Les trois flambeaux

   Au cœur de l'Arborétum au milieu de ses arbres centenaires le jour décline. Peu à peu l'obscurité envahit le lieu. Les élégantes courbes, entrelacs, ondulations que forment les fines lattes de peupliers installées par Denis s'inscrivent en ondes claires parmi les arbres sombres.

    Porteur de trois flambeaux le maître du feu arrive. Son ample chemise blanche se gonfle à la brise légère. Brise qui donne vie à ses œuvres. Il est là hiératique. Trinité de Lumière. Maître des lieux.

  De l'âme du violoncelle s'échappe une mélodie, bientôt accompagnée par la voix du chantre.

   Une à une le maître du feu allume les torches jalonnant le parcours ; oscillant de droite à gauche en un mouvement souple et gracieux. Puis il caresse les lattes avec ses torches et le miracle se produit. L'âme de l'Abbaye investit le lieu à mesure que le feu progresse, crépite, ondule.

   Le violoncelle égraine ses notes emplissant l'espace. Nous entrons alors dans un hors temps : tout est intemporel, majestueux. La spiritualité nous gagne. Nous sommes à la fois la musique, le feu, l'air.

    Denis, tu as gagné ton pari. L'âme de l'Abbaye est au jardin.