avaient pas le souci du futur. Ils se nourrissaient du plancton que la nature leur donnée naturellement, ils croissaient, se multipliaient. Ils vivaient en harmonie avec ce qu'ils les entouraient. Leur degré d'évolution était à leur maximum. Jamais, ils n'évolueront, jamais ils n'atteindront le millième de la réflexion de Son erreur. Jamais ils ne pourront créer. Il en avait décidé ainsi. Il avait bloqué leur développement au minimum vital. Pas d'anticorps contre les toxines. Pourtant, Il aurait pu ! Ils servaient juste à animer la magnifique planète bleue dont Il était si fier, Son aquarium. Il avait tiré les leçons de Son histoire.



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