les possibles ?

Je l'embrasse et me colle contre lui, j'ai peur…

« Je t'emmène chez des amis », je n'en savais pas plus.

Je n'en savais pas plus avant qu'il ne gare dans cette rue que je connais si bien. Je n'en savais pas plus avant que son doigt n'enfonce un des boutons de l'interphone de l'allée que je connais si bien.

Là maintenant je sais, j'ai lu le nom sur l'interphone et j'ai senti mes jambes se dérober, mon cœur s'arrêter puis s'affoler, la sueur perler sur mon front, un siphon s'ouvrir sous mes pieds.

J'ai lu le nom sur l'interphone, et soudain je n'étais plus là, ce n'était pas moi, simple spectatrice de ce couple invité chez un autre couple, mais en cet instant l'horreur absolue de ces concours de circonstance dont nous ne maitrisons rien…

Je n'avais pas oublié, je n'avais rien oublié, soudain il me paraissait si fade l'homme que je venais d'embrasser, soudain l'évidence revenait me cracher au visage que rien, plus jamais rien ne serait comme avant, que je pourrais chercher à jamais vainement… il était déjà trop tard…

C'est elle qui nous a ouvert la porte, elle était comme je l'avais imaginée, comme je l'avais perçue à travers ses mots et sa désillusion, insipide. Petite bourgeoise dont la vie ne se résume qu'à ses magasins de prédilection, résumer son quotidien à dépenser le fric de son mec, futile…

Lui, se tenait en retrait, dans l'ombre.

Très classe, très clean, les apparences à projeter, un peu comme sa femme finalement… Ils se la jouent joli vieux couple, mais ça ne prend pas, pas avec moi, tout sonne faux.

Si au moins j'avais pu les percevoir avec un semblant de complicité, si au moins j'avais pu le sentir heureux…

Je n'ai rien fait, je vous jure que je n'ai rien fait, il a compris qui j'étais immédiatement.

Il y a dans ma vie cet homme que j'apprécie mais que j'avoue je n'aime pas, il y a dans ma vie cet homme que j'aime, mais qui lui ne renoncera pas à sa vie aussi facilement.

Il y a 3 êtres, trois âmes dont le destin reste incertain…

Et demain ?