LES ROSES ROUGES

suemai

À toi ma bien-aimée. Que ces roses rouges soient le pâle reflet de celle que tu as su préserver et conserver près de toi. Je ne deviens qu’un pauvre leurre, image d’une simple non-réalité.

J'ai consulté ma grande amie magicienne. Celle qui vous retire le cœur et, comme de la pâte à modeler, vous le pétrit, l'enduit d'eau, le lisse, le grise, l'étire, le caresse et, finalement, lui redonne tout son éclat et sa beauté. Gentiment, elle vous le remet en place avec, en prime, ce magnifique sourire.

Mais... 

Il y a de cela peu de temps. Elle fut assassinée, oui...! Tuée par mon insouciance à parler, parler et parler... beaucoup trop. Des roses rouges, près d'elle, se flétrissaient et se mouraient sans que je n'intervienne, que je lui apprenne et qu'elle comprenne... et...... que je comprenne.

C'est alors que... 

J'ai laissé quelques fleurs pactiser avec son âme. Des roses bien rouges, possédant un grand savoir, un grand pouvoir et une grande beauté. Une main alors apparut. Elle désirait les saisir, ces roses bien rouges. Je l'en empêchai. Je retirai, une à une, les épines, évitant qu'elle ne se blesse. 

Puis, je suis rentrée. 

Je l'ai retrouvée au coin du feu. Assise sur la berçante. Dans ses bras, elle choyait ses roses rouges. Elle chantait, sur des musiques divines, des paroles parfois coquines. Elle me regarda, avec ce doux sourire, puis repartit. Le temps était venu. Je devais apprendre... donc, j'appris. Le silence et le respect. Je les pratiquais chaque matin, chaque midi, chaque soir et parfois la nuit. 

C'est ainsi que... 

Un jour, elle revint. Et, là, se reproduisit la magie; le plaisir de la revoir chaque soir, toujours aussi chantante. Elle s'asseyait, de nouveau, sur la berçante, je lui ré-offrais ses roses rouges sans épines. J'en devins vite la gardienne. La nuit venue, elle s'endormait, les étreignant sur son cœur, ces roses rouges. Je refermais la porte tout doucement. Comme j'aimais la voir heureuse. Je crois, qu'un jour, elle le comprit. Ces roses rouges lui appartenaient et là était son bonheur… 

... Bonheur que mon cœur, oui... tout mon cœur aime tant lui offrir, maintenant et... j'en resterai la farouche gardienne.

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