Les Poètes

Des mots défenestrés se fracassent au hasard des têtes qui passent en contrebas

Des corps, comme des clous, s'enfoncent dans le sol d'un piano oublié

Dans les passages souterrains du Théâtre des Champs Elysées

Ils sonnent faux, et la lumière, aussi ténue qu'elle soit

A refusé de caresser leur solitude

Mais l'obscurité ne peut tromper celui qui voit

Les déserts se traversent, les murs se franchissent, peut-on changer un monde ?

Je te le donne, il est fragile, couvert de bleus mais son cœur bat.

Je l'ai inventé de toutes pièces puisque l'autre ne m'appartient pas

Il est bancal, ne ressemble à rien et pourtant il tient debout

Il vient de loin, il est mystère, c'est ainsi qu'il se doit

La nuit offre ses bras et ses épaules à qui lui prête sa voix

Moi, elle me crie plus qu'elle ne me chante

Ajoute une page, ajoute un mot, ne serait-ce qu'une virgule

Il faut si peu pour changer de sens

Ajoutes-y ce que tu peux, ce que tu veux ce qui te passe par l'envie

Ca sera beau et dangereux et si ça brûle alors

On sautera par la fenêtre

Sur des mots qui nous déchaînent

Des mots qui nous envolent

On sauvera la vie de la chimère qui nous espère

Un peu plus loin dans un couloir trempé du Théâtre des Champs Elysées

La nuit comme la mer effacera nos traces

Nous pourrons dès lors tout réinventer