Les vieux...

Jérémy Gallet

"C'est formidable, un beau vieillard !", disait Jacques Brel qui ne se trouvait pas beau, et n'eut jamais la possibilité d'être vieillard.

J'ai vu deux magnifiques personnes âgées, ingambes et drôles, à faire mentir tous les fabricants de yaourts, de séries télévisées et de publicités rances pour séniles valétudinaires. J'ai pris plaisir à partager ne serait-ce qu'une poignée de bretzels, sans craindre de m'étouffer ou que mes charmants seniors ne s'étouffent à force de marmotter des conneries. Non, ces deux-là ne s'inventent pas une nouvelle jeunesse. Et ils ne font pas payer aux autres l'âge de leurs artères. Quand certains, à l'heure du Ricard, prennent les couleurs de ce qu'ils boivent, eux dégustaient par petites lampées l'excellent champagne qu'on nous servait, et qu'ils parfumaient de deux ou trois anecdotes aussi savoureuses qu'une décoction de coriandre. Je les ai quittés à regret, parce que la vie m'emporte dans un flux qui est sans doute de mon âge et qu'ils regardent avec la sérénité des vivants, dont la course est devenue une promenade. Un instant, j'ai aperçu les rives ce qu'ils caressent, là où la nuit épouse le jour et donne à l'existence ses plus belles couleurs...

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