Les relations publiques

eric

Ils m'ont ramassé hier soir. Je ne sais pas pourquoi, je n'avais rien fait. Je marchais sur le trottoir. Je suis là à perdre mon temps alors que j'ai mon travail à faire. Qu'est-ce qu'ils vont dire ? Je risque de perdre mon taf. C'est toujours suspect d'aller faire un tour au poste et d'être relâché après, ça sème le doute. Faudra que je leur explique comment ça s'est passé. T'attends ici, il m'a dit, le cogne à l'entrée. J'ai rien dit. A quoi bon ? C'est quand ils m'ont piqué que j'aurai dû négocier, maintenant c'est trop tard. Il m'ont eu par surprise, j'étais fatigué, j'ai pas réagi. Avec tes antécédents judiciaires, va falloir que t'expliques ce que tu faisais là si tard. Ils ont téléphoné à leur chef.

Rien n'a changé ici depuis la dernière fois que je suis venu. C'est toujours aussi crade dans cette salle d'attente, ça pue. Putain ! ces relents d'ivrogne qui imprègnent tout. Je vais essayer de me tenir à carreau jusqu'à ce qu'ils me laissent sortir. Jouer au mec gentil, l'air sympa... mais sans trop en faire. Je leur signerai, leur foutu papier où seront écrites des conneries du genre que j'aurais fait de la rébellion ou quelque chose comme ça. Il faut bien qu'ils justifient qu'ils me gardent ici sans motif. Pas grave. Tous les boulots ont leur revers. Quand je pense à tous ceux qui bossent du matin au soir toute la semaine pour gagner juste de quoi ne pas crever, je me dis que c'est pas moi qu'ai le plus mauvais rôle. Le matin, je me lève quand je veux, je fais rien de la journée et je bosse juste deux à trois heures le soir. C'est un job de relations publiques, qu'ils m'ont dit. J'aime bien ça, les relations publiques. Mes clients sont tous des habitués, il n'y a jamais de problème. Et puis... pas touche aux drogues dures, ça coûte trop cher quand on se fait choper... Juste du hasch, de l'herbe, quelques pilules de temps en temps, rien de bien méchant. Avec ça, je peux bien faire quelques heures sup non payées ! Avec toute la tune que je me fais, ça ne fait rien. Ils vont se poser des questions, dehors. De toute façon, ils doivent déjà être au courant. Va falloir que je fasse gaffe en sortant. S'ils ont le moindre doute, mon compte est bon. D'un autre côté, faut pas qu'ils jouent au con parce que si je disparais, ça va éveiller les soupçons chez les cognes. Restons calme.

Il n'y a pas trop de monde ici cette nuit. A part ces voix d'hommes, ces portes qui claquent et cet escalier métallique qu'on descend quatre à quatre, c'est le grand calme. Les flics doivent être en train de fêter un anniversaire ou une naissance dans la pièce à côté. Quels cons ! Il y a eu du grabuge ici. Le banc est cassé, ses morceaux éparpillés parmi toutes sortes de détritus, de gobelets et de restes de nourriture. Pas de bol, il y a une seule chaise qui tient debout, mais elle est déjà prise par ce couple. Lui est assis dessus dos appuyé contre le mur et elle qui dort sur ses genoux. Merde ! Je vais être obligé de m'allonger par terre pour dormir... Il a l'air inquiet, ce type. Elle, ça doit être une pute. Il n'y a que des putes qui viennent ici la nuit. Qu'est-ce qu'il a à me regarder comme ça sans arrêt, ce mec ? Il me fait signe ! Qu'est-ce qu'il me veut ? Il parle mais je ne comprends rien. Il a un fort accent de l'est... Ah ! Il veut une clope. Merde ! Ça me fait flipper de pas avoir compris du premier coup qu'il veut simplement une clope. Putain ! Je dois être un peu trop chargé ce soir ! Heureusement qu'ils m'ont pas fait une prise de sang, C'est difficile de lui expliquer avec des gestes et quelques mots que les cognes, ils m'ont fait les poches en entrant. Il me demande encore ! Il a rien compris... il est bouché, ce type ! Je peux pas m'en débarrasser. Ça va... on va pas y passer la nuit... je lui fais signe pour lui dire que si, j'ai des clopes – en fait, j'en ai toujours une ou deux dans le fond de la doublure de ma veste, avec quelques allumettes à friction. Elles n'ont pas été détectées à la fouille. Je rajoute qu'on n'a pas le droit de fumer ici. Il me dit dans son charabia mi français mi « j'sais pas quoi » que ça fait rien et il tend la main. Après tout, je m'en fous, c'est son problème. Je cherche dans le fond de mes poches, je lui donne une cibiche à moitié écrasée, et je m'accroupis pour lui tendre la flamme d'une allumette que j'ai frottée sur le mur. Service compris ! Je lui fais signe d'y aller doucement avec la fumée. Tout d'un coup, je vois un œil qui me regarde, un œil grand, calme, au milieu d'un paquet de cheveux châtain foncé. Elle repousse les mèches qui cachent son visage. Je croyais qu'elle dormait sur l'épaule de son mec mais elle devait m'observer bien cachée par ses cheveux. Il voit que je la regarde et à son tour il la dévisage. Elle ne lui rend pas son regard, comme étrangère à ce qui l'entoure. Il lui met la cigarette dans la bouche pour lui faire tirer une taffe.

Alors je commence à comprendre. Ils sont d'un pays de l'est, sans doute des sans-papiers qui se sont faits ramassés.

Elle se redresse et dit : Ça va ? J'essaye de leur expliquer que je ne sais pas pourquoi je suis là, que les flics m'ont embarqué alors que je marchais dans la rue pour rentrer chez moi, qu'ils m'ont arrêté sans raison. Je ne leur dis pas qu'ils me connaissent bien parce que j'ai déjà fait des séjours en cabane. Il faut quand même que je fasse attention parce qu'on ne sait jamais à qui on cause.

Ils me parlent tous les deux en même temps dans leur charabia, mais j'arrive à comprendre qu'ils se sont fait embarquer sur un simple contrôle d'identité. Je leur demande pourquoi ils n'ont pas essayé de se sauver en courant. Lui se cache les yeux avec les mains et me montre ceux de sa femme. Je la regarde et je me rends compte que son regard est perdu dans le vide. Elle est aveugle !

Je lui demande de quel pays il vient. Il me dit Shqipëria. Je fais une moue pour lui montrer que je ne comprends pas. Il me dit “Albanie ! Tirana !”. Il me demande si je sais où on peut se procurer des papiers. Je lui réponds oui, mais il faut de l'argent. Il me dit “pas de problème, moi trouver argent”. Alors je lui raconte plein de choses même des choses que je regrette de lui avoir dit après coup, que je fais partie d'une grande famille et que l'on peut se procurer tout ce que l'on veut. Alors il a renversé la tête en arrière et m'a regardé tout entier avec son oeil noir et il m'a dit “Ah la famille !” .

Avec une voix rauque et douce, un peu hésitante, elle me demande si j'ai un travail. Je lui dis que ça dépend. Je ne peux pas lui dire ce que je fais vraiment. Parfois j'ai un travail et parfois je n'en ai pas. Et tu fais quoi, elle insiste. Alors je lui dis que je fais des petits boulots à droite à gauche, en fonction de ce que je trouve, que c'est facile parce que je connais beaucoup de monde. Elle continue : Mais c'est quoi ton vrai travail ? Je la regarde en souriant : c'est la débrouille. Elle pose la main sur le bras de son mari et lui dit “débrouille” c'est quoi ? Il lui répond en albanais quelque chose que je ne comprends pas. Elle se retourne dans ma direction pour me demander si je suis marié. Je lui dis que non. Elle sourit et continue : toi, enfants ? Non, je lui rétorque que je ne suis pas marié et que je n'ai pas d'enfant. Je crois qu'elle veut essayer de faire connaissance. Alors elle me demande pourquoi je ne suis pas marié. C'est comme ça, parce que je suis trop indépendant. Elle avance la main vers moi, me touche, trouve mon bras droit et descend jusqu'à ma main qu'elle prend et caresse. Puis elle la retourne et fais courir le bout de ces doigts dans ma paume. Oh toi ! Tu es amoureux, c'est écrit dans ta main. Je ris en lui disant qu'elle me fait marcher. Je regarde ses yeux qui ne me voient pas, mais ses mains remplacent ses yeux, et cela crée un lien entre nous. J'ai l'impression que sans me connaître, elle devine tout de moi. Quand j'étais gamin à l'assistance publique, un jour, une des personnes qui s'occupaient de nous m'a parlé de ma mère. Elle devait avoir des sacrées emmerdes pour m'avoir abandonné à la naissance. Je ne supportais pas de vivre entre quatre murs. Très tôt, J'ai commencé à fuguer.

Lui tire sur sa cigarette, les yeux perdus au plafond, tout à ses pensées. Il essaye de lui dire en français d'arrêter de m'embêter, que je suis un homme d'affaires et que je n'ai pas le temps de penser à ces choses-là. Elle se met à le rabrouer dans sa langue. Il rigole, elle continue d'une petite voix rapide. J'aimerais comprendre ce qu'ils se disent.

Je suis fatigué, à moitié endormi. L'albanais m'a aidé à rassembler des débris et des morceaux du banc cassé - de quoi m'allonger en m'isolant du sol.

La femme se réinstalle confortablement sur son mari assis sur la chaise, et continue à parler en albanais :

- il dort ?

- Oui, il s'est endormi aussitôt allongé. Il la regarde.

Depuis qu'ils ont quitté leur village à côté de Tirana, elle fraternise avec tous les gens qu'elle rencontre. Sans raison apparente. En stop, les camions s'arrêtent dès qu'ils la voient. On dirait qu'elle a un fluide spécial pour les charmer. Certains pilent carrémment, d'autres klaxonnent et s'arrêtent un peu plus loin sur le bas-côté. Il y en a même un qui a fait demi-tour plus loin, est revenu, leur est passé devant en sens inverse, puis a encore fait demi-tour pour se remettre dans le bon sens et s'arrêter devant eux. Le voyage a été rapide. Sans arrêt sur le qui-vive pour ne pas se faire arrêter. Certains remarquent qu'elle est aveugle, surtout au moment où il doit l'aider à monter dans le camion. D'autres ne s'en aperçoivent pas, l'oeil rivé sur leur rétroviseur pendant la manoeuvre pour arrêter et repartir avec leur gros chargement. Il ne lui a rien dit. Elle ne comprendrait pas s'il lui disait qu'on ne doit pas se conduire aussi familièrement avec les camionneurs ; et s'il lui disait que son comportement ne le rend pas jaloux, cela non plus elle ne l'admettrait pas.

Elle s'obstine à faire la conversation, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit, parce qu'il lui faut distraire les gens. Faire en sorte que les camionneurs ne regrettent pas de s'être arrêtés, comme si cela devait recommencer, que le même camionneur passe une autre fois, un autre jour et se rappelant des bons moments, s'arrête à nouveau pour les faire monter. Elle raconte des histoires aux albanais, elle chante avec les turcs et les pakistanais. Elle crée une ambiance de fête dans chaque camion, coupant la monotonie des paysages traversés.

En France, elle se laisse guider dans les rues. Les passants qu'elle interpelle ne la comprennent pas. Dans les cafés des petits hôtels, c'est plus facile, les gens sont à côté les uns des autres, ils n'ont rien d'autre à faire que de parler, d'attendre. Elle est là, avec ce besoin de ne pas décevoir, de faire plaisir aux gens qu'elle ne connait pas.

Celui-ci, amené par un flic, est entré dans la salle d'attente du commissariat comme s'il rentrait chez lui. Il a tout de suite compris à qui il avait à faire. Maigre comme un clou, habillé avec des vêtements aussi ternes que sa peau. Lorsqu'elle s'en est occupée, sa figure a rosi, ses yeux se sont mis à briller faiblement, un maigre sourire a éclairé son visage.

Le dormeur est seulement présent par son souffle régulier.

- Il s'est fait embarqué par erreur ; le pauvre, il n'a pas eu de chance.

- Non, pas du tout, ce n'est pas une erreur. Tu n'as pas compris qui il est ? Il ne t'a pas paru bizarre quand il a dit qu'il pouvait se procurer tout ce qu'il veut parce qu'il fait partie d'une grande famille ?

Mais bien sur, elle n'a rien perçu : Cet homme est louche avec son regard étrange. Il reste toujours dans le flou quand il parle. Comme il a tendance à se vanter et à en dire trop, on sait vite à qui on a affaire.

- Tu crois vraiment que c'est un malfaiteur ?

Il lui rappelle tout ce qu'ils se sont dit avant leur départ. Ne pas faire confiance aux gens, surtout à ceux qui, sous prétexte de vouloir vous aider, cherchent à vous prendre de l'argent ; rester ensemble quoiqu'il arrive ; toujours rester dans la légalité pour ne pas se faire expulser ; s'intégrer dans ce pays où les habitants ont tous beaucoup d'argent, un travail, une voiture ; les démarches à faire pour obtenir un permis de séjour, un logement. Mais il ne lui connaissait pas ce comportement qu'elle a depuis leur départ, cette tendance à séduire les gens. Il lui a expliqué les lois françaises sur lesquelles il s'était renseigné. La loi sur l'émigration, la loi sur les sans-papiers, la loi sur les expulsions : les camps de rétention et les reconduites à la frontière - les gens emmenés de force avec leurs enfants parce qu'ils n'ont pas de papiers en règle alors qu'ils ont un travail et que leurs enfants vont à l'école - la chasse organisée pour trouver les sans-papiers et pour les expulser - les étrangers qui reviennent après avoir été expulsés.

- Et cette histoire de pouvoir nous obtenir des papiers, tu crois que c'est possible ?

Il se racle la gorge pour s'éclaircir la voix.

- Je doute que ça soit vrai. Il essaye de nous mettre en confiance en se vantant. Il faut rester très prudent, ne pas lui dire qu'on ne le croit pas, ne pas lui donner des informations à notre sujet qu'il pourrait utiliser pour nous faire du tort.

- Mais les faux papiers, ça se fait bien. Tu ne crois pas qu'il puisse nous en obtenir ? Après tout, s'il est impossible d'en avoir des vrais...

Elle se pelotonne contre lui.

Assis sur la chaise, il s'est retiré en lui-même comme le type allongé près de lui. En la tenant délicatement dans ses bras, il revoit tous les épisodes qu'ils ont vécus depuis qu'ils ont quitté l'Albanie, les changements qu'il a remarqués chez elle, cette facilité de communication avec les étrangers.

Il essaye de se souvenir de la jeune fille qu'elle était lorsqu'il avait fait sa connaissance dans leur petit village près de Tirana. Il cherche à se remémorer ce qui devait alors couver en elle, qui s'est naturellement réveillé au cours de leur voyage.

- Mais c'est vrai, ce qu'il nous a dit ce type avant de s'endormir. Tout est vrai mais ce n'est pas exactement comme il nous l'a raconté. C'est encore plus vrai que ce qu'il nous a dit. La manière dont il nous a parlé de sa vie en dit plus long sur lui que s'il nous en avait donné tous les détails. Pourquoi nous dirait-il tout exactement. Il ne le dit à personne. Pourquoi raconter des histoires qui ne font pas plaisir aux gens qui les entendent ? Comment réussirait-il à nous expliquer des choses aussi éloignées de nous ? Comment réagirions-nous ? En ne lui adressant plus la parole ? En le dénonçant ?

- Tu penses que c'est vrai quand il dit qu'il fait partie d'une grande famille et qu'ils peuvent se procurer facilement tout ce qu'ils veulent ?

- Pourquoi aurait-il besoin d'inventer cela alors qu'il aurait pu inventer beaucoup d'autres choses ? Tout cela est normal pour lui.

- Qu'est-ce qu'ils peuvent réellement se procurer, à ton avis ?

- De tout, je suppose. Enfin, surtout ce qui est illégal, ce qui peut se voler.

- Et les papiers, ils les volent aussi ? Parce que s'ils volent des permis de séjour à des gens comme nous, qui ont du se battre et dépenser de l'argent pour les obtenir... parfois des gens très pauvres, qui ne peuvent rien faire s'ils n'ont pas leur papiers en règle...

- Je ne sais pas ce qu'ils font exactement, mais ils peuvent aussi les fabriquer pour les vendre un bon prix, ou peut-être les acheter directement là où on les trouve légalement. Tout est possible avec ces gens !

- C'est pour cela qu'il nous a dit qu'il pouvait nous procurer des papiers si on avait de l'argent ?

- Oui, ça doit se passer comme ça pour les papiers.

L'idée des vrais faux-papiers fait son chemin en lui.

- Je ne crois pas qu'il se soit fait embarquer par hasard, comme il nous a dit.

- Peut-être un coup de malchance, un simple moment d'inattention.

Pas un bruit à côté d'eux. Même pas le bruit régulier de son souffle. Ils peuvent continuer à parler de cet homme qui est absent mais cependant bien présent, allongé à quelques pas d'eux.

Elle a toujours besoin qu'il lui explique tout en détail, qu'il lui décrive ce qu'il voit, ce qu'il sent, pour qu'elle puisse se représenter les faits en elle-même.

- Il dit qu'il fait partie d'une grande famille mais personne ne vient le faire sortir d'ici. Ce n'est pas normal... Quel travail a-t-il dit qu'il faisait ?

- La débrouille, c'est ce qu'il a répondu.

Elle répète le mot qu'elle vient d'entendre :

- débrouille...

Elle entend au loin... au delà des murs du commissariat, les cris des vendeurs sur les marchés, les chants des oiseaux dans les jardins, les conversations aux terrasses des cafés, les vrombissements des voitures dans les avenues. Lui reviennent aussi les sonorités de toutes ces langues inconnues des sans papiers, toutes ces voix enrouées de ceux qui dorment dehors.

- Comment t'expliques qu'un homme de son âge habitant en France n'ait ni femme ni enfant et qu'il dise qu'il n'est pas marié parce qu'il est trop indépendant ?

- C'est comme ça, dit-il

- C'est tout de même curieux. On est en France, le pays de l'amour.

- Le pays de l'amour, c'est une légende.

Elle remonte sa main jusqu'au visage de son mari et lui caresse la joue. Il la serre un peu plus fort contre lui.

Il n'y a plus de bruit dans le commissariat. Il fait froid. L'homme allongé se réveille, il s'assoit sur son lit de fortune, regarde sa montre et se racle la gorge. Six heures trente. Il baille, se frotte la figure, puis se tourne de côté pour s'appuyer le dos contre le mur, les bras croisés sur ses genoux repliés. Les morceaux du banc ont grincé sur le sol. Ils se regardent avec l'albanais qui a toujours son air inquiet. Ils ont le teint pâle de ceux qui n'ont pas dormi dans un lit. La femme tend les bras en direction de l'homme en disant en français, comme si, à peine réveillée, elle poursuivait un rêve qu'elle était en train de faire en dormant :

- Papiers ? Papiers !

- Tout à l'heure... Quand on sera sorti, on ira boire un café.

Et l'albanais de renchérir :

- C'est possible... acheter des vrais faux-papiers ?

- Tout à l'heure... On ne peut pas parler ici... Mais je pourrai aussi te donner un vrai travail, un travail facile. Seulement quelques heures par jour. C'est dans les relations publiques.

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