LES PIES
David Claude
Les Pies
Posés l’un à côté de l’autre dans leur nid,
Le mari d’une Pie lui dit :
« Je vais chercher à manger. » Sitôt, il partit.
Enfin, il revint au logis
Chargé de lombrics, d’insectes et d’une fleur
Qu’il offrit à sa femme.
« Pour moi ? dit-elle. – Oui, mon cœur. »
On mangea et on dormit. Une bonne âme
S’imagine toujours recevoir récompense
Pour sa bienveillance ;
Malgré ce que l’on pense,
Celui qui reçoit montre de la malveillance,
Fait communément preuve d’un mauvais esprit...
Madame Pie,
Son envol prit,
Poussée par une soudaine envie.
Elle rentra alourdie par la nourriture
Qu’elle avait gobé :
Déjà, l’horizon avait pris cette teinture
Rose-orangé. « D’où viens-tu ? – D’une pâture¹.
J’ai mangé du scarabée bien enrobé
Qui m’a rassasié. »
Loin de s’être extasié,
L’époux s’était levé
Et aussitôt s’était envolé, endêvé.²
Il est à rappeler aux oublieuses
– Et elles sont nombreuses –
A l’approche de la journée des Amoureux,
Que c’est fête de couple, fête pour les deux :
Car femme reçoit toujours son présent
Mais en retour n’offre rien, bien souvent.
Et si, à l’inverse, cela s’était produit,
C’eût été preuve que l’homme n’était plus séduit.
Quelqu’un a dit : Pour l’un, c’est la Saint-Valentin ;
Pour l’autre, c’est la Saint-Tintin !
1) Pâturage
2) Enrager